RDC: la Cenco appelle les Congolais à la vigilance pour des é±ô±ð³¦³Ù¾±´Ç²Ô²õ crédibles
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Après la célébration du Congrès eucharistique national à Lubumbashi du 4 au 11 juin, les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) se sont réunis du 19 au 22 juin à Lubumbashi, capitale de la province du Haut-Katanga, au sud-est du pays, pour leur 60e assemblée plénière ordinaire. Ils se sont notamment penchés sur la situation socio-pastorale de leur pays la République démocratique du Congo (RDC).
Dans leur message final, ils commencent par constater que la nation congolaise est confrontée, depuis son indépendance le 30 juin 1960, «à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation de la légitimité des institutions et de leurs animateurs». Les évêques sont convaincus que la stabilité de leur pays et le bien-être de sa population «passent notamment par des élections libres, inclusives, transparentes, apaisées». Ils appellent à mettre fin aux guerres, parfois imposées, dont sont victimes leurs compatriotes. «Le peuple congolais veut la paix, la justice et ainsi travailler au progrès de son pays», ont-ils écrit.
Situation sécuritaire inquiétante
Tout en appréciant les efforts du gouvernement et de l’armée pour ramener la paix sur l’étendue du territoire national, les évêques congolais constatent que l’insécurité persiste et s’aggrave de plus en plus. La partie Est de la RDC fait face à la multiplication des groupes armés et à la résurgence du groupe armé M23, «soutenu par le Rwanda»; et une partie de cette région échappe au contrôle des forces régulières. La partie Ouest connait l’apparition et l’extension de la milice Mobondo, qui sèment la terreur jusque dans la capitale Kinshasa. En milieux urbains a surgi «une milice», la «Brigade Spéciale de l’UDPS, Force du Progrès» (BSU), dont l’activisme est nuisible pour les citoyens. Ses éléments collaborent «parfois avec la police pour traquer les adversaires politiques et d’autres paisibles citoyens». Les évêques réitèrent leurs recommandations de reconsidérer l’état de siège et de réduire le train de vie des Institutions pour donner plus de moyens aux Forces armées.
Climat politique tendu et montée d’un fanatisme dangereux
La Cenco constate aussi que le climat politique en République démocratique du Congo est tendu, ce qui tranche avec les signaux positifs qu’a donné le président Felix Tshisekedi au début de son mandat en 2019. Quatre ans après il s’observe «un recul déplorable caractérisé par la répression violente des manifestations de l’opposition, la restriction de la liberté de mouvement des opposants, des tentatives des projets de lois discriminatoires, l’instrumentalisation de la justice et les arrestations arbitraires», déplorent les évêques. À cela s’ajoute l’intolérance des fanatiques politiques, qui n’admettent pas de position contraire et s’attaquent violemment à ceux qu’ils considèrent comme ennemis. Les évêques témoignent avoir été victimes de leurs actes de violence et d’intimidation lors de leur visite pastorale à Kasumbalesa le dimanche 18 juin 2023. Ils condamnent ces pratiques inacceptables.
Un processus électoral mal engagé
Les élections en République démocratique du Congo doivent se tenir au mois de décembre 2023. Dans leur message, les évêques soulignent qu’ils tiennent aux élections inclusives, avec des candidats sur lesquels ne pèseront aucun empêchement de nature politique et qui permettront au peuple de choisir librement ses futurs dirigeants. Tout en reconnaissant les avancées de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour l’organisation des élections, la Cenco fait part de quelques inquiétudes sur la crédibilité de ce processus. «L’inexistence d’un cadre de concertation tripartite - Majorité, Opposition, Société Civile» -, idéal pour clarifier la question des Centres d’Inscriptions fictifs; la question des matériels électoraux détenus par des personnes non qualifiées; le dysfonctionnement de certains centres électoraux; «l’absence d’une contre-expertise crédible par un organisme international spécialisé pour auditer le fichier électoral», sont autant de préoccupations soulevées par les évêques.
Appel à la conscience et à la responsabilité
Face à toutes ces situations préoccupantes, les évêques appellent le peuple congolais à prendre conscience de sa responsabilité en tant que souverain primaire, en participant massivement aux élections. L’acte qui sera posé «le jour des scrutins est décisif pour l’avenir de notre pays», soulignent-ils. Cela étant, la Cenco invite à privilégier les critères objectifs de compétence et de probité morale; à dire non aux opportunistes mus par leurs intérêts égoïstes, familiaux, tribalistes et népotistes; ainsi qu’à ceux qui achètent les consciences. Le Cenco, qui appelle la CENI à la transparence, accompagnera, ensemble avec l’Église du Christ au Congo (ECC), ce processus avec une mission d’observation électorale conjointe. Elle appelle le gouvernement à garantir la sécurité et à veiller aux droits et libertés, conformément aux textes légaux. En cas de contentieux électoraux, les évêques appellent les juges à recourir aux procès-verbaux et aux fiches des résultats des bureaux de vote et de dépouillement, selon une innovation introduite dans la loi électorale. Ils appellent également les partis et regroupements politiques à préparer correctement leurs témoins.
Peuple congolais, réveille-toi de ton sommeil
«Pour des élections crédibles, Peuple congolais réveille-toi de ton sommeil !», lancent à les évêques à leurs compatriotes en concluant leur message. A six mois des échéances électorales, ils les appellent à ne pas se laisser corrompre, pour choisir librement leurs dirigeants. Ils invitent à la vigilance afin de ne pas se laisser abuser comme aux élections de 2018; afin «que les Institutions à mandats électifs de notre pays soient dirigées par des personnes réellement élues».
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