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Delphine Allaire – Cité du Vatican

Ce mardi 7 mars, dans la sobriété et dignité que requiert le climat actuel en Grèce après la catastrophe ferroviaire, trois fragments du Parthénon en possession des Musées du Vatican, ont été remis à l’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, Sa Béatitude Hiéronyme II, par l’intermédiaire de son représentant venu à Rome. «Une donation ?cuménique», évoquait le Saint-Siège mi-décembre 2022. 

La diplomatie de l'art

La cérémonie officielle s'est déroulée en privé mardi, en présence du cardinal Fernando Vergez Alzaga, président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, de l’archéologue et ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, d'Emanuel Papamikroulis, représentant de l'archevêque de Grèce, et de Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican.

«Cette donation est un geste de paix en ce moment historique si marqué par les guerres», a déclaré le cardinal Vérgez lors de la cérémonie. «La valeur la plus importante de cet acte est, une fois de plus, de voir comment les collections d'art pontificales deviennent un point privilégié d'amitié entre les peuples, les peuples, les croyances, les Églises, surmontant toutes les barrières», a ajouté le cardinal espagnol, rappelant que les musées détenaient les fragments du Parthénon «à la suite d'achats légaux». 

Une acquisition vaticane légale au XIXe

du fronton, de la frise et d'une métope (panneau généralement sculpté) du Parthénon, représentent deux visages de jeunes et une tête de cheval.  

La tête de cheval provient du fronton occidental de l'édifice, sur lequel était représenté le conflit entre Athéna et Poséidon pour la domination de l'Attique; l'un des chevaux du quadrige d'Athéna a été identifié dans le fragment. Dans le relief à tête d'enfant, on a reconnu un personnage présent dans la frise qui enveloppait la cella du temple: un porteur des petits pains offerts lors de la procession des Panathénées en l'honneur d'Athéna. La tête d'homme barbu a plutôt été attribuée à l'une des métopes du côté sud de l'édifice, où était représentée une Centauromachie.

Ces fragments sont le résultat du pillage du sulfureux diplomate écossais Lord Elgin, alors chargé d’étendre l’influence britannique en Orient. Ils avaient toutefois été légalement acquis par les musées pontificaux au cours du XIXème siècle. La décision de les donner à l'archevêque de Grèce a été prise par le Pape François lors de son voyage à Chypre et en Grèce en décembre 2021, afin qu'ils puissent retrouver leur emplacement d'origine, au Parthénon d'Athènes, transférés au musée de l'Acropole.

La Grèce espère des émules

Pour sa part, le représentant de l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Emmanuel Papamikroulis, a loué ce geste papal, soulignant ses nombreuses implications positives: «Le Pape a montré que c'était possible et réaliste», a déclaré Emmanuel Papamikroulis, représentant l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce. «Une conséquence de cette initiative, qui en fait un véritable événement historique, est le fait qu'elle réunit dans ce monument, le seul du patrimoine culturel mondial, des parties indivisibles, réparant ainsi, même si ce n'est que partiellement, ce qui reste à faire pour guérir les blessures et les traumatismes qui ont conduit à des pratiques qui appartiennent et remontent à un passé lointain», a ajouté l’associé du Comité synodal pour les relations orthodoxes et interchrétiennes de l'Église de Grèce, espérant que cette initiative fasse des émules.

Les trois fragments du Parthénon arriveront à Athènes dans deux semaines, vendredi 24 mars. Leur réception fera l’objet d’une cérémonie d’accueil officielle.