Burkina Faso: après l’attaque de Dablo, célébrer Noël est «une grande victoire»
Entretien réalisée par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Depuis ce dimanche du Bon Pasteur où six d’entre eux ont versé leur sang, les quelque mille fidèles et catéchumènes qui constituent la communauté paroissiale de Dablo vivent comme un troupeau dispersé.
La grande majorité d’entre eux ont dû fuir leur village d’origine, pour trouver refuge ailleurs, en particulier à Kaya, principale ville de la région et siège de l’évêché. Un local leur a été attribué pour continuer de vivre les célébrations autour de leur curé, le père Olivier Lompo. Pour ce Noël 2019, sur demande de l’évêque, toutes les célébrations seront sous protection policière. Mais l’assurance de ce renfort sécuritaire n’empêche pas la prudence, «car tout peut arriver à n’importe quel moment», estime le prêtre. La messe de minuit commencera par exemple plus tôt que d’ordinaire.
Une épreuve qui a «transfiguré» la communauté
Cette année, la fête de la Nativité «constitue une grande victoire», aux yeux du père Olivier. Victoire de l’espérance, victoire d’une «force surnaturelle» que la communauté semble avoir obtenu après ce drame du mois de mai. «Cet évènement est venu transfigurer la communauté de Dablo», résume le prêtre burkinabè. «Les gens viennent davantage à l’église et manifestent leur vie de foi», souligne-t-il, contre toute attente «ils ne sont pas abattus». «Notre foi se renforce à travers ces épreuves», explique le curé de cette jeune paroisse, fondée il y a cinq ans.
Changements et grâces
Même si les assaillants ont obtenu une petite victoire en envoyant les fidèles sur les chemins de l’exil et de l’incertitude, «cette victoire sur notre foi, ils auront du mal à l’obtenir». «Ils peuvent tout nous enlever, mais ils ne pourront pas nous enlever l’espérance», assure le père Olivier.
En quelques mois, pour le prêtre, «tout a changé», car il n’y a plus de «pastorale classique». «Nous devons réinventer une nouvelle pastorale qui consiste à aider des gens qui vivent en diaspora», poursuit-il. Mais la foi visiblement inébranlable des paroissiens est pour lui un soutien, tout comme l’exemple de ceux . «Sur le plan spirituel, c’est une grâce», reconnaît-il en évoquant le témoignage donné par les victimes de l’attaque.
Appel à la prière
Toutefois, le père Olivier ne formule qu’un souhait pour les mois à venir: «la paix, pour pouvoir retourner chez nous et essayer de nous reconstruire». Il constate depuis peu «un ralentissement de ces attaques», après une année particulièrement violente et sanglante au “pays des hommes intègres”. Il espère «que tôt ou tard des solutions seront trouvées pour que la vie normale reprenne son cours».
En attendant, le curé de Dablo invite toutes les communautés du monde, spécialement celles qui vivront Noël sans crainte particulière, de «prier pour que nous puissions obtenir vraiment cette paix tant désirée, non seulement pour notre communauté mais aussi pour l’ensemble du pays». Pour qu’au Burkina Faso, la venue du Messie permette à tous de dire un jour: «Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi» (Is 9, 1).
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