La Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, remontée contre le bourgmestre de Gombe
Cédric Mouzou, SJ - Cité du Vatican
« Condamnation de la violation du domicile », est le titre du communiqué du secrétariat général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, publié le lundi 04 juin 2018 à Kinshasa la capitale de la République Démocratique du Congo. La CENCO, proteste contre ce qu’elle appelle « violation de propriété. » Une violation qui a été commise par le maire de la commune de la Gombé, qui a arraché des banderoles posées à l’initiative du conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC). Ces banderoles hostiles, notamment, à une éventuelle candidature du président Joseph Kabila pour un troisième mandat, se trouvaient dans l'enceinte du centre interdiocésain de Kinshasa.
La chronique des faits
L'événement a eu lieu l'après-midi du 2 juin 2018, lorsque Dolly Makambo, bourgmestre de la Gombe, accompagné d'un garde, a fait irruption dans le Centre Interdiocésain et a déchiré deux banderoles ; la deuxième était visible de la rue. Les inscriptions sur les banderoles étaient : « Pas de 3ème mandat pour le Président de la République » et « Non à la révision de la Constitution », deux points-clés de l'accord de la Saint Sylvestre signé sous l’égide de l’Eglise catholique le 31 décembre, 2016.
L'indignation des évêques
L’Abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, ne cache pas son indignation. « La CENCO condamne avec la dernière énergie cette violation et cette atteinte aux droits garantis des particuliers par une autorité politico-administrative qui clamait haut et fort son statut de juriste pendant qu’il posait cet acte incivique. » Le secrétaire de la CENCO qualifie cette intrusion de violation de domicile, et surtout par le fait que le Centre Interdiocésain de Kinshasa, « se trouve dans la concession de la Nonciature Apostolique, qui est une Ambassade. » « La CENCO est surtout troublée par le fait que l’affichage sur le lieu du Dialogue des fondamentaux de l’Accord de la Saint Sylvestre soit perçu par le premier citoyen de la commune de Gombe comme un danger à l’ordre public », martèle l’Abbé Nshole.
La population appelée à rester vigilante
La CENCO, rappelle que l’accord de la Saint Sylvestre est « l’unique feuille de route susceptible de sortir pacifiquement le pays de la grave crise sociopolitique qu’il traverse. » Le bourgmestre est alors invité à demander pardon aux peuples congolais pour son « comportement indigne ». Enfin, le communiqué invite la population congolaise à « demeurer vigilante et toujours prête à barrer la route à quiconque se hasardera à déconsidérer l’Accord de la Saint Sylvestre, dont la mise en Å“uvre intégrale garantit la tenue des élections inclusives et crédibles le 23 décembre 2018 ».
Intégralité du message
COMMUNIQUE DU SECRETARIAT GENERAL DE LA CENCO
Condamnation de la violation du domicile
1. Le Samedi 2 juin 2018, à 15h22, Monsieur DOLLI MUTOMBO NAWEZI, Bourgmestre de la commune de la Gombe, est entré dans l'enceinte du Centre Interdiocésain où il a fait arracher par le policier qui l’accompagnait les banderoles qui étaient déployées sur la façade du bâtiment principal du Centre. Ces banderoles invitaient au respect des dispositions de la Constitution et de l'Accord de la Saint Sylvestre. Plus grave encore, Monsieur le Bourgmestre a menacé les gardiens de la CENCO qui, dans le cadre de leur fonction, leur interdisaient de poser cet acte ignoble.
2. Les deux banderoles sur lesquelles était écrit : « Pas de 3ème mandat pour le Président de la République » et « Non à la révision de la Constitution », ont été posées à l’initiative du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC) dans le cadre de la campagne de sensibilisation à l'appropriation de l'Accord de la Saint Sylvestre par le Peuple congolais.
3. La CENCO condamne avec la dernière énergie cette violation et cette atteinte aux droits garantis des particuliers par une autorité politico-administrative qui clamait haut et fort son statut de juriste pendant qu’il posait cet acte incivique. Le comble de tout c’est que le Centre Interdiocésain se trouve dans la Concession de la Nonciature Apostolique qui est une Ambassade. Il s’agit donc d’une violation des immunités diplomatiques. C’est un scandale et c’est inacceptable. C’est pourquoi ce geste, présentement dénoncé, mérite toute l’attention des autorités de la ville et du pays. Sinon nous conclurons au banditisme d’Etat et nous nous réservons le droit d’aller en justice.
4. La CENCO est surtout troublée par le fait que l’affichage, sur le lieu du dialogue, des fondamentaux de l’Accord de la Saint Sylvestre soit perçu par le premier citoyen de la Gombe comme un danger à l’ordre public. Pourtant cet Accord constitue, de par son inclusivité, l’unique feuille de route susceptible de sortir pacifiquement le pays de la grave crise sociopolitique qu’il traverse.
5. A cet effet, la CENCO exige au bourgmestre Dolly MAKAMBO de restituer les banderoles et de demander pardon au Peuple congolais pour son comportement indigne. Par ailleurs, elle invite la population de demeurer vigilante et toujours prête à barrer la route à quiconque se hasardera à déconsidérer l’Accord de la Saint Sylvestre, dont la mise en Å“uvre intégrale garantit la tenue des élections inclusives et crédibles le 23 décembre 2018, en vue de mettre fin à la crise que traverse notre pays.
6. Puisse le Seigneur bénir la RDC pour un avenir meilleur.
Fait à Kinshasa, le 04 juin 2018
Abbé Donatien NSHOLE
Secrétaire Général de la CENCO
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