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Mgr Michel Aupetit vénérant la sainte couronne d'épines au cÅ“ur de la cathédrale Notre-Dame, le 10 avril 2020. Mgr Michel Aupetit vénérant la sainte couronne d'épines au cÅ“ur de la cathédrale Notre-Dame, le 10 avril 2020.  

Mgr Aupetit: notre regard sur la mort doit être lié à la vie éternelle

L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, médecin et prêtre, médite sur l’apprivoisement de la mort, fait inéluctable, ouvrant un chemin «pour choisir la vie au quotidien et reconquérir la paix de l'âme».

Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican

Commémoration des défunts particulière cette année, endeuillée entre autres par toutes les victimes de la pandémie de Covid-19. Le Pape François a d’ailleurs assuré prier aujourd'hui «pour les victimes du coronavirus, pour ceux qui sont morts seuls, sans la caresse de leurs proches; et pour toutes les personnes qui ont donné leur vie au service des malades».

Le coronavirus venu ainsi jeter son ombre sur la question de la mort, la replaçant bien au-devant de la scène de sociétés qui l’avait parfois, souvent, peut-être, oubliée ou volontairement évacuée.

En cette période de la Toussaint, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a lui publié un livre à ce sujet. Paru aux , il s’intitule «La mort : méditation pour un chemin de vie». Cet ancien médecin apporte un regard apaisé et apaisant sur cette échéance finale qui nous guette tous, nous encourageant à méditer sur elle. Mgr Aupetit propose aussi de la regarder «comme le prolongement de la vie, la vie véritable, éternelle, celle qui est au-delà de la mort…»

Entretien avec Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris

«Notre rapport à la mort a été modifié déjà à partir de la moitié du XXème siècle. La mort était plus ou moins intégrée dans nos existences, tandis qu’au fil du XXème siècle, on voit bien qu’il y a une évacuation de la mort. Autrefois, on portait le deuil volontiers, c’est-à-dire, faire savoir que l’on est dans cette souffrance de la perte d’un être cher. On ne porte plus le deuil, on cache les morts.

Et voilà qu’aujourd’hui que la mort revient en force, nous qui croyions l’avoir évacuée, avec un petit virus. Et les gens sont surpris, étonnés, et même, l’on perçoit une terreur irraisonnée qui se répand par rapport à la mort.

Le fait de regarder la mort en face nous apprend à vivre vraiment. La vraie question c’est comment on accepte la réalité. Il faut se reposer la question trop longtemps évacuée de la vie éternelle, de la vie après la mort. Comment réfléchit-on à la mort pour vivre aujourd’hui notre vie. La vie éternelle a été évacuée en même temps que notre vie corporelle. Une occasion donc de revisiter le sens de notre vie, de notre présence sur terre, comment l’habite-t-on en profondeur».

L’archevêque de Paris appelle ainsi à la juste prudence «entre l’indifférence qui existait il y a quelques années et la terreur actuelle». «La réponse que nous avons eue a été de nous protéger de la mort par tous les moyens. En réalité, nous nous sommes protégés de la vie. Les nous devons nous poser la question : la mort n’est-elle pas le révélateur de la vie ?

En réfléchissant sur l’exercice médical qui fut le mien, je m’aperçois que notre langage était impropre. Nous parlions de «sauver les vies». En réalité, nous sauvions de la mort. Nous permettions à une vie de continuer sa course en sachant toutefois que le dernier combat contre la mort serait perdu. Quand je considère ma vie de prêtre aujourd’hui, je vois bien que je ne lutte pas contre la mort, mais que je mets en relation la vie avec la Vie. C’est pourquoi, cette méditation sur la mort n’a pas d’autre but que d’apprendre à vivre, à vivre vraiment, à recevoir la ‘vie en abondance’», en conclut Mgr Aupetit. 

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02 novembre 2020, 18:34