Pain et fraternité: l'appel des évêques argentins face à la crise
Claire Riobé - Cité du Vatican
Dans un message publié ce 1er août, les évêques de la Conférence épiscopale argentine (CEA) appellent les Argentins à s'unir dans la prière pour répondre de manière responsable aux graves difficultés économiques et sociales que traverse le pays. Ils demandent au Seigneur d'apporter à tout le peuple argentin son pain quotidien, et le droit de vivre dignement du fruit de son travail. A quelques jours de la saint Cayetano, patron de la paix, du pain et des travailleurs, fêté le 7 août prochain, ils invitent particulièrement les fidèles du pays à s'unir en une neuvaine préparatoire à son intention.
Augmentation de la pauvreté
L'Argentine est aux prises avec une inflation chronique, avoisinant les 60 % sur les douze derniers mois - l'une des plus élevée au monde. Face à la précarisation rapide de tous les secteurs de la société, plusieurs milliers d’Argentins ont manifesté dans les rues de Buenos Aires, fin juillet, et réclamé des mesures sociales d'urgence. La pauvreté touche aujourd'hui 37% des 45 millions d'Argentins, soit environ 16 millions de personnes, selon l'AFP.
«Le pain qui nourrit notre vie devient chaque jour plus inaccessible, à cause de l’inflation étouffante que nous subissons et qui engendre la misère», déplorent ainsi les évêques de la CEA. «Comment ne pas penser au nombre croissant de frères et sÅ“urs qui s’approchent quotidiennement des cantines, aux personnes âgées qui ne peuvent pas acheter leurs médicaments, aux familles dont les revenus sont de plus en plus insignifiants ?»
Rappelant que le pain ne se mange pas dans la solitude mais se partage en famille et en communauté, les pasteurs plaident ainsi pour un «pain de la fraternité». «Combien nous avons besoin de ce pain dans une société fissurée et opposée où il semble impossible de générer des projets communs, où le fossé se creuse de plus en plus par rapport aux derniers, à ceux qui souffrent de la pauvreté et pire encore de l’indigence», affirment les évêques.
Un exercice de responsabilité nécessaire
Plus que jamais, les responsables politiques ont besoin d’un exercice de responsabilité qui aille au-delà de leurs propres intérêts, considère la CEA. «Demander du travail, c’est demander que tous les travailleurs aient le droit de vivre dignement du fruit de leurs efforts quotidiens et de déployer leurs potentialités et leurs talents pour contribuer à la croissance de notre patrie», écrivent-ils.
De même, l’épiscopat argentin souligne «combien il serait bon pour nous de dialoguer et de partager le pain des idées et des pratiques qui construisent une fraternité politique, pour penser en priorité à ceux qui souffrent le plus de cette crise, et pour chercher des solutions honnêtes et réalistes qui font abstraction de l’utilisation client du besoin des personnes».
Lever les yeux et chercher des solutions viables
Enfin, les évêques argentins rappellent qu’en ces temps complexes, où aucun secteur du pays ne semble prêt à céder dans ses intérêts - politiques, sociaux, syndicaux, d’affaires, religieux, etc.- les Argentins doivent se laisser interpeller par les paroles du Pape François : «La profondeur de la crise réclame proportionnellement la hauteur de la classe politique dirigeante, capable de lever les yeux et de diriger et d’orienter les légitimes différences dans la recherche de solutions viables pour nos peuples.»
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