Japon: du feu ²Ô³Ü³¦±ôé²¹¾±°ù±ð d'Hiroshima à la flamme olympique
Andrea De Angelis - Cité du Vatican
Il y a 76 ans, deux attaques nucléaires, menées par les États-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale, firent plus de 100 000 victimes à Hiroshima et Nagasaki, bombardées respectivement les 6 et 9 août 1945. Selon certaines estimations, le nombre de morts pourrait être proche de 200 000. Il s'agit de la première et unique attaque nucléaire de l'histoire, mais le développement de ces armements et leur possession par de nombreux États représentent une menace constate pour la paix mondiale.
Le Japon, actuellement pays-hôte des Jeux Olympiques, se souvient donc de ces trois jours qui ont bouleversé l’histoire. À 8 h 15 ce matin, moment exact de l’explosion, le pays s’est tu durant une minute et comme chaque année, une cérémonie s’est tenue au mémorial de la paix. En raison de la pandémie, le nombre de participants a été réduit à quelques centaines, représentant 86 nations différentes. Le maire d'Hiroshima a exhorté le gouvernement à faire en sorte que les négociations sur la révision du traité de non-prolifération nucléaire puissent reprendre malgré la crise sanitaire. Le Japon, bien qu'étant le seul pays à avoir subi une attaque atomique, n'a pas ratifié le traité. Étaient également présents à la cérémonie d'aujourd'hui les hibakusha, les survivants de l'attaque nucléaire. Leur âge moyen est d'environ 84 ans.
Rappelons qu’en novembre 2019, le Pape François s’était rendu sur ces lieux, dans le cadre de son . Il avait notamment qualifié l'utilisation de l'énergie atomique à des fins de guerre de «crime non seulement contre l'homme et sa dignité», mais aussi «contre toute possibilité d'avenir dans notre maison commune». «La vraie paix ne peut être qu'une paix non armée», ajoutait François, soulignant comment «depuis l'abîme du silence, nous continuons à entendre le cri de ceux qui ne sont plus».
À Nagasaki, François avait été accueilli par l'archevêque de la ville, Mgr Joseph Mitsuaki Takami, dont le diocèse est le plus grand du Japon. À la veille de l'anniversaire du bombardement atomique et de la fin des Jeux olympiques, dans une interview accordée à Radio Vatican - Pope, Mgr Takami réitère la nécessité du désarmement nucléaire afin de pouvoir construire une paix véritable et concrète :
Mgr Takami, grâce aux Jeux olympiques, les yeux du monde sont fixés sur le Japon, a fortiori aujourd’hui, en ce jour-anniversaire des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Il y a donc, d'une part, l'histoire qu'il ne faut pas oublier et, d'autre part, l'histoire du sport qui s'écrit. Que pensez-vous de cette coïncidence ?
Les Jeux olympiques sont une fête sportive, mais aussi une incitation à créer la paix dans le monde. Cette coïncidence est donc très significative, même si malheureusement, à cause de la pandémie, les gens ne peuvent pas assister aux compétitions. Cependant, les Jeux sont bons, ils apportent une bonne ambiance et beaucoup d'enthousiasme.
76 ans plus tard, qu'avez-vous envie de dire aux habitants de votre diocèse aujourd'hui, en particulier aux jeunes ?
Chaque année, les témoins directs sont de moins en moins nombreux, mais ils laissent derrière eux une expérience importante. Précieuse. Elle doit être transmise aux enfants, et ce passage est très important, comme le répète également le Pape. C'est un témoignage qui passe aussi par d'autres canaux comme le cinéma, la littérature et aussi la contribution des médias. Nous devons poursuivre cet effort pour garder la mémoire vivante.
Cette année marque également le dixième anniversaire de l'accident de Fukushima. Pourquoi ne devrions-nous pas oublier ce qui s'est passé au Japon en mars 2011 ?
Le problème est commun, nous devons abolir l'énergie atomique, qui est très dangereuse. Nous ne devons pas fabriquer d'armes, et même l'énergie nucléaire, si elle est nécessaire dans un sens, doit maintenant être dépassée, nous devons produire de l'énergie d'une autre manière en éliminant le nucléaire, qui est dangereux.
Le traité d'interdiction des armes nucléaires est important, il a été ratifié par de nombreux pays, mais beaucoup d'États continuent à posséder des armes nucléaires. La possession d'armes est-elle donc le véritable nÅ“ud à démêler, le frein au véritable changement ?
Ce problème est énorme, suite aux paroles du Pape, nous devons absolument abolir les armes nucléaires. Nous ne pouvons pas maintenir une paix réelle tout en ayant ces armes en même temps. Ce n'est pas la vraie paix, c'en est une fausse ! Le Traité est effectif, il est entré en vigueur au début de cette année, mais maintenant nous devons tous promouvoir l'adhésion des pays, même ceux qui ont aujourd'hui des armes nucléaires. L'année dernière, le 7 juillet, l'évêque d'Hiroshima, Mgr Alexis Mitsuru Shirahama, a créé un fonds pour promouvoir l'adhésion à ce traité, en apportant également une aide financière pour soutenir les activités de soutien à la ratification. C'est une petite initiative, mais une initiative importante pour atteindre l'objectif.
Les Jeux olympiques touchent à leur fin, puis ce sera le tour des Jeux paralympiques. Qu'est-ce que ces Jeux, attendus depuis cinq ans, nous apprennent ?
Je voudrais commencer par les Jeux paralympiques, qui ont débuté à Tokyo en 1964. Aujourd'hui, les athlètes sont nombreux à y participer et ils nous demandent le respect universel, sans préjugés ni discrimination. Ils ont une force particulière dans la promotion des droits de l'Homme. De plus, dans cette édition, il y a un grand équilibre numérique entre les athlètes masculins et féminins, alors qu'au début il y avait peu de femmes. Cela signifie également le respect des personnes.
A Tokyo 2020 il y a aussi l'équipe des athlètes réfugiés....
Et ceci est également très important. Une représentation symbolique, mais qui nous rappelle combien les conflits sont nombreux dans le monde actuel. Les Jeux olympiques témoignent de la volonté de créer un monde où règne la paix entre les nations.
Quelle émotion ressentez-vous en pensant qu'il y a 76 ans, une bombe atomique a marqué à jamais l'histoire du Japon et qu'aujourd'hui, trois quarts de siècle plus tard, la flamme olympique a été allumée dans ce même pays ?
C'est une image magnifique ! La flamme olympique est aussi le symbole d'une prière d'amour, d'une prière pour la paix. La bombe atomique est absolument contraire à cette flamme et on nous demande aujourd'hui de les abolir, de ne plus jamais les utiliser. Le seul feu est celui de l'unité, de l'amour et de la paix.
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