Le cardinal Parolin invite Donald Trump ¨¤ d¨¦passer la polarisation
Salvatore Cernuzio et Mario Galgano - Cité du Vatican
«Au début de son mandat, nous lui souhaitons beaucoup de sagesse car c'est la principale vertu des gouvernants selon la Bible», a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d¡¯Etat du Saint-Siège, interrogé sur les résultats de la présidentielle américaine par des journalistes, jeudi 7 novembre, en marge de la conférence à l¡¯Université pontificale grégorienne sur le 75e anniversaire des Conventions de Genève
«Moi, a-t-il ajouté, je crois qu'il doit surtout travailler pour être le président de tout le pays, donc surmonter la polarisation qui s'est produite, qui a été ressentie de manière très très claire en ce moment». Au nom du Saint-Siège, le cardinal a espéré que le nouveau président américain «pourra vraiment être un élément de détente et de pacification dans les conflits actuels qui ensanglantent le monde».
Humilité et volonté de mettre fin aux guerres
En parlant de guerres, le cardinal - sollicité par les journalistes - a commenté la phrase prononcée par Donald Trump pendant la campagne électorale mais aussi, après sa victoire, sur la scène du Convention Center de Palm Beach en Floride: «Je ne commencerai pas les guerres mais je les arrêterai»: «Espérons, espérons», s'est exclamé le cardinal Parolin, «je crois que même lui n'a pas de baguette magique». Pour mettre fin aux guerres, a souligné le secrétaire d'État du Saint-Siège, «il faut beaucoup d'humilité, beaucoup de volonté, il faut vraiment rechercher l'intérêt général de l'humanité, plutôt que de se concentrer sur des intérêts particuliers. Je l'espère».
Le cardinal est resté toutefois prudent et demande du temps avant de s'exprimer sur la crainte - notée par un journaliste - des Ukrainiens et des Palestiniens que «la paix se fasse à leurs dépens». «Il est difficile de se prononcer sur ces aspects, nous verrons quelles propositions il fera, parce que beaucoup de choses sont restées incertaines. Par exemple, cette fameuse phrase: ¡®¡¯Le lendemain de la guerre finira... ¡®¡¯, mais comment? Personne n'a jamais pu le dire et même lui n'a pas donné d'indications concrètes à ce sujet. Voyons maintenant ce qu'il proposera après son entrée en fonction».
Une politique «sage» à l'égard des personnes migrantes
Toujours à propos de Donald Trump, le secrétaire d'État est prié de rendre compte de ses propos de campagne - le dernier, il y a quatre semaines, à Aurora dans le Colorado évoquant le recours à l'Alien Enemies Act de 1798 - sur la promesse, en cas de victoire, de la plus grande déportation massive d'immigrés clandestins latino-américains. De ce point de vue, le cardinal Parolin a rappelé «la position du Pape et du Saint-Siège» sur la question des migrations qui «est très claire en ce sens». «Nous sommes en faveur d'une politique sage à l'égard des migrants, et donc d'une politique qui ne va pas jusqu'à ces extrêmes. Le Pape a donné des indications très précises et très claires sur cette question. Je crois que c'est la seule façon d'aborder le problème et de le résoudre de manière humaine».
Un consensus unitaire sur la question de la vie
Le thème de la défense de la vie fut important lors de cette campagne, à ce sujet, le cardinal Parolin a recommandé de mettre en ?uvre «une politique commune», une politique qui cherche à «unir les consensus» et à «ne pas redevenir une politique de polarisation et de division». «J'espère aussi que cette défense de la vie que Trump a assuré qu'il ferait pendant son mandat pourra élargir le consensus», a dit le cardinal.
Les relations ne changent pas
Il a ensuite assuré que les relations entre le Saint-Siège et la nouvelle administration américaine se poursuivront et ne changeront pas, comme elles l'ont fait «pendant le précédent mandat de Trump». «Comme toujours, dit-il, il y a des éléments qui nous rapprochent et des éléments qui nous différencient peut-être, qui nous éloignent. Ce sera l'occasion d'exercer le dialogue et d'essayer de trouver ensemble de nouveaux points de consensus, toujours au profit du bien commun et de la paix dans le monde».
Le dialogue avec la Chine se poursuit
Enfin, le cardinal Parolin a été interrogé sur les relations avec la Chine, rappelant les tensions de 2020 lorsque le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, avait sévèrement critiqué l'accord entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine sur la nomination des évêques, craignant même, en cas de renouvellement, le risque pour le Vatican de mettre «son autorité morale en péril». «Nous avons cependant avancé avec la Chine, nous avons renouvelé l'accord pour quatre ans», a répondu le cardinal Parolin, rappelant la prolongation de l'accord en octobre dernier pour quatre années supplémentaires. «Le dialogue continue, à petits pas, mais il continue», assure le secrétaire d'État, «donc nous confirmons cette ligne, au-delà des réactions qui peuvent venir aussi de l'Amérique».
Ce que le cardinal a tenu à rappeler, c'est que «l'intérêt» du Saint-Siège pour la Chine «est essentiellement ecclésial», et qu'il est donc nécessaire de «sortir d'une conception politique qui est peut-être présente dans de nombreuses évaluations de gouvernements et de pays».
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