Au Pakistan, le dialogue interreligieux se noue à l’école
Accompagné d'une délégation de prêtres dominicains et du Père Francis Nadeem, secrétaire exécutif de la Commission épiscopale, Mgr Sebastian Shaw a d’abord franchi les portes de l’école coranique de Multan. L’imam les y attendait et leur a présenté les élèves de l’école avant de conduire le groupe dans le jardin où un olivier, symbole de paix, a été planté. Tous les participants ont ensuite récité ensemble la prière «Dieu fait de moi un instrument de Ta paix», attribuée à Saint François d’Assise. Ils témoignaient ainsi de leur espérance d’une unité possible entre chrétiens et musulmans.
Un engagement en faveur de la paix
La délégation s'est ensuite rendue à l'Université Baha Ul Din Zikria, à Multan, afin de visiter le Département d'études islamiques. Les religieux catholiques y ont rencontré les enseignants du département, avec lesquels ils ont échangé sur les points communs unissant chrétiens et musulmans, dans le respect de leurs différences réciproques. Jamil Nataqani, chef du Département d'études islamiques, et les autres professeurs se sont déclarés heureux de cette rencontre.
Mgr Sebastian Shaw leur a remis le , signé à Abou Dhabi par le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb, traduit en langue urdu. Un olivier a également été planté au sein du Département d'études islamiques. L’archevêque de Lahore y voit un «signe sacré de l'engagement commun en faveur du dialogue, de la paix et de la réconciliation entre chrétiens et musulmans».
Un Pakistan plus tolérant et plus inclusif
Cette visite intervient quelques semaines après un séminaire organisé à Karachi par le Centre pour la Justice sociale (CSJ) afin de discuter de liberté religieuse. Lors de cet évènement, des étudiants, des hommes politiques et des responsables religieux ont relevé les atteintes portées aux droits fondamentaux au Pakistan. «Bien qu’ayant de nombreuses dispositions au sein de la Constitution qui garantissent la liberté sociale, culturelle et religieuse des minorités, l’adhésion et le respect de ses normes demeurent limitées» a affirmé le Directeur exécutif du CSJ, le catholique Peter Jacob.
En effet, dans cette république islamique à majorité sunnite, les membres de minorités religieuses sont souvent victimes de discriminations ou de tentatives de conversion forcée. Peter Jacob a souligné cet état de fait avant d’affirmer la nécessité de «développer une voix consolidée permettant de rendre le Pakistan plus tolérant et plus inclusif».
Le Pr. Riaz Shaikh, enseignant à l’Université du Pendjab, a alors rappelé l’importance de l’article 20 de la Constitution du Pakistan relatif aux droits des citoyens pakistanais, affirmant qu’«un modèle inclusif est indispensable pour porter le pays hors de l’obscurité». «Il doit exister un motif pour lequel, depuis la fondation du Pakistan, le nombre de non-musulmans s’est réduit de 25-30% de la population totale à moins de 3%» a-t-il déclaré. «Il faut reconnaitre que la religion a été utilisée au sein de notre société comme instrument pour résoudre des controverses et obtenir des bénéfices. L’intolérance est devenue un problème énorme, difficile à affronter».
L’Année de la Jeunesse
Cette visite d’établissements scolaires par des religieux catholiques a aussi lieu dans le cadre de l’Année de la Jeunesse, lancée par l’Église du Pakistan le 16 novembre. Mgr Samson Shukardin, évêque d’Hyderabad et Coordinateur de l’Année de la Jeunesse, a déclaré au cours de la messe célébrée ce jour-là : «L’Année de la Jeunesse au Pakistan constitue un moment où l’Église forme et renforce les jeunes, en s’engageant en faveur de leur développement dans le domaine éducatif, professionnel et spirituel, afin que tous vivent dans la dignité. Il s’agira d’un temps pour les écouter, pour écouter les défis qu’ils doivent relever au sein des temps modernes et pour les aider dans leur croissance».
Le Pape François a lui-même assuré les jeunes Pakistanais de ses prières, affirmant qu’en mettant leur jeunesse et leurs dons au service du Seigneur et de Son Église, ils deviendront toujours plus des «témoins de l’Évangile où qu’ils se trouvent». C’est en favorisant le dialogue interreligieux au sein de la nouvelle génération que l’Église espère finalement faire avancer le Pakistan sur le chemin de la paix.
(Avec l'agence Fides)
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