Un ¨¦v¨ºque v¨¦n¨¦zu¨¦lien adresse une lettre ouverte au pr¨¦sident Nicolas Maduro
Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican
C¡¯est en reprenant les mots de Simón Bolívar, figure marquante de l¡¯histoire du Venezuela, que Mgr Mario Moronta commence sa missive: «Observe, apprends, garde dans ton esprit ce que tu as vu, dessine dans les yeux de tes semblables l'image de l'Univers moral; ne cache pas les secrets que le ciel t¡¯a révélés: dis aux hommes la vérité», écrivait ¡°El Libertador¡± dans un poème lyrique en prose intitulé ¡°Mon délire sur le Chimborazo¡±, allégorie de la libération de l¡¯Amérique latine.
Dialoguer avec la population
L¡¯évêque de San Cristobal, qui bénéficiait jadis de l¡¯estime d¡¯Hugo Chavez, désire attirer l¡¯attention de son destinataire sur la «vérité vraie, non pas celle que l¡¯on invente ou celle que l¡¯on veut montrer sans qu¡¯elle soit». Mgr Moronta décrit avec réalisme les conditions de vie de la population vénézuélienne, «fatiguée parce qu¡¯elle continue d¡¯être méprisée». Il pointe la «crise humanitaire» dont il peut «témoigner». «Je ne suis pas de ceux qui sont enfermés dans des bureaux, mais je marche parmi les communautés, je fais des rencontres avec tous, sans distinction. Je n¡¯y vais pas entouré d¡¯escortes munis d¡¯un armement sophistiqué pour protéger l¡¯état. Mon unique escorte, ce sont les gens avec lesquels je partage, et mon unique arme, la Croix du Christ», écrit-il. Il interroge ensuite le président vénézuélien sur son absence de rencontre avec la population du pays. «Il ne faut pas avoir peuple du peuple si vraiment on en fait partie», souligne le prélat.
Celui-ci interpelle ensuite Nicolas Maduro à propos du dialogue. «Pour qu¡¯il y ait un véritable dialogue, il faut vraiment écouter le peuple lui-même, avec sincérité. Et cela ne s¡¯est pas fait et ne semble pas se faire», dénonce-t-il. «Si vous écoutiez le peuple et sa clameur, réellement, on pourrait faire des pas qui pourraient ouvrir des portes pour résoudre la crise, sans conflit, sans violence et sans effusion de sang», poursuit-il.
Porte-parole des opprimés
Mgr Moronta se fait ensuite le porte-voix des Vénézuéliens, transmettant trois demandes au président Maduro. D¡¯abord en réclamant de l¡¯aide humanitaire: «Demander et recevoir une aide de ce type n¡¯est en rien une trahison à la patrie, mais un devoir moral en faveur de la dignité des personnes qui n¡¯ont pas de médicaments, d¡¯aliments, ni d¡¯autres matières premières nécessaires», précise-t-il. Puis le prélat explique que le peuple demande à être respecté, dans «sa condition», «sa dignité» et «ses droits». Enfin il sollicite «un changement d¡¯orientation politique». «Pourquoi vous ne vous risquez pas à convoquer des élections libres, avec un nouveau CNE [¡] et la possibilité d¡¯autres candidats?», questionne l¡¯évêque.
Il met aussi en garde contre des changements venus de l¡¯extérieur: «Je suis de ceux qui croient que nous devons continuellement réaffirmer notre indépendance et notre autonomie. Mais cela est valable aussi pour ces pays qui veulent importer au Venezuela une idéologie qui rompt avec l¡¯intégration latino-américaine, qui dévalorise la personne humaine et détruit la grandeur d¡¯une société».
En conclusion de sa lettre, l¡¯évêque de San Cristobal redit son honnêteté et affirme être «responsable» de ses propos. Il espère ainsi que l¡¯on ne mène ni «représailles, ni persécutions, ni rien qui attente à la sécurité [¡] de ma famille, de mes amis proches, des prêtres et des communautés que je sers en tant que pasteur de l¡¯Église». Le prélat désire «pouvoir continuer à marcher librement dans les rues et sur les chemins de l¡¯État du Tachira et du Venezuela, sans persécutions».
Dans une autre lettre ouverte qu¡¯il adresse aux forces armées du Venezuela, Mgr Moronta demande à celles-ci de défendre la population et de ne pas empêcher le passage de l¡¯aide humanitaire.
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