Le cardinal Souraphiel appelle au dialogue à l’occasion du nouvel an éthiopien
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Dans ce message publié moins de dix jours après un vibrant appel à la paix, le cardinal Berhaneyesus Souraphiel propose d’abord une réflexion sur le sens du temps, à recevoir de Dieu «avec un esprit de gratitude». Il constate également qu’une nouvelle année est l’occasion d’un examen de conscience et d’une repentance, en particulier «pour évaluer la valeur que l’on donne au fait de s’écouter les uns les autres».
L’archevêque d’Addis Abeba parle ensuite de paix aux croyants de ce pays meurtri d’Afrique de l’Est. «Nous gagnons du temps lorsque nous devenons des instruments de paix. La paix commence par nos pensées. Le commandement "Tu ne tueras pas" s'adresse à tous. "Tu ne tueras pas" signifie respecter la vie de toutes les personnes. Cet ordre s'applique non seulement aux membres de votre association, aux membres de votre famille, aux membres de votre ethnie, mais à tous les êtres humains», souligne le prélat catholique.
Il met un accent particulier sur le rôle des mots, qui peuvent «conduire à la réconciliation et à l’unité» ou bien fomenter «la haine et une compétition inutile». «Au contraire, un dialogue pacifique qui donne la priorité au bien commun profite à tous», rappelle le cardinal éthiopien, insistant aussi sur «la grâce de l’écoute».
Aime ton prochain comme toi-même
Puis le cardinal Souraphiel conduit ses lecteurs vers la vertu d’humilité, «la reine de la spiritualité». «L'humilité nous montre l'invisible. Elle nous conduit à la vérité, et la vérité se trouve dans l'humilité et la persévérance», écrit-il.
La nouvelle année, fêtée par les églises orthodoxes éthiopienne et érythréenne lors de la célébration d’Enqoutatash, est finalement une occasion renouvelée d’aimer et de «travailler pour le bien commun», en suivant les principes évangéliques.
«Nous n'aimons pas être déplacés, alors ne rendons pas les autres déplacés. Nous ne voulons pas mourir de faim, alors ne laissons pas les autres mourir de faim. Nous ne voulons pas être pauvres, alors ne rendons pas les autres pauvres. Nous ne voulons pas être marginalisés, alors ne laissons pas les autres être marginalisés», indique l’archevêque de la capitale éthiopienne.
Un espace pour la paix et la réconciliation
Mais son pays est depuis novembre 2020 plongé dans une guerre qui semble interminable, et dans ce contexte d’épreuve, l’Église catholique par la voix du cardinal Souraphiel, «implore toutes les parties de donner un espace pour la paix et la réconciliation, de s'asseoir pour dialoguer afin de sauver leur pays et leur peuple de la destruction, car la guerre est destructrice et personne ne peut en bénéficier». «Nous confions aux croyants d'être diligents dans leurs prières afin que Dieu puisse nous accorder la paix», ajoute-t-il.
«Enfin, je souhaite à tous les habitants de notre pays, dans le pays et à l'étranger, une année heureuse et prospère. Je prie pour la miséricorde de Dieu pour les personnes malades dans les hôpitaux et à la maison, pour la libération des prisonniers légaux, pour nos frères et sÅ“urs dans les zones de conflit, et pour nos enfants spirituels, que Dieu vous apporte la paix à tous», conclut l’archevêque d’Addis Abeba, en priant Dieu de protéger l’Éthiopie.
La célébration d’Enqoutatash a lieu le premier jour du mois de Meskerem du calendrier éthiopien, soit le 11 septembre - le 12, si elle précède une année bissextile. En Éthiopie, Enqoutatash est un jour férié.
Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août dernier autour de la pointe sud-est du Tigré entre gouvernement fédéral éthiopien et autorités rebelles du Tigré, en conflit depuis novembre 2020 et qui s'accusent mutuellement d'avoir déclenché ces nouvelles hostilités.
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