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Entretien réalisé par Françoise Niamien - Cité du Vatican

Née au Cameroun, Hortense Assaga a grandi à Paris, en France. Elle exerce son métier de journaliste depuis de nombreuses années de manière pluridisciplinaire: radio, télévision et aussi presse écrite. Biculturelle, Assaga reste attachée à ses racines africaines et sa passion pour l’artisanat qu’elle traduit dans son Å“uvre: Made in Africa - Dans ma valise.

Comment est né Made in Africa - Dans ma valise, cet ouvrage de 300 pages?

Je voudrais tout d’abord expliciter le titre «Made in Africa» signifie en français «fait en Afrique» et l’accroche «Dans ma valise» c’est parce que pour mon métier de journaliste, je voyage dans plusieurs pays et le plus souvent en Afrique. Je me suis rendue dans une quarantaine de pays sur les 54 que compte le continent africain. Le beau livre Made in Africa - Dans ma valise est né de rencontres et aussi de ma curiosité de collectionneuse. Mon âme de collectionneuse me pousse à aimer l’artisanat et surtout les objets faits mains. Cet ouvrage, ce sont ces des objets usuels achetés sur des marchés, (des cuillères des marmites …) qui ont une signature, une identité africaine.

Que retrouve-t-on concrètement dans cet ouvrage?

Le livre est rempli de créations originales, esthétiques et usuelles. Ce sont des objets que j’ai dénichés, achetés puis rapportés chez moi. J’ai pu constater à quel point le continent Afrique est créatif. Je me promène beaucoup dans les marchés et les échoppes, d’où viennent ces objets très esthétiques: paniers, sacs, textiles, éventails, bijoux, poterie, vannerie… La liste est longue de cet artisanat qui illustre les savoirs-faires ancestraux. L’Afrique est à la pointe de l’artisanat. Partout dans le monde, le fait main tend à disparaître mais en Afrique, on prend encore le temps de créer avec ses mains. Prendre le temps d’enfiler des perles pour une parure; à tisser des fils pour un joli pagne, travailler le bois d’ébène pour en sortir des bagues. Tous ces gestes témoignent de la qualité des artisans. Le recyclage est une seconde nature, comme dans la fabrication de ces paniers à base de fils plastiques ramassés et de nylon. Le livre est une sélection de ces objets par catégorie, une sorte d’inventaire utile.

Pourquoi avez-vous choisi de mettre en avant ces objets usuels et quel est l’objectif de Made in Africa - Dans ma valise?

Les cuillères, la vaisselle, les ustensiles de cuisine comme les marmites en fonte ou encore une série de carnets de notes composent les nombreuses photos du livre. Ces objets usuels témoignent de la beauté d’un continent qu’on n’a pas l’habitude de designer pour sa beauté. J’ai pour habitude de dire que l’Afrique manque d’un label positif. Choisir la mise en avant de ces objets usuels, c’est parler des Africains dans la vie de tous les jours. Dire qui ils sont, et apprécier leur génie créatif. C’est aussi un encouragement à préserver les cultures africaines dans un monde globalisé.

L’objectif principal est de valoriser l’artisanat africain dans un monde de plus en plus globalisé. J’avais à travers cet ouvrage envie de situer l’Afrique aussi dans la beauté. Il faudrait un label pour le continent qui parlerait de sa beauté. Ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Plusieurs millions d’Africains exercent dans le secteur informel de l’artisanat. Ils sont souvent peu reconnus, leur travail pillé et copié, sans leur en rendre la paternité. L’Afrique a une faible législation en matière de droit de la propriété intellectuelle. Les Å“uvres sont peu protégées des de ce fait les grandes marques copient les idées des artisans africains, les reproduisent en toute impunité. Nombre d’objets usuels africains suscitent un réel engouement mais qu’on ne renvoie pas à l’Afrique. Avec ce livre, j’ai voulu sourcer le travail des artisans de talent et répondre à l’étonnement suscité à chaque fois que je montre ces beaux objets fabriqués et achetés en Afrique.

Hortense Assaga

Que symbolise, à vos yeux, cet ouvrage?

C’est ouvrage un est engagement, une manière de témoigner de la beauté de l’Afrique. Cette une manière d’encourager à la préservation du savoir-faire et des cultures d’Afrique dans un monde globalisé. Nous sommes dans un monde qui n’a plus de frontière mais le continent noir a son mot dire pour parler de ses artisans. Made in Africa représente également l’avenir, un avenir où quand on parlera du continent africain, on se focalisera sur la création, la culture, ce qui plaît, l’universel.

L’Afrique est une beauté, elle est belle dans son quotidien. Il s’y passe évidement des choses pas jolies, des coups d’états, des conflits, le terrorisme avec son lot quotidien de morts et des déplacés internes et externes mais l’optimiste que je suis, j’ai envie de partager avec le monde le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je suis sûre que cela nous donnera de la force de dire oui c’est à moitié plein il y’a des choses à changer, des situations à améliorer mais il y’a là-bas des hommes et femmes qui au quotidien se lèvent très tôt et se couchent très tard et produisent le beau et font rayonner le continent africain.

Quel est message que véhicule Made in Africa - Dans ma valise?

Ce livre véhicule un message positif, d’aller à la rencontre d’un continent qui se raconte à travers ses objets usuels, à travers ses artisans. La voix des artisans est essentielle parce qu’elle elle riche est universelle. L’Afrique est belle dans son quotidien. C’est ainsi qu’elle doit se présenter aux Africains eux-mêmes, qui doivent être fiers de ce qu’ils produisent et au monde qui doit se sentir fort de l’apport des Africains. J’estime que le monde doit prendre de l’Afrique à savoir une force.

A travers Made In Africa - Dans ma valise j’ai envie de dire que c’est ensemble que nous sommes fort et l’Afrique est forte riche belle et donc il faut l’écouter, la regarder, l’apprécier dans ses richesses et ses talents souvent les plus humbles.

Et si l’on vous demandait de résumer Made in Africa - Dans ma valise en trois mots que diriez-vous ?

Je dirai tout simplement : esthétique, culturel, et africain. Écoutons, regardons, apprécions l’Afrique qui est riche de ses talents.