Martyrs d'´ˇ±ô˛µĂ©°ůľ±±đ: une bĂ©atification sous le signe de la fraternitĂ©
De notre envoyé spécial à Oran en Algérie, Cyprien Viet
Le mot "fraternité" est probablement celui qui résume le mieux l’atmosphère qui a régné à Oran samedi 8 décembre. Une fraternité basée non pas sur des grands principes théoriques ou sur du relativisme, mais sur une souffrance commune. Le fait que ces 19 religieux chrétiens aient partagé le destin tragique de plus de 150 000 Algériens musulmans vaut à l'Église catholique un grand respect de la part de la population, car face à la violence et à l’extrémisme, les hommes de foi sont tous égaux.
L’émotion n’était pas feinte quand samedi matin à la Grande Mosquée, il a été fait mémoire des 114 imams assassinés durant la guerre civile car ils avaient refusé la violence, tout comme Pierre Claverie et les autres bienheureux. En s’effondrant en larmes durant son discours, la veuve de l’un de ces imams a fait prendre conscience du fait que cette béatification apportait en réalité une consolation à l’ensemble du peuple algérien, en donnant un sens spirituel à ces morts violentes dont généralement personne n’ose parler.
Les scènes de fraternisation n’étaient pas réservées aux photos et au protocole, comme en témoigne cette accolade entre l’évêque d’Oran et un imam venu le remercier pour sa visite en lui disant : «Ca, c’est la véritable amitié !». Cette journée extraordinaire a apporté un relief nouveau à ces gestes de fraternité ordinaire qui semblent parfois dérisoires mais qui permettent de reconstruire, de guérir, de consoler des personnes blessées, des sociétés fracturées. Cette béatification qui semblait irréaliste et dangereuse aux yeux de certains a finalement apporté de la fierté et de l’espérance pour toute l’Algérie.
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