Le Pape en Hongrie: o¨´ sont les efforts de paix cr¨¦atifs?
Andrea Tornielli, directeur éditorial de Pope ¨C Cité du Vatican
À Budapest ce vendredi 28 avril, le Pape a fait siennes les paroles prononcées en 1950 par l'un des pères fondateurs de l'Europe, Robert Schuman: «La contribution qu'une Europe organisée et vitale peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien de relations pacifiques », car «la paix mondiale ne peut être sauvegardée que par des efforts créateurs, proportionnés aux dangers qui la menacent». Des paroles «mémorables» selon François, qui a ensuite demandé: «dans cette phase historique, les dangers sont nombreux; mais je me demande, même en pensant à l'Ukraine tourmentée, où sont les efforts créatifs en faveur de la paix».
Il est significatif de noter que le président de la République italienne, Sergio Mattarella, avait déjà cité cette phrase de Schuman il y a un an, lors d'un discours au Conseil de l'Europe. Oui, où sont ces efforts créatifs? Où est la diplomatie avec sa capacité à emprunter des voies nouvelles et courageuses vers une négociation pour mettre fin au conflit? Où sont les «schémas de paix» à mettre en ?uvre pour surmonter les «schémas de guerre» imminents?
La question de François est à la fois dramatique et réaliste. Dramatique, parce qu'elle nous confronte au manque d'initiative d'une Europe qui semble s'abandonner à la logique du réarmement et de la guerre tout en paraissant plutôt muette sur la paix. Réaliste, parce qu'elle nous met en garde contre l'accoutumance à «l'infantilisme de la guerre», à un conflit tragique qui peut dégénérer à tout moment, avec des conséquences catastrophiques pour l'humanité tout entière.
Pourtant, les paroles du Souverain pontife, sa référence à l'unité européenne, le «grand espoir» avec les Nations Unies pour empêcher de nouvelles guerres après celle dévastatrice qui s'est terminée en 1945, contiennent déjà une réponse. Elle réside dans l'invitation à redécouvrir «l'âme européenne», l'enthousiasme et le rêve des pères fondateurs, des hommes d'État qui ont su regarder au-delà de leurs frontières, qui n'ont pas succombé aux sirènes du nationalisme et qui ont été capables de réparer au lieu de déchirer. Des millions de personnes, qui voient aujourd'hui s'évanouir les grands espoirs suscités par la fin de la guerre froide et revenir les cauchemars de la menace atomique, attendent une réponse: où sont les efforts créatifs de paix?
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