Mariangela, le cercle de la vie
Andrea De Angelis – Palmi
La beauté d’une enfant de trois ans
Une vie digne peut être vécue en passant par différents chemins, en fonction de facteurs extrêmement variables. Tous, cependant, nécessitent de rester focalisés sur la personne humaine.
Mariangela aimait Simba, le lion protagoniste d'un des films d'animation les plus célèbres de la fin du siècle dernier.
Ces paroles sont celles du “Cercle de la vie”, la chanson du film “Le Roi Lion”. La petite fille a passé des heures à voir et revoir Simba le lion à la télé et à écouter cette chanson, en rêvant peut-être de le rencontrer un jour.
Petite, tout le monde connaissait Mariangela dans le village. Cheveux blonds, yeux verts, un doux sourire. Une petite fille au caractère déterminé, qui savait se faire comprendre dès son plus jeune âge.
La maladie
La maladie de Mariangela a débuté en janvier 1998. En mars, la première hospitalisation, à Reggio de Calabre. Le médecin qui lui a rendu visite lui a dit: «Cet enfant me rappelle les méningites tuberculeuses que nous avons vues récemment». En cinq mois, plusieurs cas similaires se présentent : deux à Reggio, trois à Trieste. C'est ici qu'une infection à la Bartonella (une bactérie) est diagnostiquée. Mariangela rentre chez elle, mais sa santé s'aggrave : les lésions cérébrales semblent plus conséquentes. En juin, elle fait un premier jour de coma puis se remet spontanément. De Trieste, elle se rend à Bruxelles, où l'infection à la Bartonella est cette fois exclue. Il s'agit d'une infection tuberculeuse. Elle est plusieurs fois opérée au cours de l'été 1998. Au début du mois d'octobre, un nouveau coma la laissera dans un état végétatif ; état dans lequel Mariangela se trouve encore aujourd'hui. La petite fille restera sept mois avec sa mère à Bruxelles, pour rentrer chez elle en mai 1999. Elle vient d'avoir 5 ans.
Une nouvelle vie
Sa vie change, totalement. La mère de Mariangela en subit les conséquences et abandonne sa profession pour se consacrer aux soins de sa famille, surtout de sa plus jeune fille. Médecin, comme son mari, elle a souhaité faire le plus grand sacrifice: renoncer à la vocation qui l'avait plongée pendant plus de dix ans dans les textes universitaires, jusqu'à réaliser le rêve d'un métier qui, comme chacun sait, est aussi une mission. La vie change et vous submerge. Les autres enfants, les trois frères de Mariangela, en savent quelque chose, appelés à faire face à une douleur, à un défi énorme et quotidien en âge de fréquenter l'école primaire juste avant d’entrer dans l'adolescence. La situation de Mariangela est connue de tous les membres de la famille et des proches, en particulier des grands-mères qui, à l'époque, comme aujourd'hui, sont très proches de leur nièce. «Grand, immense, infini» sont les trois adjectifs que la grand-mère paternelle associe à son amour pour sa petite-fille contrainte à l'alitement, et qui porte le même nom qu’elle. La main toujours serrée autour de celle de sa petite-fille, la grand-mère maternelle, soutenue par une grande foi, s'assoit tous les jours près de Mariangela. Elle prie, sans cesse, comme son autre grand-mère et comme beaucoup d'autres personnes qui ont souvent une pensée pour cette enfant, aujourd'hui âgée de vingt-cinq ans.
L’amour d’un père
Être parents, c'est donner au monde une nouvelle vie, la protéger, puis la laisser libre de partir. Une liberté qui implique courage, responsabilité, et maturité. Des qualités d'autant plus nécessaires pour ceux qui se retrouvent face à une enfant nécessitant des soins permanents, malade et fragile. Fragile comme aux premières années de sa vie, bien qu’il s’agisse d’une fragilité différents, mais qui n'efface pas sa dignité que le père de Mariangela défend coûte que coûte. «Maintenant elle est dans son monde, mais elle n'a pas cessé d'être une personne», dit-il en racontant son histoire. Celle d'une famille à qui la vie a demandé d'être forte. Très forte, en réalité. «Si je ne la nourris pas et ne lui donne pas à boire, ma fille meurt. Laisser mourir de faim et de soif une personne dans cette situation, c'est offenser le genre humain, dit-il d'une voix brisée par l'émotion, c’est faire perdre à ma fille sa dignité en d’être humain». Une dignité que lui et sa famille revendiquent depuis toujours et à jamais.
A la Villa Mazzini, «faisant comme si la vie était normale»
À Palmi, la ville où Mariangela a toujours vécu, se trouve la Villa Mazzini, l'un des lieux les plus enchanteurs de la province de Reggio de Calabre. D'ici, on pourrait presque toucher la Sicile, le détroit est nettement visible, tout comme les îles Éoliennes. Dans cette villa, surtout en été, les parents amènent Mariangela en fin de matinée, quand le soleil est déjà chaud, mais l'air encore frais. Cette promenade, avec le bleu de la mer d'un côté et le vert de la végétation de l'autre, apporte à son père un brin de réconfort : «Il y a du soleil, de l'air frais, n'est-ce pas Mariangela ?», dit-il à sa fille en l'effleurant d'une caresse. Puis il s'en va, après avoir laissé transparaître la douleur qu'il porte en lui, en disant dans un soupir: «faisons comme si la vie était normale». Mariangela, c’est l’histoire d’une courageuse famille qui chaque jour, depuis plus de vingt ans, montre au monde ce que signifie placer l’être humain au centre du cercle, du «cercle de la vie».
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