Cardinal Hollerich: les portes de l’Europe ne doivent pas devenir un cimetière
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Les tensions entre Varsovie et Minsk ne marquent aucun répit. Le Bélarus a adressé ce jeudi une mise en garde à l'Union Européenne, menaçant de répondre à toute nouvelle sanction. Confrontée à un afflux massif de migrants à sa frontière, la Pologne a déployé quelque 15.000 militaires et érigé une clôture. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé le président bélarusse Alexandre Loukachenko de «terrorisme d'État».
La Pologne a reçu le soutien de plusieurs capitales dont Paris et Berlin. Les Européens reprochent à Minsk d'avoir orchestré cette crise en délivrant depuis plusieurs mois des visas à des migrants, en réponse aux sanctions européennes. Plus de 3 000 migrants, principalement venus du Kurdistan irakien ou de Syrie, sont actuellement massés dans une zone boisée, à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, par des températures proches de 0°C.
La COMECE a exhorté, ce jeudi, au «plein respect de la dignité des migrants et de leurs droits fondamentaux, quel que soit leur statut juridique». Les évêques européens appellent l’UE et ses États membres à manifester une solidarité tangible avec les migrants et les demandeurs d'asile. «Nous ne pouvons pas permettre que des personnes meurent à nos frontières. Tous les efforts pour éviter ces tragédies et pour atténuer la souffrance des gens doivent être faits», insiste la COMECE, invitant à «soutenir la Pologne pour faire face à ce défi humanitaire à sa frontière».
Des migrants pris en otage à des fins politiques
«Cette crise humanitaire nécessite une réponse humanitaire», observe le cardinal Jean-Claude Hollerich. Le président de la Commission des Épiscopats de l'Union européenne insiste sur la nécessité de «séparer la crise humanitaire de la crise politique». Il s’insurge face à une instrumentalisation des migrants, qui sont devenus des instruments de pression, et relève «une erreur fondamentale dans la politique migratoire de l’Union Européenne». Des États ont été payés afin d’éviter l’arrivée de migrants. «L’UE peut ainsi être prise en otage et certains dirigeants utilisent les réfugiés à des fins politiques», dénonce le cardinal Hollerich.
La crise migratoire à la frontière entre la Pologne et le Bélarus s’apparente au schéma observé en Méditerranée, et le président de la COMECE met en garde contre l’indifférence face à la souffrance des migrants, «qui risquent de mourir dans le froid» aux frontières de l’UE. «Nous sommes en train de construire des cimetières aux frontières de l’UE, et en tant que citoyen européen je me sens mal à l’idée de vivre dans une Union Européenne entourée de cimetières, en raison de la dureté de notre cÅ“ur», déclare le cardinal Hollerich, soulignant que la Convention de Genève n’est pas respectée.
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