Synode: plusieurs contributions sur les diff¨¦rents probl¨¨mes de l'?glise
Tiziana Campisi et Lorena Leonardi - Cité du Vatican
De nombreuses propositions concrètes visant à lutter contre tout type d'abus ou pour une plus grande responsabilité des laïcs dans l'Église, des femmes et des jeunes en particulier, ont dominé les récents travaux du Synode. c'est ce qui a été communiqué au cours de la conférence de presse qui s'est tenue dans la Salle de presse du Saint-Siège ce 14 octobre à la mi-journée.
La secrétaire de la Commission pour l'information a en effet fait le point «sur les travaux de ce matin - la neuvième congrégation générale, qui s'est tenue en présence du Pape François - ainsi que sur ceux de samedi matin et de vendredi après-midi», consacrés à la section 'Chemins' de l'Instrumentum laboris et qui porte sur le «processus de décision», sur le triptyque «transparence, responsabilité, évaluation». En particulier, «il était très important d'écouter les expériences de la Chine, de la péninsule arabique, de l'Amazonie, des îles Seychelles et du Sahel sur ces questions», a-t-elle rapporté. Et ce sont précisément ces expériences «qui ont mis en évidence des problèmes tels que, par exemple, la difficulté de trouver une harmonie entre les traditions chrétiennes et les rites locaux ou avec les réglementations civiles locales sur le mariage». C'est aussi parce que «l'Église a négligé dans le passé la diversité et la complémentarité entre les cultures», ont noté les membres du synode. En même temps, «des conseils et des suggestions ont été offerts sur la base de réalités déjà existantes, comme la Conférence ecclésiale d'Amazonie, qui, en interne, donne voix à des réalités différentes, ou les expériences de l'Église africaine, qui fait preuve d'une grande vitalité».
Impliquer les enfants dans l'Église
À plusieurs reprises, «on a parlé de l'importance d'impliquer les enfants dans la vie de l'Église, afin de ne pas parler seulement des enfants mais avec les enfants», a poursuivi la secrétaire de la Commission pour l¡¯information. D'autres points ont été mentionnés comme la valorisation des catéchistes, l'importance «d'écouter les jeunes parce que, parfois, les thèmes et les sujets sont décidés quand ils s'intéressent à autre chose». En outre, «il a été question d'inclure les écoles catholiques dans le processus d'évangélisation et de formation, car elles représentent une ressource importante pour l'Église». Cependant, dans certaines parties du monde, l'État a pris possession de ces écoles, et des programmes contraires à l'enseignement de l'Église y sont imposés.
La violence subie par les religieuses
«Un exposé sur la violence subie par les religieuses, y compris celles en formation, a été suivi avec attention. Il s¡¯agit non seulement des abus sexuels, mais aussi des abus de pouvoir, de conscience et de spiritualité». «Il a été dit qu'il y a des religieuses qui travaillent dur, en particulier pour atteindre les plus vulnérables, mais que ces mêmes femmes, lorsqu'elles sont confrontées à des problèmes d'abus sexuels ou autres, n'expriment pas leur préoccupation». «En raison de l'attitude patriarcale de la société, elles restent silencieuse». À cet égard, il a été proposé «d'introduire des procédures et des systèmes dans les diocèses et les conférences épiscopales pour traiter ces questions». Une autre proposition a été faite: la révision des politiques contractuelles, afin de garantir la dignité des femmes consacrées, mais aussi des laïcs en général.
Manque de femmes et d'experts laïcs dans la formation des prêtres
Toujours au sujet des femmes, «on a constaté que dans la plupart des séminaires, il manque une présence féminine de femmes consacrées ou de femmes laïques dans la formation des prêtres, tout comme il manque des laïcs expérimentés». Or, il a été souligné que «La participation des femmes est fondamentale parce qu'elles peuvent voir des choses que les autres ne voient pas, elles garantissent une formation équilibrée et elles enrichissent le programme général des futurs prêtres».
Organismes de soutien aux évêques
Le thème d'une plus grande présence des laïcs et des femmes à des niveaux de resonsabilité a également été évoqué, a affirmé le préfet du dicastère pour la Communication et président de la Commission pour l'information du Synode. «Ces trois dernières congrégations générales ont accordé une large place au thème des processus décisionnels». À cet égard, «la nécessité de mettre en place des conseils de laïcs, ayant autorité et expérience, a été soulignée à maintes reprises, afin d'éviter une surcharge de travail pour ceux qui occupent des postes de responsabilité». Il a également été «souligné l'importance de créer des conseils ou en tout cas des organismes qui peuvent aider les évêques ou ceux qui sont en position de responsabilité» a-t-il ajouté. «De ce point de vue, il a été dit dans certains discours que de nombreuses décisions erronées prises dans le passé sur des cas d'abus d'enfants dans l'Église l'ont été par des évêques qui étaient probablement isolés ou sous pression, rapporte-t-il . Il a donc été proposé d'introduire des comités consultatifs dans les diocèses que l'évêque peut utiliser, non seulement pour renforcer la protection et la prévention, mais aussi dans le cas où des prêtres accusés mais ensuite reconnus innocents doivent être réintégrés ou voir leur crédibilité rétablie». En effet, il a été dit au sein de l'Assemblée qu'«il y a beaucoup de résistance lorsque la personne est reconnue innocente». Mais «avec l'aide d'un conseil composé de psychologues, de parents d'enfants abusés, de travailleurs sociaux, d'assistants, il serait plus facile de restaurer la crédibilité et la justice d'un prêtre innocent».
La transparence dans l'Église
«Dans le même ordre d'idées, poursuit le préfet, il a été souligné que la transparence est un élément fondamental dans l'Église synodale, en particulier dans les domaines de la protection et des finances. Cette transparence, a-t-on souligné dans d'autres interventions, doit toujours être équilibrée avec la confidentialité, le respect de la vie privée et des informations sensibles». Paolo Ruffini a indiqué que le thème de la responsabilité a également été abordé au cours des travaux, s'attardant «sur la signification de la responsabilité: nous sommes tous d'accord, a-t-on dit, sur la nécessité de rendre des comptes, mais la question a été posée de savoir à qui nous devons rendre des comptes, au monde, à l'opinion publique, aux journalistes». Parfois, en effet, «nos programmes pastoraux et nos critères d'appartenance à l'Église sont dictés par des exigences qui ne sont pas exactement celles de l'Évangile». Par conséquent, «la priorité est avant tout de rendre compte à Dieu, à la communauté, afin de ne pas tomber dans le piège de rendre compte, précisément, à des instances qui ne sont pas évangéliques». Et, a-t-il ajouté, il est nécessaire de «rendre compte à l'Église, et non à un quelconque contexte humain, selon les principes de l'Évangile. Nous ne sommes pas un conseil d'administration, mais le corps mystique du Christ, le peuple saint de Dieu». Et puis, a-t-il poursuivi, «rendre compte aux plus pauvres, aux membres fragiles du Christ, qui nous jugent sur la base de notre manière de vivre». En outre, il a été suggéré de tirer le meilleur parti des «réalités synodales déjà existantes dans les diocèses, les paroisses, les conférences épiscopales» et «il a également été dit d'apprendre des nouvelles Églises, comme celles d'Afrique, et de ne pas leur imposer la réalité des Églises d'Occident» qui sont souvent in articulo mortis (à l¡¯instant de la mort, ndlr). Et puis il y a eu «la proposition de rendre obligatoires les synodes diocésains».
La synodalité expérimentée dans la vie consacrée
Le préfet a rapporté qu'il a également été fait référence «à l'exemple de la vie consacrée qui expérimente depuis des années des formes de synodalité: sur ce point, on a cité le discernement des moines martyrs de Tibhirine, qui ont décidé de rester en Algérie dans un contexte de souffrance, de violence et d'offrir leur vie non seulement et pas tellement pour obéir au supérieur, mais après avoir accompli le cheminement intérieur de chacun de manière synodale». Par ailleurs, au sujet d'une éventuelle mise à jour du droit canonique, il a été dit que le Code n'est pas un «triste instrument contraignant» mais «une expression de la foi catholique». «Le respect de la loi de l'Église est le meilleur moyen de lutter contre le cléricalisme», a-t-on affirmé, «et la loi est un bouclier qui protège les plus faibles». «Le discours sur l'expérience pastorale d'une Église africaine qui, depuis quelques années, a commencé à organiser des assemblées dominicales sans prêtres, absents en raison de l'immensité des paroisses ou de la distance entre un village et un autre, a été également intéressant», a déclaré Paolo Ruffini. «Il s'agit d'assemblées où les fidèles se réunissent sous la responsabilité de catéchistes ou de laïcs faisant autorité pour écouter la parole de Dieu et recevoir la communion».
Éviter le cléricalisme
Revenant toujours sur l'appel à éviter toute forme de cléricalisme, le prefet a conclu: «L'antidote, ont dit certains orateurs, est la proximité entre les évêques, avec les prêtres, avec Dieu, avec le peuple. Des relations dynamiques et jamais statiques, impliquant une participation directe aux processus de décision. Sur ce point, en particulier, il a été dit que même le mot «consultatif» dans l'Église signifie l'obligation d'écouter et de prendre en compte». En outre, « dans plusieurs interventions, il a également été souligné qu'il est nécessaire, au moment de prendre une décision, d'expliquer les raisons pour lesquelles les responsables ont décidé d'agir à l'encontre de l'opinion commune, en soulignant les forces et les faiblesses des processus de prise de décision». Et justement, «sur ce dernier point en particulier, dans un discours, on a rappelé la formule de saint Cyprien: ¡°Rien sans la responsabilité personnelle de l'évêque, rien sans l'avis des presbytres, rien sans le consentement du peuple de Dieu¡± ».
Au Rwanda, soigner tout le monde
«Trente ans, c'est long, mais en réalité, c'est comme si c'était hier. Les conséquences sont nombreuses et, en tant qu'Église, nous essayons de guérir les gens, qu'ils soient victimes ou bourreaux. Nous apprenons à être des frères et des s?urs». Le génocide rwandais n'est pas encore une cicatrice, mais une plaie ouverte, selon les mots de Mgr Edouard Sinayobye, évêque de Cyangugu, dans la province occidentale du pays. S'exprimant lors de la conférence de presse tenue dans la Salle de presse du Saint-Siège, l¡¯évêque a décrit comment l'Église accompagne la tentative laborieuse de renaissance, et ce que l'expérience du synode signifie pour le Rwanda. «Tout comme les disciples, lit-on dans les Actes des Apôtres, ne formaient qu'un seul c?ur autour de Pierre et Marie, nous vivons une assemblée synodale autour du Pape François, qui est un signe et un charisme de l'unité de l'Église», a expliqué en français Monseigneur Sinayobye, et c'est «dans ce processus synodal que se trouve le chemin de la réconciliation et de l'unité».
Réparer le tissu déchiré par le génocide
Lorsque nous, en tant que conférence épiscopale, avons abordé le synode pour la première fois, le processus «a été accueilli comme un kairos», car «la communion est un concept éloquent pour le c?ur du Rwanda»: le synode est vécu comme «un enseignement qui nous donne les fondements bibliques et théologiques pour comprendre que nous ne faisons qu'un. Parler de fraternité nous aide à comprendre que nous sommes frères et s?urs». Le synode devient ainsi un «style de vie spirituel» qui rappelle le modus vivendi et le modus operandi de l'Église tout entière. Dans la phase d'écoute, a-t-il rappelé, «dans chaque diocèse, nous avons rencontré tout le monde, des communautés ecclésiales de base aux enfants, en passant par les personnes consacrées et les personnes en marge, les prisonniers, les prostituées, les handicapés» et initié une formation à la pratique missionnaire qui concerne tout le monde, en particulier les laïcs: le Synode contribue ainsi à renforcer la pastorale, qui est le point de départ pour réparer le tissu humain et social déchiré par le génocide.
Les thèmes des chemins synodaux
La théologienne s?ur Gloria Liliana Franco Echeverri, qui a également participé au Synode sur l'Amazonie et qui est présidente de la Confédération latino-américaine des religieux (CLAR), s'est attardée sur la formation, le discernement, la participation et la responsabilité, les quatre thèmes de «Chemins» - la partie de l'Instrumentum Laboris qui a été au centre des travaux de ces jours-ci. Nous avons reconnu, a-t-elle résumé, que la formation «n'a de sens que si nous la faisons en tant que témoins, si elle est intégrale et part d'une base anthropologique, inclusive et attentive à la réalité»; le discernement est «la clé pour répondre au niveau territorial», «il nous offre la possibilité de comprendre ce que l'Esprit demande» puisque «la réalité de l'Église est variée, elle connaît des moments et des priorités différents». Une fois encore, a poursuivi la religieuse, l'importance des structures participatives est apparue dans les discussions de ces derniers jours, ainsi que la valeur de la transparence «comme une culture plutôt qu'un moyen», capable d'«imprégner les modalités identitaires de l'Église».
Apprendre et partager
Le Synode «vise à libérer les dons et les charismes de chaque baptisé, évêques, curés et responsables des différents groupes opèrent selon une ¡± coresponsabilité"» à entendre au sens spirituel a déclaré l'archevêque de Riga, Mgr Zbignevs Stankevi?s. Se référant également à sa propre expérience en Lettonie, en particulier au partage des bonnes pratiques pastorales comme source d'inspiration pour les pasteurs, le vice-président de la Conférence épiscopale de Lettonie a cité la floraison, ces dernières années, d'écoles d'évangélisation et, en général, d'initiatives qui attisent le feu de l'évangélisation. Enfin, Mgr Stankevi?s a évoqué la «rénovation divine¡°, une expérience de "revitalisation des paroisses¡° née au Canada, où dans une communauté sur le point de disparaître, 80 ministères et 800 bénévoles engagés dans des activités ont prospéré». «Je crois, a-t-il conclu, qu'il est nécessaire de regarder là où l'Esprit de Dieu est à l'?uvre et d'apprendre, de partager. Non seulement pendant le Synode, mais aussi après».
Le diaconat féminin
Le sujet du diaconat féminin a ensuite été abordé dans l'espace dédié aux questions des journalistes, et Mgr Sinayobye a été interrogé sur son opinion personnelle. L'évêque a tout d'abord expliqué qu'en Afrique, il n'existe pas de service diaconal permanent, mais seulement le diaconat comme étape vers la prêtrise. Quant à la possibilité d'avoir des femmes diacres, l'évêque de Cyangugu a déclaré qu'il s'agissait d'une question étudiée très sérieusement et attentivement, en tenant compte de l'éclairage offert par le magistère de l'Église. Concernant sa propre opinion, Mgr Sinayobye a déclaré qu'en tant qu'évêque, son rôle n¡¯est pas de mettre en avant ses sentiments et ses sensibilités, mais de poursuivre sa mission en communion avec les autres évêques et avec le Pape. «Je suis au service de cette Église, il n¡¯y a pas un sentiment à avoir», a-t-il ajouté.
La culture du soin
Sur le thème de l'abus des religieuses, qui a été abordé dans la Salle de presse aujourd'hui, la question a été posée de savoir si une plus grande prise de conscience de ce problème pourrait émerger de ce Synode. S?ur Sheila Pires a précisé que la question était en train d'être analysée et que l'on envisageait de l'inclure dans le document final, tandis que s?ur Franco Echeverri a insisté sur la nécessité d'une culture de soin, en précisant qu'un travail sérieux est en cours sur les relations au sein de l'Église, avec une révision des attitudes qui ne sont pas cohérentes avec le style de Jésus. Pour la femme consacrée, la vie des religieuses ne doit pas être laissée de côté, et ce processus synodal permet de s'attarder sur l'option d'une culture du soin. Mgr Stankevi?, pour sa part, a souligné que la question de l'abus des religieuses concernait ce Synode, car elle est un obstacle à la mission de l'Église, puisqu'elle blesse les gens.
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