Shevchuk: le Pape a pris sur lui la douleur de l’Ukraine affligée par la guerre
Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk a expliqué qu’à travers cette rencontre de deux jours, au format inédit, le Pape a «voulu prendre sur lui» la douleur de la population ukrainienne pour un moment «d’écoute et de réflexion». «Une nouvelle méthodologie de communion entre le successeur de Pierre et les Églises orientales s’est mise en marche», a confié Sviatoslav Shevchuk, qui a précisé que les évêques gréco-catholiques ont invité le Pape en Ukraine, parce que sa visite pourrait être «une possibilité très éloquente et symbolique» pour faire cesser le conflit dans le Donbass. Le Pape a répondu qu’il y réfléchirait.
L’archevêque gréco-catholique a expliqué que depuis cinq ans, l’Ukraine vit les conséquences d’une guerre et d’une crise humanitaire qui ont provoqué officiellement «13 000 morts et 30 000 blessés», en ajoutant qu'il faudrait doubler ces chiffres pour avoir une estimation plus proche de la réalité. Il a par ailleurs signalé que ces deux dernières semaines, les médecins et les convois humanitaires ont été particulièrement visés par les attaques et les bombardements. Dans ce contexte, pour donner un «témoignage d’espérance», les prêtres de l’Église gréco-catholique continuent à Å“uvrer dans 11 paroisses situées en zone de guerre. «Leur présence parmi la population est une preuve que Dieu ne l’a pas abandonnée», a souligné l’archevêque majeur.
Il a aussi souligné l’urgence humanitaire et environnementale, en évoquant la catastrophe écologique qui se profile car près de quatre millions de personnes n’auront plus accès à l’eau potable, d’ici à quelques mois. L’attention de François s’est notamment portée sur les enfants exposés aux conflits, et pour certains victimes de mutilations en raison des explosifs. La création d’un centre de soins pour les enfants victimes de la guerre pourrait constituer une concrétisation de l’engagement du Saint-Siège pour la population ukrainienne.
La délicate question Å“cuménique
L’enjeu des relations avec les orthodoxes, qui représentent 71% de la population contre un petit peu plus de 14% pour les gréco-catholiques, a également été abordé lors de cette réunion. Sviastoslav Schevchuk a rappelé la volonté de l’Église gréco-catholique ukrainienne pour un dialogue «avec tous», «sans entrer dans les discussions internes à l’orthodoxie», dans le contexte délicat de la concession de l’autocéphalie à l’Église orthodoxe ukrainienne par le Patriarcat de Constantinople, ce à quoi s’oppose fermement le Patriarcat de Moscou.
Dans le panorama ukrainien, avec l’élection récente du président Volodimir Zelensky et les élections parlementaires anticipées au 21 juillet prochain, l’Église gréco-catholique invoque des institutions «plus efficaces» et en faveur des plus pauvres et des personnes sans défense. Il ne faut jamais laisser de côté «la dignité humaine, le bien commun, la solidarité et la subsidiarité». Il s’inquiète de voir émigrer chaque année un million de citoyens, pour la plupart «des jeunes et des professionnels». Il est donc important dans ce contexte difficile d’inciter les pays extérieurs à «investir en Ukraine», afin de créer de «nouveaux postes de travail».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici