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Pandémie: face aux défis soulevés, Mgr Lhernould indique le magistère de l’Église

La relance et l’utopie sont les deux principaux paradigmes qui se dessinent lorsqu’est envisagé l’après-pandémie, analyse Mgr Nicolas Lhernould. Pour l’évêque de Constantine et Hippone (é), le magistère de l’Église propose une voie médiane plus solide et stimulante, notamment à travers l’encyclique du Pape François Laudato Si’.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Dans ce publié sur le site de l’Église catholique d’Algérie le 29 juin dernier, Mgr Nicolas Lhernould, installé évêque de Constantine et d’Hippone quatre mois plus tôt, synthétise les réflexions qui émergent dans le contexte de la pandémie de Covid-19, où «les perspectives se cherchent».   

Concilier urgence et long-terme

Mgr Lhernould distingue deux paradigmes. Celui de la «relance» d’abord, autre nom d’un «retour à la normale» dont la «force est dans son pragmatisme: le "monde d'après" ne se bâtira qu'en partant de l'actuel». Mais le risque d’une telle stratégie, pointe l’évêque, est de passer à côté d’une réflexion de fond, «face aux urgences légitimes, au manque de visibilité... en pensant réformes et ajustements au seul service des priorités immédiates».

Il y a ensuite «l’utopie», «qui s'efforce de penser en profondeur le renouvellement des rouages du monde. Sa force tient à son audace visionnaire et à sa créativité», reconnaît Mgr Lhernould, et à l’inverse du premier paradigme, celui-ci propose d’«agir sur le fond». Mais «toute approche de long terme se décrédibiliserait en négligeant les urgences du présent sous prétexte de bâtir le futur», relève l’évêque de Constantine et d’Hippone. «Cela ne veut évidemment pas dire qu'il faille y renoncer».

Mettre en place le paradigme de l’écologie intégrale

Le prélat français propose quant à lui de se tourner vers deux textes du magistère de l’Église:  de Benoît XVI, sur “le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité” (2009), et l'encyclique du Pape François sur “la sauvegarde de la maison commune” (2015), qui présente un autre paradigme, celui de «l’écologie intégrale». Les deux encycliques constituent des appuis solides pour envisager l’avenir. L’année Laudato Si’ annoncée le 24 mai dernier devrait d’ailleurs permettre de «stimuler la réflexion et l'action réelle en faveur d'un rééquilibrage visionnaire et réaliste de la marche du monde», souligne Mgr Lhernould.

Comme il le rappelle ensuite, le paradigme de l'écologie intégrale se fonde sur l’interconnexion des êtres humains, ouvrant la voie à une «"écologie de la vie quotidienne", qu'il s'agit de construire vraiment, en commençant par voir ce que nous pouvons faire là où nous sommes, chacun et communautairement».

L’évêque de ce diocèse d’Algérie voit également dans la mise en pratique de Laudato Si’ un «champ nouveau» pour le dialogue interreligieux. Avec différents fruits potentiels: «contribuer à l'émergence d'une conscience mondiale plus affinée sur ces thèmes, à une refonte humaniste de la notion de "progrès", à une "éducation écologique" au sens global, à des formes nouvelles de partenariats et d'action». Protection de l’environnement, défense des pauvres, fraternité accrue… telles sont les facettes, assimilables à des injonctions pour l’avenir, du bouleversement apporté par la pandémie de coronavirus. «Nous sommes en première ligne pour tâcher de relever ensemble une part de ce défi», conclut Mgr Lhernould.

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02 juillet 2020, 14:49