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Mgr Diarmuid Martin, l'archevêque de Dublin. Mgr Diarmuid Martin, l'archevêque de Dublin. 

L’archevêque de Dublin s’inquiète de la montée du racisme en Irlande

L’Irlande a vu sa population se transformer depuis quelques années en raison de son spectaculaire développement économique, qui a attiré de nombreux travailleurs de l’étranger. Si leur présence est globalement perçue comme un signe de dynamisme, des réactions xénophobes apparaissent toutefois, y compris au sein des communautés catholiques.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Plusieurs agressions racistes, notamment à l’encontre de personnes asiatiques, ont marqué l’actualité de ces derniers jours en Irlande. Dans son homélie du dimanche 16 août à la pro-cathédrale de Dublin, l’archevêque de la capitale irlandaise, Mgr Diarmuid Martin, a rappelé que «l'intolérance raciste est toujours un langage dangereux et est toujours une voie à sens unique vers la négativité et le manque de respect».

En commentant le récit évangélique de la rencontre entre Jésus et la Cananéenne, Mgr Martin a montré le chemin vécu par Jésus lui-même, qui après avoir répondu avec une certaine froideur apparente «je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël», se laisse finalement émouvoir par cette femme qui «lance ce qui semble être un appel final simple, mais désespéré:  "Seigneur, aide-moi"».

«Dans un dialogue complexe, Jésus a tiré de cette femme un exemple de grande foi. Elle appartient peut-être à ce qui était considéré populairement comme un peuple païen, mais elle fait preuve d'une foi profonde, mûre et déterminée. Jésus lui dit que c'est grâce à cette foi que sa demande a été acceptée», a commenté l’archevêque.

«La foi n'est pas toujours facile, a reconnu l’archevêque de Dublin. Nous voudrions un Dieu qui répondrait simplement à nos demandes et les accepterait.  Nous n'aimons pas les retards et nous abandonnons lorsque nous rencontrons ce qui nous semble être un rejet.  La foi nous met à l'épreuve. Ce qui semblait être un interrogatoire dur et froid de la part de Jésus et même une réfutation de la demande de cette femme, est la façon dont Jésus nous fait examiner nos attitudes.»

Le zèle chrétien ne doit pas nous piéger dans l’amertume et le rejet

«Tout au long de l'histoire de l'Église, nous avons vu des croyants dresser des barrières d'étroitesse et d'amertume, lorsqu'ils pensent qu'ils sont simplement zélés pour défendre le message de Jésus, a remarqué l’archevêque de Dublin. L'enseignement de Jésus ne peut jamais envisager l'intolérance ou le sectarisme envers des personnes que nous considérons comme différentes. La vérité doit toujours être recherchée dans l'amour», a-t-il martelé.

«L'Église de Jésus-Christ doit être une église où les gens sont accueillis, respectés et chéris, même dans leur différence, a insisté Mgr Diarmuid Martin. La haine et l'intolérance ne peuvent jamais favoriser la bonté et l'amour. Le langage de la haine ne peut jamais être concilié avec l'enseignement de Jésus. Lorsque les croyants et les communautés de l'Église deviennent étroits d'esprit et portent des jugements, ils laissent les gens marginalisés et mal aimés avec leur espoir émoussé et leur dignité brisée.»

L’archevêque de Dublin regrette la «polarisation croissante» dans la société, mais aussi dans l’Église elle-même. «Partout où l'intolérance est entrée dans un rôle dominant dans la société, la société a été appauvrie et minée, a averti Mgr Martin. Jésus rencontre cette femme cananéenne avec laquelle les règles lui auraient interdit de parler.  Elle rentre chez elle pleine d'espoir et sa vie et sa famille sont renouvelées. Toute rencontre avec Jésus et son Église doit avoir le même effet d'espoir», a-t-il conclu.

L’Irlande, terre d’émigration devenue terre d’immigration

Le racisme a augmenté dans toute l'Europe ces dernières années et les politiciens qui alimentent les craintes concernant l'immigration ont alimenté la montée des partis xénophobes populistes de droite dans toute l'Europe. L’Irlande a pour le moment échappé à ce phénomène sur le plan des propositions politiques partisanes, mais les transformations culturelles et démographiques qui ont accompagné le développement économique du pays depuis quelques années, notamment avec les opportunités de travail dans le secteur informatique, ont provoqué des tensions. L’immigration demeure un phénomène nouveau pour cette nation qui fut longtemps, inversement, une terre d’émigration.

Avec quelques décennies de retard sur le Royaume-Uni, l’Irlande a notamment accueilli une forte immigration venue d’Inde et des autres pays d'Asie du Sud. L’ancien Premier ministre Leo Varadkar, qui est devenu numéro deux du gouvernement en juin dernier, est lui-même de père indien et de mère irlandaise, et il incarne ce métissage relativement récent dans la société irlandaise.

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18 août 2020, 12:56