ÃÛÌÒ½»ÓÑ

Mémorial à Tallinn des victimes du régime soviétique. Photo d'archives. Mémorial à Tallinn des victimes du régime soviétique. Photo d'archives. 

Estonie: les catholiques se souviennent des victimes du totalitarisme

Indépendants à l’issue de la Première guerre mondiale, les pays baltes furent par la suite les victimes sans interruption des régimes nazi puis soviétique. En Estonie, presque toutes les familles ont perdu alors un être cher, nous explique Mgr Philippe Jourdan, l’administrateur apostolique dans le pays, au lendemain de la Journée européenne du Souvenir dimanche 23 août.

Entretien réalisé par Devin Watson – Cité du Vatican

Dimanche dernier, à l’occasion de la Journée du Souvenir, une cérémonie solennelle s’est tenue à Tallinn, au nouveau Mémorial des victimes du communisme.

Les noms de 22 000 Estoniens y sont inscrits. «Pour un petit pays comme l’Estonie, c’est beaucoup. Dans presque chaque famille estonienne, il y a au moins une personne qui est morte» explique Mgr Philippe Jourdan, l’administrateur apostolique en poste en Estonie depuis 2005.

Pays indépendant entre 1918 et 1939, l’Estonie fut victime du pacte de non-agression signée entre l’Union soviétique et l’Allemagne Nazie. Il fut d’abord envahi par les troupes soviétiques en 1940, puis par les troupes du régime nazi accueillies en 1941 comme une force de libération du joug de l’oppresseur soviétique. Près de 40 000 Estoniens se portent volontaires pour combattre dans la Waffen-SS.

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la répression soviétique est terrible. Le musée de l’occupation de Tallinn rappelle que 10 % de la population estonienne a été expulsée en Sibérie à partir de 1946. Des travailleurs russes sont également envoyés en Estonie, ce qui explique pourquoi 25% des Estoniens sont actuellement russophones.

Le sacrifice de Mgr Profittlich

Parmi les dizaines de milliers de victimes, figurent Mgr Eduard Profittlich. Le jésuite d’origine allemande avait la possibilité de rejoindre son pays d’origine lors de l’invasion soviétique de juin 1940, mais l’administrateur apostolique nommé en 1931 dans le pays refuse d’abandonner alors ses fidèles. Il tentera à plusieurs reprises d’obtenir des visas pour permettre à d’autres que lui de trouver refuge à l’étranger.

Quelques jours après l’opération Barbarossa -quand le IIIème Reich envahit l’Union soviétique en 1941, Mgr Edouard Profittlich est arrêté le 27 juin 1941 pour des activités antisoviétiques. Il fut envoyé à Kirov, à 956 km à l’est de Moscou. Il y fut condamné à 5 ans de camps, puis à la peine capitale. Il mourut de faim, en prison, à 51 ans, avant son exécution. Il fut l’un des nombreux catholiques a avoir été tué in odium fidei.

Considéré comme martyr de la foi, sa cause en béatification a été ouverte en 2003. Elle est actuellement en cours d’examen à Rome. «Je dirai qu’elle avance à un bon rythme car nous avons reçu le décret de validité de la Congrégation pour les Causes des saints», explique Mgr Jourdan. Autrement dit, les documents rassemblés ces dix-sept dernières années concernant le Serviteur de Dieu Edouard Profittlich, sont suffisants et complets.

L’actuel administrateur apostolique en Estonie espère que le Pape François ouvrira la voie à la béatification de son prédécesseur. «C'est important pour l'Église catholique ici en Estonie», estime-t-il, ce serait «une façon pour l'Eglise universelle de reconnaître ce qui s'est passé ici pendant ces années». Mgr Jourdan conclut: «Il est important pour toutes nos familles que cette partie de leur histoire soit reconnue

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

26 août 2020, 18:53