Covid-19 : conséquences néfastes en Bolivie
Pope
Si la Bolivie est bloquée pour cause de coronavirus, ce n'est pas le cas des trafiquant de drogue et des grands propriétaires terriens. C'est ce que dénonce le père Fabio Garbari, missionnaire et membre du Repam dans une interview accordée à Federico Piana, de Pope. Ce prêtre vit depuis sept ans dans le pays et officie dans la province de Moxos, un territoire indigène. Selon lui, le trafic de drogue et la déforestation pour les opérations minières et l'élevage intensif se poursuivent sans relâche et ont même augmenté.
Parmi les signes visibles de ces activités, le nombre d'incendies : ils sont passés de 2900 à 3600 d'une année à l'autre. Et le seul son que l'on entende est celui des petits avions qui vont dans les pays voisins, transportant leur cargaison illégale. «Notre crainte est que ce soient précisément les trafiquants qui soient le vecteur de la transmission du virus aux peuples indigènes, qui par nature vivent dans l'isolement et sont donc mieux protégés,» déclare le père Garbari.
Le Repam poursuit sa mission
Malgré les mesures de confinement, «le Repam, qui s'est renforcé grâce au récent synode sur l'Amazonie, poursuit sa dénonciation, sans pause. Elle tente de mettre en lumière des affaires qui, autrement, resteraient cachées. Malheureusement, dans cette situation, je ne peux pas me rendre dans les communautés et il est souvent difficile de réagir. Mais j'ai intensifié les contacts avec l'organisation indigène et avec les différentes associations environnementales, nous nous coordonnons très bien» explique le missionnaire.
Du point de vue sanitaire, la Bolivie ne compte pour l'instant que quarante-trois décès «mais ce sont des chiffres irréels, sous-estimés, estime le père Garbari, car en réalité, seuls quelques prélèvements sont effectués et uniquement sur des personnes dont les symptômes sont confirmés. La capacité de réponse en matière de santé est très faible. Si je devais être infecté, je devrais me débrouiller tout seul : les centres de thérapie intensive sont à des heures et des heures de nos villages. Les communautés indigènes, pour se défendre, ont bien pensé à s'isoler encore plus.»
Elles doivent en outre faire face à d'autres maladies comme la dengue, transmise par les moustiques. «Nous avons tous été infectés et nous avons tous dû nous débrouiller seuls, explique-t-il. Dans ce cas également, les morts ont été nombreux. On ne peut pas faire autrement avec un système de soins de santé qui s'effondre».
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