Coronavirus: l’Eglise du Vietnam appelle à la charité envers les nécessiteux
Le 10 avril dernier, Mgr Joseph Nguyen Chi Minh, président de la Conférence des évêques catholiques du Vietnam, a tiré la sonnette d’alarme face à la progression de la pandémie de Covid-19 dans le monde. Dans une déclaration dont le site se fait l’écho, l’archevêque s’inquiète du fait que des millions de personnes aient perdu leur emploi et se retrouvent en situation de pauvreté. Au Viêt Nam, les personnes à faibles revenus, notamment des vendeurs de rue, des personnes récoltant des objets d'occasion, des chauffeurs et des travailleurs précaires souffrent de la faim. «Comment peuvent-ils survivre à cette pandémie indéfinie ?», s’interroge-t-il.
Mgr Linh explique aussi que le combat ne consiste pas seulement à tuer le coronavirus, mais à protéger les victimes de la pandémie. «Seul l'amour peut endiguer la propagation du coronavirus et apporter l'espoir de gagner», estime-t-il, avant d’appeler les catholiques et les personnes de bonne volonté à faire tout leur possible pour aider les personnes touchées par la pandémie. «D'innombrables personnes misérables autour de vous attendent votre réponse», souligne le prélat.
Il mentionne également l’exemple de deux hommes qui offrent gratuitement de la nourriture aux personnes dans le besoin à Hanoï et à Ho Chi Minh Ville.
Distributeur automatique de riz
Ainsi, à Ho Chi Minh Ville, Hoang Tuan Anh, 35 ans, a inventé une machine à riz qui fonctionne comme un distributeur automatique de billets. Il suffit d'appuyer sur un bouton pour recevoir 1,5 kg de riz non cuit. Les personnes patientent en faisant la queue sur des marqueurs désignés, placés à deux mètres les uns des autres, afin de respecter la distance requise. La machine, qui fonctionne 24 heures sur 24, fournit 4 tonnes de riz par jour à 3 000 personnes dans le besoin. Plusieurs personnes apprécient l’initiative d'Anh et fournissent du riz pour la machine. De nombreuses autres machines à riz seront installées dans tout le Vietnam pour servir les pauvres, selon les médias locaux.
Mgr Linh, invitant la population à la solidarité, explique que de telles initiatives peuvent aider le Vietnam à devenir une nation d'humanité et de charité.
Une paroisse au chevet des plus démunis
Par ailleurs, toujours pour ucanews.com, le père Joseph Mary Le Quoc Thang, curé de la paroisse de Tan Phu Trung à Ho Chi Minh Ville, rapporte que de nombreux bienfaiteurs ont donné de l'argent et des fournitures de base ces dernières semaines.
«Je suis profondément touché par le fait que certains me donnent 100 000 dongs ou que d'autres donnent du lait et de l'argent qui leur ont été donnés après des dons de sang dans d'autres endroits», témoigne-t-il.
Le prêtre précise que sa paroisse, qui compte plus de 5 000 fidèles, a donné des nouilles instantanées, du riz, de l'huile de cuisson et d'autres aliments à 500 personnes. Ceux qui ont de grandes familles se voient offrir davantage de denrées.
Le père Thang, également secrétaire de la Commission épiscopale pour la justice et la paix, indique que 100 bénévoles organisent les colis et les apportent aux personnes qui ne peuvent pas les recevoir à l'église paroissiale. La paroisse accueille de nombreux travailleurs migrants, des revendeurs d'objets d'occasion, des vendeurs de billets de loterie et des propriétaires de petites entreprises. Des travailleurs ont perdu leurs maigres revenus mais qui doivent toujours payer un loyer et couvrir leurs dépenses quotidiennes.
«La pandémie est une occasion pour les gens de regarder leur vie en arrière et de faire l'expérience de la présence et de l'amour de Dieu dans leur vie. C'est le moment de promouvoir la solidarité et la charité entre nous afin que nous puissions travailler ensemble pour surmonter la crise», analyse le père Thang.
Pas de murs entre les religions
Ces gestes permettent aussi de tisser des liens entre les différentes religions du pays. Ansi, Nguyen Thi Le, une bouddhiste de la province de Quang Ngai, se dit profondément reconnaissante envers les catholiques qui lui ont offert de la nourriture. Elle collectionne des objets usagés pour vivre et partage une chambre avec d'autres personnes. «Je n'ai que deux repas par jour car je ne gagne que 30 000 dongs par jour», explique-t-elle, ajoutant qu'elle gagnait 100 000 dongs avant la pandémie.
Le 10 avril dernier, le Premier ministre Nguyen Xuan Phuc a accepté d’offrir environ 500 000 dongs à 1 million de dongs (soit 21 à 42 dollars US) à chaque personne touchée par la crise du Covid-19. Environ 20 millions de personnes devraient recevoir cette somme.
Pour l’heure le ministère de la Santé du Vietnam fait état de 265 cas confirmés de coronavirus, et aucun mort.
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