Cardinal Sako: «Au Moyen-Orient, les solutions militaires ne sont pas des solutions»
«Je ne suis pas un prince ou un administrateur, je suis un père, un pasteur» affirmait le cardinal Louis Raphaël Sako à l’issue du consistoire du 28 juin dernier, au cours duquel il reçut la barrette et l’anneau cardinalice en la basilique Saint-Pierre de Rome.
L’idéal d’un gouvernement civil en Irak
Cette ligne directrice semble résolument guider le Patriarche de la plus grande Église orientale du Moyen-Orient qu’est celle des Chaldéens. À l’Osservatore Romano, un mois après sa prise de fonction en tant que cardinal, S.B. Louis Raphaël Sako déclare espérer beaucoup d’un «nouveau gouvernement dont tout le monde parle en Irak, qui serait civil, non sectaire, fondé sur la citoyenneté, la justice et l’égalité».
Aujourd’hui, le pays est gouverné par la coalition chiite du Premier ministre Haïdar al-Abadi en poste depuis 2014 (issu du parti islamique Dawa), avec l'imam radical Moktada Sadr, dont la formation est arrivée en tête des législatives du 12 mai dernier.
Le Moyen-Orient, un axe du pontificat François
«Un gouvernement civil est un idéal qui demande du temps, et nous chrétiens, devons contribuer à l’atteindre», tempère néanmoins le cardinal chaldéen, qui se réjouit par ailleurs de la grande Å“uvre de sensibilisation au sort du Moyen-Orient qu’a entreprise le Pape François depuis le début de son pontificat.
En septembre 2013, six mois après son élection, le Saint-Père rassemblait autour de lui 70 000 fidèles pour une veillée de prière pour la Syrie et le Moyen-Orient. Un an plus tard, il convoque les nonces du Proche-Orient au Vatican (septembre 2014), et réunit un consistoire pour le Moyen-Orient (octobre 2014). Enfin, le 7 juillet dernier à Bari dans les Pouilles italiennes, le Souverain pontife réunissait une vingtaine de chefs d’Église orientales pour la paix dans la région.
Faire revenir les chrétiens exilés
Et les préoccupations de paix du cardinal Sako sont nombreuses, à commencer par l’exode des chrétiens d’Irak qui peinent à revenir, après avoir subi trois ans de domination djihadiste et seulement un an de libération - c’est seulement le 9 juillet 2017 qu’Haidar al Abadi annonçait la défaite militaire de l’État islamique à Mossoul.
Pour juguler cet exode, «nous devons développer un plan intégral d’activités sociales, culturelles, sociales et économiques selon les normes modernes», plaide donc le cardinal irakien, avant d’ajouter: «C'est seulement de cette manière que nous sortirons de l'état de désespoir et d'émigration et que nous pourrons restaurer notre rôle et notre vitalité. Parce que les chrétiens sont du sel, du levain et de la lumière».
Le civil plutôt que le militaire
Outre ce souci d’ordre national, le cardinal Sako est également secoué par les turbulences qui secouent la Syrie voisine. «Là-bas, nous avons besoin d'un dialogue civil et courageux. Les solutions militaires ne sont pas des solutions, elles aggravent la situation», lance-t-il, avant de s’arrêter sur la notion de martyre, très significative pour l’Eglise d’Irak, prolixe en hymnes aux martyrs.
Parmi ces témoins de la foi, se trouvent par exemple ces «12 000 chrétiens expulsés de leurs foyers par l’organisation de l’État islamique qui sont partis sans rien, ne portant que leurs vêtements, abandonnant tout… Persécutés seulement parce qu'ils étaient chrétiens. Les chrétiens occidentaux doivent apprendre de ces témoins», avertit enfin le cardinal Sako.
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