L’épiscopat sri-lankais appelle à rejeter toute instrumentalisation politique des attentats
Suite aux attentats de Pâques dans trois églises et trois hôtels du Sri Lanka, le président Maithripala Sirisena a annoncé une rapide restructuration de l’appareil sécuritaire du pays, en accusant ses services de ne pas l’avoir informé du risque d’attentats. Pour sa part, l’Inde affirme avoir informé le Sri Lanka de trois alertes terroristes durant les semaines précédant Pâques, mais sans réaction de la part des autorités de Colombo. Le premier avertissement remonterait au 4 avril, le dernier à quelques heures avant les explosions.
Les informations indiennes mettaient en garde Colombo contre les activités de Maulvi Zahran Bin Hashim, le leader du petit parti islamiste NTJ, qui aurait étudié la possibilité de créer une section de Daech entre l’Inde du Sud et le Sri Lanka. Dans une interview télévisée, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a admis que «l’Inde nous a fourni les informations, mais ensuite il y a eu un vide dans la façon d’agir, et les informations n’ont pas été transmises». Les partis d’opposition accusent donc le gouvernement actuel d’inefficacité.
Pendant ce temps, les funérailles des victimes se poursuivent. Le président de la conférence épiscopale du Sri Lanka, Mgr Winston Sebastian Fernando, évêque de Badulla, au centre du pays, a témoigné de la situation dans le pays en répondant à Robin Gomes, de la section anglophone de Pope :
«Je suis à peine rentré de deux enterrements dans mon diocèse, à six heures de voiture de Colombo, et demain il y en aura un autre : trois catholiques dans la même église. Je dois dire que je remercie Dieu pour le fait que les gens aient répondu à la grâce de Dieu et soient restés calmes. Pâques est à peine passée et je crois que nous sommes donc motivés pour accepter la souffrance. Évidemment, tout le monde est éprouvé et en souffrance mais je pense que la vie de Jésus et ses enseignements aident notre Église à affronter ce moment vraiment difficile. Certains ont dit qu’ils auraient été contents de mourir le jour de Pâques, et ceci nous montre le niveau de foi de certains fidèles. Évidemment, on ne peut pas nier qu’il y en a certains qui sont très énervés. Mais heureusement, les prêtres et les religieux et aussi beaucoup de fidèles laïcs ont réussi à les motiver afin qu’ils acceptent avec calme cette situation, sans réagir.
Qu’est-ce que l’Église catholique du Sri Lanka attend du gouvernement ?
En réalité nous sommes très mécontents du travail du gouvernement sur le moment, parce qu’il y avait eu des avertissements mais je crois que les services secrets ont échoué. Je dois dire que nous avons justement besoin d’une bonne conduite pour le pays, parce qu’il n’est pas juste qu’ils veulent tirer des avantages politiques de ce fait dans ces années dans lesquelles il y aura les élections. Tous cherchent à marquer des points, alors qu’ils critiquent le passé en disant qu’avec eux tout ceci ne serait pas arrivé, et ensuite ils se critiquent les uns les autres au lieu de travailler ensemble pour changer la situation. Donc nous espérons un bon leadership : il n’est ni juste ni correct de vouloir tirer des avantages politiques de la situation actuelle.»
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