蜜桃交友

Extraits de Christus vivit: 64-85

64. Après avoir consulté la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas seulement dire que les jeunes sont l鈥檃venir du monde. Ils sont le présent, ils l鈥檈nrichissent par leur contribution. Un jeune n鈥檈st plus un enfant, il se trouve dans une période de la vie où il commence à assumer diverses responsabilités, en participant avec les adultes au développement de la famille, de la société, de l鈥橢glise. Mais les temps changent et l鈥檌nterrogation se fait entendre : Comment sont les jeunes aujourd鈥檋ui, qu鈥檈st-ce qui leur arrive à présent ?

En positif

65. Le Synode a reconnu que les fidèles de l鈥橢glise n鈥檕nt pas toujours l鈥檃ttitude de Jésus. Au lieu de nous disposer à les écouter à fond, « la tendance prévaut d鈥檃pporter des réponses toutes faites et de proposer des recettes toutes prêtes, sans laisser émerger les questions des jeunes dans leur nouveauté, ni saisir ce qu鈥檈lles ont de provocant ». Au contraire, quand l鈥橢glise abandonne les schémas rigides et s鈥檕uvre à l鈥�écoute disponible et attentive des jeunes, cette empathie l鈥檈nrichit car « elle permet aux jeunes d鈥檃pporter quelque chose à la communauté, en l鈥檃idant à percevoir des sensibilités nouvelles et à se poser des questions inédites ».

66. Aujourd鈥檋ui, nous les adultes, nous courons le risque de dresser une liste de calamités, de défauts de la jeunesse actuelle. Certains pourraient nous applaudir parce que nous semblerions habiles à trouver des points négatifs et dangereux. Mais quel serait le résultat de cette attitude ? Toujours plus de distance, moins de proximité, moins d鈥檃ide mutuelle.

 67. La clairvoyance de ceux qui ont été appelés à être père, pasteur ou guide des jeunes consiste à trouver la petite flamme qui continue de brûler, le roseau sur le point de se briser (cf. Is 42, 3), mais qui cependant ne se rompt pas encore. C鈥檈st la capacité de trouver des chemins là où d鈥檃utres ne voient que des murailles, c鈥檈st l鈥檋abileté à reconnaître des possibilités là où d鈥檃utres ne voient que des dangers. Le regard de Dieu le Père est ainsi, capable de valoriser et d鈥檃limenter les semences de bien semées dans les c艙urs des jeunes. Le c艙ur de chaque jeune doit donc être considéré comme une 鈥渢erre sacrée鈥�, porteuse de semences de vie divine devant lesquelles nous devons 鈥渘ous déchausser鈥� pour pouvoir nous approcher et entrer en profondeur dans le Mystère. 

Des jeunesses nombreuses

68. Nous pourrions essayer de décrire les caractéristiques des jeunes d鈥檃ujourd鈥檋ui, mais avant tout je veux rappeler une mise en garde des Pères synodaux : « La composition même du Synode a rendu visible la présence et l鈥檃pport des diverses régions du monde, en mettant en évidence la beauté d鈥�être une Eglise universelle. Malgré un contexte de mondialisation croissante, les Pères synodaux ont demandé de mettre en relief les nombreuses différences entre les divers contextes et cultures, ainsi qu鈥�à l鈥檌ntérieur même d鈥檜n pays. Il existe une pluralité de mondes jeunes, si bien que dans certains pays on tend à utiliser le terme 鈥渏eunesses鈥� au pluriel. De plus, la tranche d鈥�âge concernée par le présent Synode (16-29 ans) ne représente pas un ensemble homogène, mais elle est composée de groupes qui vivent des situations particulières ».

69. Déjà du point de vue démographique, il y a beaucoup de jeunes dans certains pays, tandis que d鈥檃utres ont un taux de natalité très bas. Mais « une autre différence découle de l鈥檋istoire, qui fait que les pays et les continents d鈥檃ntique tradition chrétienne, où la culture est porteuse d鈥檜ne mémoire à conserver, sont différents des pays et continents marqués, en revanche, par d鈥檃utres traditions religieuses, où le christianisme constitue une présence minoritaire, et parfois récente. Par ailleurs, dans d鈥檃utres territoires, les communautés chrétiennes et les jeunes qui en font partie font l鈥檕bjet de persécution ». Il faut aussi distinguer les jeunes « qui ont accès à une quantité croissante d鈥檕ccasions offertes par la mondialisation, de ceux qui vivent en marge de la société ou dans le monde rural, et qui pâtissent des effets de diverses formes d鈥檈xclusion et de rejet ».

70. Il y a beaucoup d鈥檃utres différences qu鈥檌l serait complexe de détailler ici. Par conséquent, je n鈥檈stime pas opportun de m鈥檃rrêter pour fournir une analyse exhaustive sur les jeunes dans le monde actuel, sur la manière dont ils vivent et sur ce qui leur arrive. Mais comme il m鈥檈st aussi impossible de ne pas regarder la réalité, je présenterai brièvement certaines contributions parvenues avant le Synode, et d鈥檃utres que j鈥檃i pu recueillir au cours du Synode même.

Ce que vivent parfois les jeunes

71. La jeunesse n鈥檈st pas une chose qu鈥檕n peut analyser de manière abstraite. En réalité, 鈥渓a jeunesse鈥� n鈥檈xiste pas ; il y a des jeunes avec leurs vies concrètes. Dans le monde actuel, marqué par les progrès, beaucoup de ces vies sont exposées à la souffrance et à la manipulation.

Des jeunes dans un monde en crise

72. Les Pères synodaux ont souligné avec douleur que « beaucoup de jeunes vivent dans des contextes de guerre et subissent la violence sous une innombrable variété de formes : enlèvements, extorsions, criminalité organisée, traite d鈥�êtres humains, esclavage et exploitation sexuelle, viols de guerre, etc. D鈥檃utres jeunes, à cause de leur foi, ont du mal à trouver un emploi dans leur société et subissent différents types de persécutions, pouvant aller jusqu鈥�à la mort. Nombreux sont les jeunes qui, par contrainte ou par manque d鈥檃lternatives, vivent en perpétrant des crimes et des violences : enfants soldats, bandes armées et criminelles, trafic de drogue, terrorisme, etc. Cette violence brise beaucoup de jeunes vies. Les abus et les dépendances, tout comme la violence et les déviances, figurent parmi les raisons qui conduisent les jeunes en prison, avec une incidence particulière dans certaines groupes ethniques et sociaux ».

73. De nombreux jeunes sont endoctrinés, instrumentalisés et utilisés comme chair à canon ou comme une force de choc pour détruire, intimider ou ridiculiser les autres. Et le pire, c鈥檈st que beaucoup deviennent individualistes, ennemis et méfiants envers tout le monde, si bien qu鈥檌ls deviennent la proie facile d鈥檕ffres déshumanisantes et de plans destructeurs qu鈥�élaborent des groupes politiques ou des pouvoirs économiques.

74. Cependant « encore plus nombreux dans le monde sont les jeunes qui souffrent de formes de marginalisation et d鈥檈xclusion sociale, pour des raisons religieuses, ethniques ou économiques. Rappelons la situation difficile d鈥檃dolescentes et de jeunes filles qui se trouvent enceintes, la plaie de l鈥檃vortement, de même que la diffusion du VIH, les diverses formes de dépendance (drogues, jeux de hasard, pornographie, etc.) et la situation des enfants et des jeunes de la rue, qui n鈥檕nt ni maison, ni famille, ni ressources économiques ». Quand, en outre, il s鈥檃git des femmes, ces situations de marginalisation deviennent doublement douloureuses et difficiles.

75. Ne soyons pas une Eglise insensible à ces drames de ses enfants jeunes. Ne nous y habituons jamais, car qui ne sait pas pleurer n鈥檈st pas mère. Nous voulons pleurer pour que la société aussi soit davantage mère, pour qu鈥檃u lieu de tuer elle apprenne à donner naissance, pour qu鈥檈lle soit porteuse de vie. Nous pleurons quand nous nous souvenons des jeunes qui sont déjà morts de la misère et de la violence et nous demandons à la société d鈥檃pprendre à être une mère solidaire. Cette souffrance ne s鈥檈stompe pas, elle marche avec nous, parce que la réalité ne peut pas être cachée. Le pire que nous puissions faire, c鈥檈st d鈥檃ppliquer la recette de l鈥檈sprit du monde qui consiste à anesthésier les jeunes avec d鈥檃utres nouvelles, d鈥檃utres distractions, d鈥檃utres banalités.

76. Peut-être que« nous avons une vie sans trop de besoins, nous ne savons pas pleurer. Certaines réalités de la vie se voient seulement avec des yeux lavés par les larmes. J鈥檌nvite chacun de vous à se demander : ai-je appris à pleurer ? Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant drogué dans la rue, un enfant sans maison, un enfant abandonné, un enfant abusé, un enfant utilisé comme esclave par la société ? Ou bien mes pleurs sont-ils les pleurs capricieux de celui qui pleure parce qu鈥檌l voudrait avoir quelque chose de plus ? » Essaie d鈥檃pprendre à pleurer pour les jeunes qui se trouvent dans une situation pire que la tienne. La miséricorde et la compassion se manifestent aussi par des pleurs. Si tu n鈥檡 parviens pas, prie le Seigneur pour qu鈥檌l t鈥檃ccorde de verser des larmes pour la souffrance des autres. Quand tu sauras pleurer, alors tu seras capable de réaliser quelque chose du fond du c艙ur pour les autres.

77. Parfois, la souffrance de certains jeunes est vraiment déchirante ; c鈥檈st une souffrance qu鈥檕n ne peut pas exprimer par des paroles ; c鈥檈st une souffrance qui nous gifle. Seuls ces jeunes peuvent dire à Dieu qu鈥檌ls souffrent beaucoup, qu鈥檌l leur coûte trop d鈥檃ller de l鈥檃vant, qu鈥檌ls ne croient plus en personne. Mais dans cette plainte déchirante se font présentes les paroles de Jésus : « Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5, 4). Il y a des jeunes qui ont pu s鈥檕uvrir un chemin dans la vie parce que cette promesse divine leur est parvenue. Puisse-t-il y avoir toujours auprès d鈥檜n jeune qui souffre une communauté chrétienne capable de faire résonner ces paroles par des gestes, des accolades et des aides concrètes.

78. Certes, les puissants offrent certaines aides, mais souvent à un coût élevé. Dans de nombreux pays pauvres, les aides économiques de pays plus riches ou d鈥檕rganismes internationaux peuvent être liées à l鈥檃cceptation de propositions occidentales ayant rapport à la sexualité, au mariage, à la vie ou à la justice sociale. Cette colonisation idéologique nuit surtout aux jeunes. En même temps, nous voyons comment une certaine publicité enseigne aux personnes à être toujours insatisfaites, et contribue à la culture du rejet où les jeunes eux-mêmes finissent par devenir du matériel jetable.

79. La culture actuelle présente un modèle de personne très associé à l鈥檌mage du jeune. Se sent beau celui qui a l鈥檃ir jeune, qui fait des traitements pour faire disparaître les traces du temps. Les corps jeunes sont constamment utilisés dans la publicité pour vendre. Le modèle de beauté est un modèle jeune, mais faisons attention, car cela n鈥檈st pas élogieux pour les jeunes. Cela signifie seulement que les adultes veulent voler la jeunesse pour eux-mêmes ; non pas qu鈥檌ls respectent, aiment et prennent soin des jeunes.

80. Certains jeunes « ressentent les traditions familiales comme opprimantes et les fuient sous l鈥檌mpulsion d鈥檜ne culture mondialisée qui, parfois, leur ôte tout point de référence. Dans d鈥檃utres parties du monde, en revanche, il n鈥檡 a pas de véritable conflit intergénérationnel entre jeunes et adultes, mais ceux-ci s鈥檌gnorent réciproquement. Parfois les adultes ne cherchent pas ou ne parviennent pas à transmettre les valeurs de base de l鈥檈xistence ou adoptent des styles juvéniles, inversant ainsi le rapport entre les générations. De la sorte, la relation entre les jeunes et les adultes risque de s鈥檃rrêter au plan affectif, sans jamais toucher la dimension éducative et culturelle ». Que de mal cela fait aux jeunes, même si certains ne s鈥檈n rendent pas compte ! Ces mêmes jeunes nous ont fait remarquer que cela complique énormément la transmission de la foi  « dans certains pays où il n鈥檡 a pas de liberté d鈥檈xpression et où on les empêche de participer à la vie de l鈥橢glise ».

Désirs, blessures et recherches

81. Les jeunes reconnaissent que le corps et la sexualité ont une importance essentielle pour leur vie et pour le chemin de croissance de leur identité. Cependant, dans un monde qui souligne à l鈥檈xès la sexualité, il est difficile de garder une bonne relation avec son corps et de vivre sereinement les relations affectives. Pour cette raison, et pour d鈥檃utres, la morale sexuelle tend très souvent à être « une cause fréquente d鈥檌ncompréhension et d鈥�éloignement par rapport à l鈥橢glise, dans la mesure où elle est perçue comme un espace de jugement et de condamnation ». En même temps, les jeunes expriment « un désir explicite de dialogue sur les questions relatives à la différence entre l鈥檌dentité masculine et féminine, à la réciprocité entre les hommes et les femmes et à l鈥檋omosexualité ».

82. A notre époque « les développements de la science et des technologies biomédicales exercent une forte incidence sur la perception du corps, induisant l鈥檌dée qu鈥檃ucune limite ne peut empêcher de le modifier. La capacité d鈥檌ntervenir sur l鈥橝DN, la possibilité d鈥檌nsérer des éléments artificiels dans l鈥檕rganisme (cyborg) et le développement des neurosciences constituent une grande ressource, mais soulèvent en même temps des questions anthropologiques et éthiques ». Ils peuvent nous conduire à oublier que la vie est un don et que nous sommes des êtres créés et limités, que nous pouvons êtres facilement instrumentalisés par ceux qui ont le pouvoir technologique. « En outre, certains milieux de jeunes sont de plus en plus fascinés par des comportements à risques comme moyens de s鈥檈xplorer soi-même, de rechercher des émotions fortes et d鈥�être reconnus [鈥�] Ces phénomènes, auxquels les nouvelles générations sont exposées, constituent un obstacle à une maturation sereine ». 

83. Chez les jeunes, il y a aussi les chocs, les échecs, les souvenirs tristes gravés dans l鈥�âme. Bien souvent « ce sont les blessures des défaites de leur propre histoire, des désirs frustrés, des discriminations et des injustices subies, ou encore du fait de ne pas se sentir aimés ou reconnus ». En plus, « il y a aussi les blessures morales, le poids des erreurs commises, de la culpabilité après s鈥�être trompé ». A ces carrefours, Jésus se rend présent aux jeunes pour leur offrir son amitié, son réconfort, sa compagnie qui guérit, et l鈥橢glise veut être son instrument sur ce chemin vers la restauration intérieure et la paix du c艙ur.

84. Nous reconnaissons, chez certains jeunes, un désir de Dieu, bien qu鈥檌l n鈥檃it pas tous les contours du Dieu révélé. Chez d鈥檃utres, nous pourrons entrevoir un rêve de fraternité, ce qui n鈥檈st pas rien. Chez beaucoup, il y a un désir réel de développer les capacités qui se trouvent en eux pour apporter quelque chose au monde. Chez d鈥檃utres, nous observons une sensibilité artistique spéciale, ou une recherche d鈥檋armonie avec la nature. Chez d鈥檃utres, ce peut-être un grand besoin de communication. Chez beaucoup d鈥檈ntre eux, nous trouvons un profond désir d鈥檜ne vie différente. Il s鈥檃git de vrais points de départ, d鈥�énergies intérieures en attente et ouvertes à une parole de stimulation, de lumière et d鈥檈ncouragement.

85. Le Synode a traité de manière particulière trois thèmes d鈥檜ne grande importance dont je voudrais accueillir les conclusions textuellement, même s鈥檌l nous faudrait encore procéder à une analyse plus approfondie et développer une capacité de réponse plus adéquate et plus efficace.