Cardinal Koch: 1700 ans du Concile de Nic¨¦e, opportunit¨¦s et d¨¦fi pour l'?³¦³Ü³¾¨¦²Ô¾±²õ³¾±ð
Cardinal Kurt Koch *
Les questions doctrinales qu¡¯affronta le Concile, résumées dans la «Déclaration des 318 Pères» revêtent avant tout une importance ?cuménique. À travers celle-ci, les Pères professèrent leur foi en «un seul Dieu, Père tout puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, engendré du Père, c'est-à-dire, de la substance du Père. Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu; engendré et non pas créé, consubstantiel au Père; par qui toutes choses ont été faites au ciel et en la terre». Et dans la lettre du Synode aux Égyptiens, les Pères annoncèrent que le premier et véritable objet d¡¯étude était le fait qu¡¯Arius et ses partisans étaient ennemis de la foi et opposés à la loi, et affirmaient donc avoir décidé «d'un commun consentement de prononcer un anathème contre sa doctrine impie, et contre les blasphèmes qu'il avance contre le Fils de Dieu».
Ces affirmations définissent le contexte du credo formulé par le Concile qui professe la foi en Jésus Christ comme Fils de Dieu, «consubstantiel au Père». Le cadre historique est celui d¡¯une violente querelle éclatée au sein de la chrétienté de l¡¯époque, en particulier dans la partie orientale de l¡¯empire romain; il en découle qu¡¯au début du IVe siècle, la question christologique était devenue le problème crucial du monothéisme chrétien. La controverse tournait principalement autour de la question de savoir comment concilier la profession de foi chrétienne en Jésus Christ comme Fils de Dieu avec la foi tout aussi chrétienne en un unique Dieu dans le sens de la confession monothéiste.
Le théologien alexandrin Arius en particulier prônait un monothéisme rigoureux conforme à la pensée philosophique de l¡¯époque et, pour maintenir un monothéisme si rigide, excluait Jésus Christ du concept de Dieu. Dans cette perspective, le Christ ne pouvait être «Fils de Dieu» dans le véritable sens du terme, mais uniquement un intermédiaire que Dieu utilise pour la création du monde et pour sa relation avec les hommes. Les Pères du Concile refusèrent ce modèle de rigide monothéisme philosophique diffusé par Arius, en lui opposant le credo selon lequel Jésus Christ, en tant que Fils de Dieu, est «consubstantiel au Père».
À travers le terme «homoousios», les Pères conciliaires voulaient exprimer le mystère plus profond de Jésus Christ, dont l¡¯Ecriture Sainte témoigne en tant que Fils fidèle du Père, auquel il est intimement uni dans la prière. C¡¯est en effet dans la prière que Jésus apparaît plus clairement comme le Fils du Père céleste. Dans le Nouveau Testament, c¡¯est surtout l¡¯évangéliste Luc qui présente Jésus dans sa vie terrestre comme Fils de Dieu en prière constante, qui a comme noyau existentiel le dialogue avec le Père céleste et vit avec Lui en profonde unité. Jésus a tant vécu dans la prière et de la prière que toute sa vie et son ?uvre peuvent être définies comme une unique prière. Sans cette attitude de prière, on ne peut absolument pas comprendre la figure de Jésus Christ. C¡¯est précisément ce que comprirent avec une grande sensibilité les Pères du Concile de Nicée, en utilisant le terme «homoousios» pour offrir la juste interprétation de la prière de Jésus et la lecture plus profonde de sa vie et de sa mort, marquées en tout moment par le dialogue avec le Père.
À travers le terme «homoousios», le Concile de Nicée n¡¯«hellénisa» pas la foi biblique, en la soumettant à une philosophie étrangère, mais saisit la nouveauté incomparable qui s¡¯était rendue visible dans la prière de Jésus adressée au Père. Ce fut plutôt Arius qui conforma la foi chrétienne à la pensée philosophique de l¡¯époque, tandis que le Concile de Nicée reprit la philosophie de l¡¯époque pour exprimer ce qui était caractéristique de la foi chrétienne. Dans le Credo de Nicée, le Concile s¡¯exprima à nouveau comme Pierre et avec Pierre à Césarée de Philippe: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16 , 16).
Le credo christologique du Concile est devenu la base de la foi chrétienne commune. Le Concile revêt une très grande importance en particulier parce qu¡¯il a eu lieu à une époque où la chrétienté n¡¯était pas encore déchirée par les nombreuses divisions qui devaient ensuite se produire. Le credo de Nicée est commun non seulement aux Églises orientales, aux Églises orthodoxes et à l¡¯Église catholique, mais aussi aux communautés ecclésiales nées de la Réforme; son importance ?cuménique ne doit donc jamais être sous-estimée. De fait, pour restaurer l¡¯unité de l¡¯Église, il est nécessaire qu¡¯il y ait un accord sur les contenus essentiels de la foi, non seulement entre les Églises et les communautés ecclésiales d¡¯aujourd¡¯hui, mais également avec l¡¯Église du passé et, en particulier, avec son origine apostolique. L¡¯unité de l¡¯Église se fonde sur la foi apostolique, qui est transmise dans le baptême et est confiée à chaque nouveau membre du Corps du Christ.
Le fondement de l¡¯?cuménisme spirituel christologique
Étant donné que l¡¯unité ne peut être retrouvée que dans la foi commune, la confession christologique du Concile de Nicée apparaît comme le fondement de l¡¯?cuménisme spirituel. Cela est bien entendu un pléonasme. L¡¯?cuménisme chrétien est spirituel ou ce n¡¯est pas de l¡¯?cuménisme. Voilà pourquoi le Décret sur l¡¯?cuménisme du Concile Vatican II définit l¡¯?cuménisme spirituel comme «l¡¯âme de tout l¡¯?cuménisme» (UR, n. 8). Cela était déjà évident aux débuts du mouvement ?cuménique, avec l¡¯introduction de la Semaine de prière pour l¡¯unité des chrétiens, elle-même une initiative ?cuménique. Le mouvement ?cuménique a été dès ses origines un mouvement de prière. C¡¯est la prière pour l¡¯unité des chrétiens qui a ouvert la voie au mouvement ?cuménique.
La centralité de la prière souligne le fait que l¡¯engagement ?cuménique est avant tout un devoir spirituel, pris dans la conviction que l¡¯Esprit Saint portera à terme l¡¯?uvre ?cuménique qu¡¯il a commencée et nous indiquera la voie. Cela est particulièrement vrai quand l¡¯?cuménisme spirituel est conçu et mis en ?uvre comme ?cuménisme christologique, dont le Concile de Nicée représente une solide base. Le c?ur de l¡¯?cuménisme chrétien réside en effet dans la conversion commune de tous les chrétiens et des Églises à Jésus Christ, dans lequel l¡¯unité nous est déjà donnée. L¡¯?cuménisme chrétien ne peut progresser de façon crédible que si les chrétiens reviennent ensemble à la source de la foi, qu¡¯il n¡¯est possible de trouver qu¡¯en Jésus Christ, comme cela a été professé par les Pères conciliaires à Nicée.
De cette façon, l¡¯?cuménisme chrétien correspond plus profondément à la volonté du Seigneur, commune à tous les chrétiens, qui dans sa prière sacerdotale a prié pour l¡¯unité de ses disciples: «Qu¡¯ils soient tous un» (Jn 17, 21). Ce qui frappe dans la prière de Jésus est qu¡¯il ne commande pas l¡¯unité à ses disciples, et ne l¡¯exige pas; mais il prie pour elle en s¡¯adressant au Père céleste. Cette prière révèle en quoi consiste et doit consister la recherche ?cuménique visant à rétablir l¡¯unité à la lumière de la foi. L¡¯?cuménisme chrétien ne peut être autre que l¡¯adhésion de tous les chrétiens à la prière sacerdotale du Seigneur, et le devient quand les chrétiens éprouvent, au plus profond d¡¯eux, un fort désir d¡¯unité. Si l¡¯?cuménisme ne se limite pas à une dimension interpersonnelle et philanthropique, mais possède une inspiration et une base réellement christologiques, il ne peut être autre chose que la participation à la prière sacerdotale de Jésus. La signification la plus profonde de l¡¯?cuménisme spirituel comme ?cuménisme christologique est que nous nous laissons tous impliquer dans le mouvement de prière au Père céleste adressée par Jésus et devenons ainsi une seule chose. La demeure intérieure de l¡¯unité des chrétiens ne peut être que la prière de Jésus.
L¡¯actualité durable du Concile
Si nous gardons à l¡¯esprit ces divers aspects de la confession christologique du Concile de Nicée, apparaît clairement, comme impératif important de l¡¯?cuménisme actuel, la nécessité de fêter son 1700e anniversaire dans la communion ?cuménique entre toutes les Églises chrétiennes, de redécouvrir et de valoriser à nouveau sa confession de foi en Jésus Christ. Cette nécessité s¡¯impose également pour une autre raison. Si nous regardons de façon honnête l¡¯actuel contexte de la foi sous nos latitudes, nous devons reconnaître que nous nous trouvons dans une situation semblable à celle du IVe siècle, car nous assistons à un puissant réveil des tendances ariennes.
Dès les années 1990, le cardinal Joseph Ratzinger reconnut dans un «nouvel arianisme» le véritable défi que le christianisme contemporain devait affronter. L¡¯esprit de l¡¯arianisme est perceptible surtout dans le fait que, aujourd¡¯hui encore, de nombreux chrétiens sont sensibles à toutes les dimensions humaines de la figure de Jésus de Nazareth, mais ont des problèmes à l¡¯égard de la confession christologique selon laquelle Jésus de Nazareth est l¡¯unique Fils du Père Céleste, et donc à l¡¯égard de la foi christologique de l¡¯Église. Aujourd¡¯hui, même dans l¡¯Église et dans l¡¯?cuménisme, il est souvent très difficile de percevoir dans l¡¯homme Jésus le visage de Dieu lui-même et de le confesser comme Fils de Dieu, car on tend à le voir simplement comme un être humain, bien que suprêmement bon et exceptionnel.
Mais si Jésus, comme le considèrent aujourd¡¯hui de nombreux chrétiens, n¡¯était qu¡¯un homme ayant vécu il y a deux mille ans, il serait irrémédiablement relégué dans le passé, et seule notre mémoire humaine pourrait le reporter au présent, plus ou moins clairement. Dans ce cas, Jésus ne pourrait être l¡¯unique Fils de Dieu dans lequel Dieu lui-même est présent au milieu de nous. Ce n¡¯est que si est vraie la confession de l¡¯Église selon laquelle Dieu lui-même s¡¯est fait homme et que Jésus Christ est véritable Dieu et véritable homme et participe donc de la présence de Dieu, qui embrasse tous les temps, que nous pouvons le confesser aujourd¡¯hui comme «consubstantiel au Père».
La foi chrétienne tient ou tombe aujourd¡¯hui avec la confession christologique du Concile de Nicée. Nous occuper de ce Concile est donc important, non seulement au niveau historique. Mieux, son credo reste quant à lui actuel, également et surtout dans la situation actuelle de la foi. Et raviver sa confession christologique représente un défi qui doit être relevé en communion ?cuménique.
La recherche d¡¯une date commune de Pâques
Le Concile de Nicée est important du point de vue ?cuménique également parce que, outre la confession christologique, il s¡¯est occupé de questions disciplinaires et canoniques qui, exposées dans vingt canons, fournissent un bon aperçu des problèmes et des préoccupations pastorales de l¡¯Église du début du IVe siècle. Il s¡¯agit de questions qui concernent le clergé, certains conflits de juridiction, des cas d¡¯apostasie, la situation des novatiens, ceux que l¡¯on appelle les «purs» et les disciples de Paul de Samosate.
La question pastorale la plus importante était celle relative à la date de Pâques, ce qui montre qu¡¯elle était déjà controversée dans l¡¯Église primitive, et qu¡¯il existait diverses dates: surtout en Asie mineure, les chrétiens célébraient Pâques en même temps que la Pâque juive, le 14 Nissan, et étaient donc connus comme quartodécimans. À l¡¯inverse, les chrétiens appelés protopaschites, surtout en Syrie et en Mésopotamie, célébraient Pâques le dimanche suivant la Pâque juive. À la lumière de cette situation, le Concile de Nicée a le mérite d¡¯avoir trouvé une norme uniforme, exprimée dans la «Lettre aux Égyptiens»: «Nous vous avertissons aussi que le différend touchant le jour auquel la fête de Pâque doit être célébrée, a été heureusement terminé par le secours de vos prières». Cela signifiait que la fête de Pâques devait être célébrée conformément à ce qui avait lieu chez les Romains.
Dans l¡¯histoire du christianisme, une situation nouvelle se produisit au XVIe siècle, quand le Pape Grégoire XIII, par une réforme fondamentale du calendrier, introduisit ce que l¡¯on appela le calendrier grégorien, qui prévoit la célébration de Pâques le dimanche suivant la première pleine lune de printemps. Tandis que depuis lors, les Églises en Occident calculent la date de Pâques selon ce calendrier, les Églises en Orient utilisent encore en grande partie le calendrier julien, qui fut également la base du Concile de Nicée.
Bien qu¡¯entretemps, diverses propositions pour une date commune de Pâques aient été l¡¯objet de débats, la question n¡¯a pas encore été résolue. Le Concile Vatican II s¡¯était déjà penché sur cet urgent défi pastoral dans un appendice à la Constitution sur la Sainte Liturgie «Sacrosanctum Concilium», promulguée en 1963, en affirmant estimer «d¡¯une grande importance les désirs de beaucoup en faveur de la fixation de la fête de Pâques à un dimanche déterminé et de la stabilisation du calendrier». Le Concile s¡¯est déclaré favorable «à ce que la fête de Pâques soit fixée à un dimanche déterminé dans le calendrier grégorien, avec l¡¯assentiment de ceux à qui importe cette question, surtout des frères séparés de la communion avec le Siège apostolique». Le Pape François a manifesté à plusieurs reprises le même esprit d¡¯ouverture.
Le 1700e anniversaire du Concile de Nicée offre une occasion spéciale pour revoir la question de la date de Pâques, en particulier parce qu¡¯en 2025, elle tombera le même jour, le 20 avril, tant pour les Églises d¡¯Orient que pour les Églises d¡¯Occident. Il est donc compréhensible que se soit réveillé dans la communauté ?cuménique le désir de saisir le grand anniversaire du Concile comme une opportunité pour reprendre et intensifier les efforts visant à trouver une date commune pour Pâques.
Style synodal
D¡¯un point de vue ?cuménique, le Concile de Nicée revêt une importance particulière également parce qu¡¯il documente la manière dont le débat alors houleux sur la confession christologique orthodoxe et la question pastorale et disciplinaire de la date de Pâques ont été discutés et décidés dans un style synodal. L¡¯historien de l¡¯Église Eusèbe de Césarée, qui fut lui-même l¡¯un des Pères conciliaires et qui considéra le Concile de Nicée comme une nouvelle Pentecôte, souligna expressément que les premiers serviteurs de Dieu réunis au Concile provenaient «de toutes les Églises de toute l¡¯Europe, de l¡¯Afrique et de l¡¯Asie». Le Concile de Nicée peut donc être considéré comme le début, au niveau de l¡¯Église universelle, de la manière synodale de discuter des problèmes et de prendre des décisions.
Le 1700e anniversaire du Concile de Nicée devrait donc être vu aussi comme une invitation et un défi à tirer les leçons de l¡¯histoire et à approfondir la pensée synodale, en l¡¯ancrant dans la vie de l¡¯Église. La revitalisation actuelle de la dimension synodale de l¡¯Église ne semble pas nouvelle; il peut plutôt être lié aux traditions synodales de l¡¯Église primitive. Le célèbre Père de l¡¯Église Jean Chrysostome expliquait déjà que «Église» est un nom «qui indique un chemin commun» et que Église et Synode sont donc «synonymes».
Dans ce domaine, nous pouvons également apprendre beaucoup les uns des autres dans les dialogues ?cuméniques puisque la synodalité s¡¯est développée de différentes manières dans les différentes Églises et communautés ecclésiales. Cela a été démontré, par exemple, par les colloques ?cuméniques internationaux organisés par l¡¯Institut d¡¯études ?cuméniques de l¡¯Université pontificale Saint-Thomas d¡¯Aquin en préparation du Synode des évêques autour de concepts et d¡¯expériences concernant la synodalité dans les Églises chrétiennes d¡¯Orient et d¡¯Occident. Ces colloques étaient intitulés respectivement «À l¡¯écoute de l¡¯Orient» et «À l¡¯écoute de l¡¯Occident». Ces rencontres ont démontré de manière significative que l¡¯Église catholique peut s¡¯enrichir de la pensée théologique et des expériences d¡¯autres Églises dans ses efforts pour raviver un style de vie synodal et renforcer ses structures, et que l¡¯approfondissement de la dimension synodale dans la théologie et dans la pratique de l¡¯Église catholique représente une contribution importante que celle-ci peut apporter aux dialogues ?cuméniques, également en vue d¡¯une compréhension plus fine du lien étroit entre synodalité et primauté.
En outre, la dimension ?cuménique de la synodalité a été particulièrement soulignée lors de l¡¯Assemblée générale du Synode des évêques. Le Pape François a rappelé à plusieurs reprises l¡¯interdépendance entre la synodalité et le parcours ?cuménique, affirmant que le chemin synodal entrepris par l¡¯Église catholique se devait d¡¯être ?cuménique, de même que le parcours ?cuménique est synodal. La manière dont la synodalité est présentée et discutée dans l¡¯Église catholique s¡¯inscrit donc dans une perspective ?cuménique.
L¡¯autorité de l¡¯Église et de l¡¯État
Il existe cependant une différence fondamentale qu'il ne faut pas négliger entre les efforts actuels visant à revitaliser la synodalité et le Concile de Nicée. À première vue, elle peut paraître insignifiante, mais sa pertinence apparaît surtout si l¡¯on l¡¯envisage dans une perspective ?cuménique. Il s¡¯agit du fait historique que le Concile de Nicée a été convoqué par une autorité étatique, et plus précisément par l¡¯empereur Constantin. Constantin considérait la dispute qui avait éclaté à propos de la confession christologique comme une grande menace pour son projet de consolider l¡¯unité de l'empire sur le fondement de l¡¯unité de la foi chrétienne. Il envisageait la possibilité d¡¯une imminente division de l¡¯Église principalement comme un problème politique. Pourtant, il était suffisamment clairvoyant pour comprendre que l¡¯unité de l¡¯Église devait être résolue non pas d¡¯une manière politique, mais d¡¯une manière ecclésiastique et théologique. Pour réconcilier les communautés alors en conflit, il convoqua le premier Concile ?cuménique dans la ville de Nicée en Asie Mineure, près de la résidence impériale de Nicomédie.
L¡¯une des conséquences regrettables de cette approche est le fait qu¡¯après Constantin, les empereurs, en particulier son fils Constance, ont mené avec détermination une politique consistant à se détourner du credo du Concile de Nicée et à promouvoir à nouveau l¡¯hérésie d¡¯Arius. Cela signifie que la décision du Concile de Nicée n¡¯a pas mis fin au débat sur la compatibilité entre la profession de foi en la divinité de Jésus-Christ et la conviction monothéiste du IVe siècle, mais a relancé la controverse sur la nature de Jésus-Christ comme appartenant à Dieu ou à la Création. Ces développements ont même poussé Basile, le célèbre évêque de Césarée, à comparer la situation qui a suivi le Concile de Nicée à une bataille navale nocturne dans laquelle tous luttent contre tous, arrivant à la conclusion que les controverses conciliaires avaient donné lieu au sein de l¡¯Église à «un désordre et une confusion terribles» et à «des bavardages incessants».
D¡¯un point de vue ?cuménique, il est important de noter que du fait de ce contexte historique, différentes conceptions de la relation entre l¡¯Église et l¡¯Etat ont émergé au sein de l¡¯Église d¡¯Orient et de l¡¯Église d¡¯Occident. Cette dernière a dû apprendre d¡¯une histoire longue et complexe que la manière appropriée de façonner ses relations avec l¡¯État consistait à garantir une séparation entre les deux, tout en maintenant un partenariat. Dans l¡¯Église d¡¯Orient, au contraire, le modèle d¡¯un lien étroit entre le gouvernement de l¡¯État et la hiérarchie ecclésiastique s¡¯est largement répandu. Généralement appelé «symphonie entre l¡¯Église et l¡¯État», ce modèle est particulièrement évident dans les concepts orthodoxes d¡¯autocéphalie et de territoire canonique.
Les différentes traditions concernant la manière de configurer les relations entre l¡¯Église et l¡¯État se sont souvent déroulées dans le contexte de conflits survenus tout au long de l¡¯histoire entre l¡¯Église d¡¯Orient et l¡¯Église d¡¯Occident. Elles ont également eu un impact significatif sur les relations ?cuméniques. Cependant, elles figurent jusqu¡¯à présent parmi les sujets les moins abordés dans les dialogues ?cuméniques. Il sera donc crucial de les inclure parmi les premiers points à l¡¯ordre du jour ?cuménique, surtout dans la perspective du grand anniversaire du Concile de Nicée en 2025.
C¡¯est pourquoi le 1700e anniversaire du Concile de Nicée représente non seulement une opportunité féconde de renouveler, dans la communion ?cuménique, la profession de foi en Jésus-Christ, Fils consubstantiel au Père, mais constitue également un défi important, à savoir celui de traiter et discuter avec clarté les problématiques du passé qui, encore ouvertes, n¡¯ont pas été suffisamment abordées dans les débats ?cuméniques tenus jusqu'à présent. Si les opportunités et les défis sont mis sur un pied d¡¯égalité, le 1 700e anniversaire du Concile de Nicée pourrait véritablement s¡¯avérer être un grand tournant pour l¡¯avenir de l¡¯?cuménisme.
* préfet du dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens
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