Le cardinal Bo appelle les Birmans à «choisir la vie, et non la mort»
«Pâques est un jour d’espérance. Venez, unissez-vous à la marche pour retirer les pierres qui ont piégé notre peuple dans des tombes créées par l’homme», exhorte le cardinal birman dans son message. «Le grand évènement de la Résurrection s’articule dans trois passages significatifs : la souffrance de l’Agneau innocent de Dieu, Jésus ; l’espérance du Samedi Saint ; la pierre de la tombe retirée et Jésus qui ressuscite en triomphe sur le pouvoir des ténèbres». Le cardinal Bo affirme que la Birmanie a collectivement traversé ces phases dans son histoire récente : «En ayant vu la souffrance de millions d’hommes et de femmes dans le passé, en ce moment notre peuple vit dans l’espérance du Samedi Saint, en espérant que ce pays laisse derrière lui sa dépendance aux blessures», écrit-il.
Les paroles du Pape François
La cardinal évoque ensuite l’appel du Pape François pour la paix et la réconciliation dans le peuple birman, prononcé à l’occasion de la messe qu’il avait célébrée à Rangoun, lors de sa récente visite apostolique dans le pays. «Comme l’a dit le Pape : "abandonnez les blessures, connues et cachées, du passé". Pour faire cela, le pays doit sortir à l’extérieur des tombes créées par l’homme, retirer les pierres qui font obstacle aux bénédictions de notre peuple.»
Non aux pierres de la haine et à la vengeance
Le cardinal Bo identifie trois pierres qui bloquent le passage vers l’espérance. La première est la haine : «L’héritage spirituel de cette nation a été construit sur la grande vertu de la Compassion, "Karuna". Toutefois dans ce pays, l’incitation à la haine est utilisée par une petite frange pour se tuer entre frères», a-t-il regretté, soulignant donc «le besoin urgent» d’écouter l’invitation du Pape à privilégier le pardon sur la vengeance, en renouvelant l’engagement pour la tolérance religieuse entre les différentes communautés du pays.
S’il n’y a pas de justice, il n’y a pas de paix
La deuxième pierre est l’injustice. «Là où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de paix», a rappelé le cardinal, en citant certaines des plaies sociales qui affligent la nation. «Des millions de personnes sont ensevelies dans la tombe de l’injustice économique dans ce pays, et des milliers sont ensevelies comme "esclaves modernes" de la migration. Les ressources sont devenues la tombe profonde pour nos frères et sÅ“urs des groupes ethniques. Leur saccage a enseveli des milliers de personnes dans le conflit et dans la dislocation», affirme-t-il.
Mettre fin aux conflits
La dernière pierre est représentée par les conflits. Le cardinal Bo s’adresse d’une manière directe au gouvernement et aux groupes ethniques. «Éloignons-nous de la tombe du conflit». Soixante ans de guerre ont dévasté la nation, «le conflit a dévoré le cÅ“ur de la dignité de la population de la Birmanie. La paix est l’unique voie à parcourir», insiste l’archevêque. «Le conflit a mutilé ce pays. Près de trois millions de jeunes sont à l’extérieur, un million sont déplacés, un million ont fui le pays comme réfugiés. C’était autrefois une terre dorée, bénie par une grande richesse. Nos blessures sont auto-infligée. Refuser d’accepter la nature multiculturelle de ce pays a mené à des conflits ethniques», explique le cardinal Bo.
Ne pas oublier la souffrance des minorités
Dans son message, le cardinal Bo renouvelle l’engagement de l’Église birmane en faveur du processus de réconciliation et de «construction d’une nation basée sur la justice», qui a trouvé un nouvel élan dans les paroles du Pape en Birmanie. Le cardinal évoque aussi la souffrance des minorités chrétiennes du pays, victimes de décennies de guerres ethniques et souvent sujettes à des violations de la liberté religieuse et des droits humains : «Accompagnons toutes les personnes sur la route de leur croix et de leur Carême interminable. Le Christ continue à souffrir, en portant sa croix dans nos frères et sÅ“urs ethniques».
La mission prophétique de l’Église
«En suivant le mandat du Pape, conclut le cardinal Bo, l’Église en Birmanie entreprend le pèlerinage sacré de la paix, en participant à des rencontres et en soutenant la conférence de paix de Panglong. L’Église usera de son influence locale et internationale pour travailler vers une paix durable basée sur la justice. La guerre et la dislocation, la pauvreté forcée sont certaines des tombes dans lesquelles notre peuple est enterré vivant. Abattre les pierres qui recouvrent ces tombes créées par l’homme et souffler la vie dans nos frères et sÅ“urs qui vivent dans la vallée de la mort est la mission prophétique de l’Église aujourd’hui en Birmanie.»
(agence AsiaNews)
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