Monseigneur Bessi : « Nous avons été très heureux d’entendre le Pape parler de la situation en Côte d’Ivoire »
Jean-Pierre Bodjoko, SJ* - Cité du Vatican
Le dimanche 15 novembre, le Pape a exprimé sa proximité avec la population de Côte d’Ivoire, en priant pour obtenir du Seigneur l’harmonie nationale dans votre pays, pour que vous puissiez collaborer, de manière responsable, à la réconciliation et à la coexistence pacifique. Comment avez-vous accueilli cette exhortation et ce message du Pape ?
Nous avons accueilli ce message avec beaucoup de gratitude, dans la mesure où le Pape est le pasteur suprême de l’église catholique. Et, partout dans le monde où les chrétiens catholiques sont en difficulté, parce que vivant dans une société en difficulté, il est bon que le pasteur suprême se fasse entendre. Nous avons donc été très heureux d’entendre le Pape parler de la situation Côte d’Ivoire. D’autant plus qu’il insiste sur la collaboration ou la réconciliation et un vivre ensemble serein. Depuis le mois de mars dernier, les évêques catholiques de Côte d’Ivoire ont publié un document sur l’Eglise en Côte d’Ivoire au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, en s’inspirant de l’exhortation post-synodale du Pape Benoit XVI. Nous avons ainsi demandé à tous nos compatriotes de s’inscrire dans la logique de la réconciliation, parce que, après une crise que nous avons vécue pendant des années, il est bon qu’on puisse s’arrêter à un moment donné et, comme on le dit, laver le linge sale en famille par une vraie réconciliation qui permettre un vivre ensemble serein. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile de faire entendre cette voix. Mais, si le Saint-Père reprend et insiste sur le même message, cela nous réjouit.
Ce dimanche 15 novembre 2020, vous avez aussi organisé la journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire ?
Effectivement. Il est de tradition que le 15 novembre, en Côte d’Ivoire, nous célébrions une journée de prière pour la paix. C’est une institution étatique qui remonte au premier président de la République. Malheureusement, cette année, vu les circonstances que nous connaissons, la célébration nationale, qui regroupait les différents secrétaires exécutifs diocésains autour du secrétaire national et autour du président de la commission justice et paix, n’a pas pu avoir lieu. Mais, il a été demandé que cette célébration se fasse dans tous les diocèses et que l’on sensibilise les gens à la paix par la réconciliation.
Quelle est la situation actuelle en Côte d’Ivoire ?
Pour le moment, la situation semble un peu calme, dans la mesure où les deux personnalités importantes, à savoir le président de la République et la tête de proue de l’opposition se sont rencontrées et ont annoncé un certain nombre de rencontres pour approfondir le dialogue et la concertation, en vue de ramener la paix. Cela a un peu décanté la situation, au point que nous avons aujourd’hui un calme relatif. Cependant, il faut craindre les jours à venir, parce que l’opposition annonce une manifestation le lundi (16 novembre. Ndlr). Nous espérons qu’ils arriveront à s’entendre avant, pour que nous ne revivions plus la situation que nous avons connue, avec le nombre de victimes auquel, d’ailleurs, le Pape fait allusion, et que le dialogue et la concertation prennent le pas sur toute violence.
En tant que citoyen ivoirien et aussi comme président de la conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, quel message pouvez-vous lancer à l’ensemble de la population de la Côte d’Ivoire, au de-là des chrétiens catholiques ?
C’est le message d’un appel au calme, mais dans un désir de dialogue et de concertation. C’est une nécessité qui s’impose à nous et ce message est repris depuis longtemps par les évêques. En janvier 2020 à Korogo, nous avons lancé un message qui a fait beaucoup de bien et a aussi créé quelques mécontents. Nous avons dit qu’il fallait aller au dialogue et à la concertation dans la résolution des problèmes qui s’imposent à nous. Je voudrais reprendre ce même message pour demander à tous les Ivoiriens d’ouvrir leurs cÅ“urs au dialogue et à la concertation, parce que la Côte d’Ivoire est un pays de dialogue depuis le premier président du pays, Félix Houphouët-Boigny, qui a toujours fait du dialogue son cheval de bataille.
*Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va
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