Au Venezuela, les 鱹ê±ç³Ü±ð²õ dénoncent un système idéologique excluant
Alina Tufani - Pope
«Lorsqu'une idéologie s'impose comme un système de pouvoir qui viole les droits de l'homme et rejette la dignité de la personne, elle génère l'injustice et la violence institutionnelle». Cette phrase lapidaire figure dans l'exhortation pastorale des évêques de la Conférence épiscopale vénézuélienne (CEV) publiée jeudi 13 janvier à l'issue de leur CXVIIe Assemblée plénière ordinaire.
La situation socio-politique et économique dramatique est une fois de plus une priorité dans le message de l'Église vénézuélienne, qui s'inquiète de la dignité et des droits des Vénézuéliens réduits par un régime politique qui veut «rester au pouvoir à tout prix et cherche à prolonger l'échec et l'inefficacité des dernières décennies».
«Nous nous trouvons, en tant que pays, dans une grave crise mondiale et démocratique ; l'être humain et sa dignité, en particulier le pauvre, est mis de côté par le régime politique, pour donner de l'importance à un système idéologique exclusif, perdant le sens de la démocratie comme pouvoir du peuple, étant remplacé par des élites et des groupes réduits qui assument un pouvoir populiste et autocratique, avec un contrôle de tous les pouvoirs publics et de l'armée, dépendant de moins en moins de la légitimité électorale et avec la ruse d'éliminer les contrepoids institutionnels ou politiques», lit-on dans le document.
Moralement inacceptable
Comme dans sa dernière exhortation de juillet 2021, l'épiscopat vénézuélien réaffirme qu'il s'agit d'une situation «moralement inacceptable». Pour les évêques, la pandémie, en plus de causer des souffrances, des douleurs et des décès au sein de la population, a exacerbé les maux qui l'affligeaient déjà, dont «trois réalités tristes et scandaleuses» : le démantèlement des institutions démocratiques, l'exode migratoire dramatique de quelque six millions de Vénézuéliens et la pauvreté de la grande majorité.
Les évêques dénoncent également la violation des libertés individuelles et sociales. «Il s'agit de la perte de la liberté individuelle et sociale, sous des formes facilement perceptibles telles que la persécution, l'emprisonnement, la torture ou l'expatriation en raison de problèmes politiques. Il y a un objectif sous-jacent : transformer l'être humain, créé par Dieu comme un être libre et responsable, en un simple exécutant de centres de pouvoir idolâtres», dénoncent-ils.
Rupture démocratique et institutionnelle
Le document passe en revue une à une les grandes lacunes de l'économie, des services sociaux, de l'éducation, mais aussi l'effondrement des pouvoirs et des institutions.
Interrogé par la rédaction hispanophone de Pope, le nouveau président de la CEV, l'archevêque de Cumaná, Mgr Jesús González de Zárate, affirme qu'«en plus des problèmes déjà connus dans les domaines social, économique et politique, il y a eu les difficultés inhérentes à la pandémie et le peuple continue à souffrir de l'angoisse et des inquiétudes qui affectent les familles vénézuéliennes».
Parlant de «l'effondrement institutionnel des pouvoirs démocratiques», mis en évidence, comme le disent les évêques, lors des élections dans l'État de Barinas dimanche 9 janvier, le président de l'épiscopat a souligné que «ces élections ont révélé la fragilité du système démocratique vénézuélien, le manque d'indépendance des pouvoirs publics entre eux, l'hégémonie du pouvoir exécutif et les multiples difficultés de la part des différents facteurs politiques pour participer aux élections, comme l'intimidation, la disqualification des candidats».
Renouveau politique
En effet, dans l'exhortation, les évêques rappellent que les élections du 21 novembre dans l'État de Barinas - lieu de naissance de l'ancien président Hugo Chávez - ont été remportées par le candidat de l'opposition. Toutefois, le gouvernement a imposé une répétition des élections le 9 janvier, où, malgré les obstacles, le résultat a été réitéré en faveur du candidat de l'opposition. Mgr Gonzalez a décrit cela comme un «signe de possibilités, de moyens de surmonter ces difficultés».
«Face à ce panorama, a déclaré le prélat, l'Église lance un appel répété aux acteurs politiques pour qu'ils cherchent des voies de renouvellement et de participation généralisée de la population ; qu'ils dépassent les dialogues de certains secteurs qui n'interprètent pas toujours le sentiment général de la population et qu'ils cherchent plutôt des voies d'inclusion sociale en réponse aux grands besoins de notre pays».
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