Tchad: une cathédrale dédiée à Notre-Dame de la Paix
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican avec Sévérin Ndingatoloum – Ndjaména
«La dédicace d’une église est un acte liturgique par lequel l’évêque consacre solennellement un édifice», c’est qu’a souligné le cardinal Dieudonné Nzapalainga à l’entame de son homélie pour situer les participants à cette célébration. Cette cérémonie de la dédicace a été marquée par plusieurs temps forts: l’entrée solennelle dans l’église par les ouvertures des portes de la cathédrale, une partie protocolaire marquée par la remise des clés de la cathédrale par le chef de l’État, Mahamat Idriss Deby à Mgr Edmond Djitangar, archevêque métropolitain de N’Djamena, la célébration eucharistique et la consécration.
L’événement est de grande portée ecclésiale
Dans homélie lors de cette célébration, l’archevêque de Bangui a précisé que la dédicace est «un événement de grande portée ecclésiale», c’est-à-dire qui va au-delà d’une considération limitée dans une zone, mais qui concerne l’Église universelle. Ainsi, a t-il dit, «en l’arrachant à un usage ordinaire, l’évêque met à part l’édifice consacré, qui servira désormais et exclusivement au culte divin».
Rappelant l’historique, le prélat a félicité les chrétiens du Tchad aux valeurs fondamentales qui les ont fermement déterminés, chrétiens du Tchad qui, lorsque, au sortir de la guerre civile (1979 – 1985), ont entrepris de «reconstruire votre Cathédrale incendiée puis pillée et abandonnée, dans une capitale dévastée, meurtrie et marquée par les stigmates des conflits». Le cardinal est revenu sur la prophétie du prophète Isaïe pour mettre l’accent sur le lien qu’il établit entre «le Seigneur et l’édifice qui lui est consacré»; un édifice consacré à la prière. Et c’est parce que ce lieu est consacré exclusivement au Seigneur qu’il devient, sans exception «maison de prière pour tous les peuples». C’est ainsi que, désormais «ceux et celles qui, en tous lieux, adorent et servent le vrai Dieu sont appelés à faire partie de l’unique peuple de Dieu». Cette prophétie d’Isaïe est valable pour cette cathédrale, lieu où on «envisage l’avènement de l’unité du peuple de Dieu à partir de la diversité des origines sociales, culturelles, politiques et religieuses».
Le peuple tchadien et les défis de son temps
«Nous reconnaissons là un des défis majeurs de notre temps, qui est également le défi lancé au peuple tchadien», a déclaré le pasteur. Le cardinal Nzapalainga s’est demandé si nous «pouvons prétendre nous rassembler dans une église, au nom de Dieu, si, par ailleurs, nous ne sommes pas capables d’ouverture bienveillante à l’autre, quelle que soit sa culture et les valeurs fondamentales qui structurent son existence d’homme?». «Dieu, le premier, nous accueille dans sa maison, ne sommes-nous pas interrogés sur notre capacité à nous accueillir mutuellement pour une cohabitation pacifique?» a demané l’archevêque de Bangui, assurant que ce message n’est pas seulement destiné aux chrétiens, mais concerne tout le monde sans exception.
Pour le cardinal Nzapalainga, la dédicace de cette cathédrale, est un «signe d’unité»; ce travail qui est le «fruit de l’héroïsme, du courage et de la détermination de nombreux acteurs hommes et femmes, mus par leur foi et leur désir de la vivre librement, en paix avec les autres croyants, dans une fraternité universelle toujours plus grande». Cette cathédrale, a t-il poursuivi «honore Dieu et vous vous honore, Église Famille de Dieu qui est au Tchad; ainsi que des généreux donateurs et donatrices!».
L’unité, un don de Dieu
«En réalité, l’unité est un don de Dieu; elle est l’œuvre que le Christ Jésus a réalisée en sa personne, «par le moyen de la croix», a affirmé le prélat. Dans ce sens, il a rappelé la mission importante de l’Église qui est celle de «mettre en lumière la gratuité de l’œuvre d’unité et de paix réalisée dans le Christ». Car, a t-il poursuivi, en des temps aussi «troubles et affligeants que nous traversons, l’exigence de paix et d’unité entre les peuples, et à tous les niveaux, est ressentie au cĹ“ur de l’Église comme une urgence absolue». Sinon, cela n'a pas de sens de «célébrer la louange de Dieu alors que nous continuons d’ériger les murs de haine et de division».
S’engager pour construire la paix
«La paix est certes un don de Dieu; mais elle exige notre engagement et notre détermination à la construire et à la promouvoir», a réitéré le prélat. Il a exhorté ainsi les Tchadiens dans leur diversité à parcourir le chemin qui est aussi «celui du pardon accordé et reçu, qui est exigeant et difficile». Cependant, rassurés de la présence du Seigneur sur qui nous appuyons «nous recevons la force d’affronter les difficultés, même si, parfois, nous n’en voyons pas toujours l’issue», a t-il encouragé. Car, en «honorant cette cathédrale du beau nom de Notre-Dame de la Paix, c’est le pays tout entier qui s’engage à élever d’ici vers Dieu d’incessantes et ferventes prières pour la paix: la paix dans les cĹ“urs et dans les familles; la paix dans ce cher et beau pays du Tchad et dans le monde entier».
L’archevêque de Bangui a terminé son homélie en évoquant les paroles de réconfort que le Seigneur a adressées à ses Apôtres, en leur disant adieu: «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous donne. Que votre cĹ“ur ne soit pas bouleversé ni effrayé».
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