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 Mgr Philippe RUKAMBA Mgr Philippe RUKAMBA 

Rwanda : Il faut des moyens solides pour protéger les mineurs

Au Rwanda, plusieurs initiatives sont prises pour lutter et prévenir les abus sur les mineurs. Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare et président de la Conférence Episcopale du Rwanda, nous relate dans cet entretien la situation des abus dans son pays. Il donne également ses impressions.

Entretien réalisé par Jean Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican

Entretien avec Mgr Philippe Rukamba

La rencontre m’a permis de comprendre exactement où se situe le problème. Parce qu'il se situe à deux niveaux. D'abord au niveau des familles, au niveau des personnes qui sont proches des enfants et qui commettent des abus. Mais aussi au niveau de la pastorale ; donc du travail du prêtre, de l'évêque. Mais de l’autre côté, il y a ce que devrait faire l'évêque, les responsables d'une Eglise particulière. Donc, tout d'abord cela m'a permis de comprendre où nous en sommes, de comprendre qu'il s'agit d'un problème généralisé.
De toutes les façons, nous avons en face de nous des personnes qui souffrent du fait qu'elles ont été abusées, et qui ont besoin de nos soins, de notre compréhension et de notre amour de père. Au Rwanda, nous avons déjà eu un cas. Le cas d'un prêtre qui a abusé de jeunes gens, il a été jugé, il a passé quatre ans en prison et a été laïcisé. Donc d'une certaine manière, c'est l'Etat qui nous a réveillés. Nous avons dû aussi suivre toutes les orientations que nous donne la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais il nous faut inévitablement prévenir, afin que de tels cas n’arrivent plus. Il faut que nous ayons des moyens solides : la formation dans les séminaires, la formation dans les familles chrétiennes, pour que nous puissions prévenir ces cas d'abus des mineurs.

Du point de vue culturel aussi c'est difficile d’en parler. C'est le cas au Rwanda ?

Je pense que c'est même un peu universel. Même en Europe ou ailleurs, on ne parle pas facilement de ces cas ouvertement. Au Rwanda, nous ne parlons pratiquement pas de sexe, de tout ce qui peut se passer dans des familles, parce que c’est un déshonneur. Quand un enfant est abusé, le déshonneur rejaillit sur plusieurs personnes, même sur la personne qui donne des informations. Mais ce qu’il faut faire c’est former les jeunes avec des programmes d'enseignement et oser parler de la sexualité. Mais ce qui est important dans ce que nous faisons est que ce n'est pas seulement une connaissance technique de la sexualité. C’est une connaissance des relations : les relations entre les jeunes gens et les jeunes filles, une connaissance des relations entre jeunes et moins jeunes, les relations que nous devons avoir comme prêtres par rapport aux jeunes qui viennent vers nous. C'est beaucoup plus ample, c'est beaucoup plus grand.

Il y a quand même une pastorale pour la jeunesse dans votre pays ?

Oui, nous avons établi un code pastoral, disons canonico-pastoral, dans le cas où il y aurait des cas d’abus, comme le demande la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais nous avons aussi une pastorale tout à fait solide sur la famille et une pastorale de la jeunesse avec un fort engagement des prêtres. Souvent quand on écoute la radio, om regarde la télévision on a l'impression que les prêtres et les évêques, ne font que violer les jeunes, violer les enfants. Pourtant il y a beaucoup de prêtres, un nombre incroyable des prêtres, qui travaillent convenablement et qui travaillent bien. Chez nous, nous ne sommes pas encore au niveau où l'on dirait : attention aux prêtres, ne recevez pas les enfants aux presbytères ou à la sacristie. La grande majorité des prêtres travaillent convenablement.

 

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26 février 2019, 14:48