Vie consacrée: le défi du vivre ensemble
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Partout dans le monde, ce dimanche 2 février, fête de la Présentation de Jésus au temple, les communautés religieuses et monastiques célèbrent la Journée mondiale de la Vie consacrée. Ce sera le cas à Cîteaux, en France, dans l’une des plus anciennes abbayes d’Europe, lieu de naissance de l’ordre cistercien qui essaima à travers tout l’Occident chrétien au Moyen-Âge. Aujourd’hui, la communauté perpétue la règle établie par la Charte de la Charité dont on a célébré les 900 ans en 2019.
Le père Olivier Quenardel, le père abbé du monastère, priera donc ce dimanche avec tous ses frères pour l’ensemble des communautés de vie consacrée de son ordre, mais aussi de tous les autres ordres, des plus anciens aux communautés nouvelles. Pour lui, «c’est vraiment important de montrer que des hommes et des femmes, qui ne se sont pas choisis comme on se choisit dans le mariage, et qui sont appelés par le Seigneur à entrer dans telle ou telle communauté, vont construire la Maison de Dieu. Ce n’est pas facile.»
Car «le seul grand défi que nous avons à relever dans notre monde depuis toujours et jusqu’à la fin des temps, souligne-t-il, c’est de vivre ensemble dans la différence, d’accepter ces différences, de s’en réjouir et de les faire valoir comme signes quelque part déjà du Ciel.»
Les religieux relient
Au cœur de leur vie de prière et de travail, il y a &ܴ;’adzܰ&ܴ;: «c’est la vie même de Dieu, c’est le lien du Père et du Fils qui va se manifester dans nos vies communautaires. Ce qui nous lie, nous relie, ce qui fait de nous des religieux, des reliants, c’est l’Esprit Saint» explique le père Quenardel.
Si on lui demande si la vie religieuse n’était pas plus facile auparavant, le père abbé se montre nuancé: «Dans la vie monastique, la vie religieuse, il y a toujours une part de risque :on s’engage dans la durée, pour toujours, comme dans le mariage, et on ne sait pas ce qu’il nous attend. On sait que l’engagement a été pris avec un partenaire qui lui, même si nous sommes infidèles, est toujours fidèle.»
L’une des chances aujourd’hui des communautés religieuses, selon le père Quenardel, c’est finalement leur petite taille. Le temps des grands monastères en Europe est certes résolu, mais le dynamisme de ces groupes est bien réel comme le montre la création d’une communauté en Norvège, bien accueillie dans ce pays encore largement luthérien.
Un exemple de vie pour nos sociétés
«Nos communautés de nos jours deviennent assez petites», reconnaît le père abbé de Cîteaux. «Mais au fond, la charité se fiche du nombre. Ce qui importe, ce que Jésus nous demande, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres qui fera de vous des signes véritablement de la bonne nouvelle.» C’est donc ce témoignage de foi que les cisterciens veulent donner à notre monde.
Ce qui n’est pas simple dans une société où les individualités s’affirment. Quelle meilleure réponse, selon le père Quenardel que celle de la Vierge: «Quand le jour de l’Annonciation, la Vierge Marie ne dit pas “comment vais-je faire ?” mais “comment cela se fera-t-il ?” ! La réponse est l’Esprit Saint», raconte-t-il. «Nous ne manquons de rien parce que l’Esprit Saint nous a été donné. Le sommet du temps pascal c’est la Pentecôte. Nous sommes une Église qui annonce un Dieu qui fait des merveilles, nous l’annonçons en parole et nous devons l’annoncer par nos actes, c’est-à-dire par notre vie. Et la merveille c’est que nous vivons ensemble, nous pouvons vivre heureux et bien heureux ensemble.»
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