Lettre aux jeunes mari¨¦s, l'enseignement d'un p¨¨re tendre
Gabriella Ceraso et Alessandro De Carolis - Cité du Vatican
«Un cadeau de Noël pour vous, conjoints, un encouragement, un signe de proximité et une occasion de méditation». C'est ainsi que le Pape François a présenté, en la fête de la Sainte Famille de Nazareth, sa Lettre aux époux, un texte qui arrive un an après le 27 décembre 2020, date à laquelle, lors de l'Angélus, il a annoncé l'Année dédiée à la "Famille Amoris laetitia". Un parcours riche en fruits et marqué par la «tendresse d'un père» qui se renouvelle dans un «texte magistral», selon Gabriella Gambino, sous-secrétaire du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie :
Dans la Lettre qu¡¯il a voulu envoyer aux jeunes mariés comme un cadeau, le Pape François passe en revue avec le ton d'un père les aspects et les étapes de la vie familiale, sans oublier les jeunes couples qui se préparent au mariage. Qu'est-ce qui vous frappe dans ce message ?
Ce qui me frappe, c'est la tendresse de son ton, l'affection qu'il a voulu exprimer aux familles dans une période si complexe, encore dominée par la pandémie. Aujourd'hui, il y a tant de familles qui vivent des crises et des difficultés de toutes sortes, vers lesquelles le Pape tourne son regard de père. Mais je suis particulièrement frappée par l'attention qu'il porte au sacrement du mariage. La beauté de ce don, si difficile à comprendre pour les jeunes d'aujourd'hui, réside dans la présence du Christ, qui habite dans les familles, au milieu de notre vie quotidienne. Et avec une délicatesse extraordinaire, le Pape entre dans notre quotidien, dans la dynamique de la famille, nous prenant presque par la main pour nous encourager et ne pas nous faire sentir seuls sur ce chemin. Et il exhorte les jeunes à se marier, à faire confiance à la grâce qui investit les époux, qui les soutient tout au long de leur vie dans l'aventure du mariage, même au milieu des tempêtes. En effet, le Pape nous rappelle que "comme chrétiens, nous ne pouvons pas renoncer à proposer aux jeunes l'idéal du mariage, c'est-à-dire le projet de Dieu dans toute sa grandeur. Ne pas le faire serait un manque d'amour de la part de l'Église envers les jeunes. Comprendre les situations exceptionnelles ne signifie jamais cacher la lumière de l'idéal le plus complet, ni proposer moins que ce que Jésus offre à l'être humain". Le Saint-Père nous le rappelle dans Amoris laetitia. (AL 307)
La Lettre aux époux intervient exactement un an après le 27 décembre 2020, date à laquelle le Pape a annoncé à l'Angélus l'Année consacrée à la " Famille Amoris laetitia ", cinq ans après la publication de l'exhortation apostolique. À votre avis, qu'est-ce qui s¡¯est amorcé avec cette annonce ?
La pastorale des familles du monde entier est en marche ! Après cinq années de réflexion et de comparaisons doctrinales, nous sommes passés à l'action et notre Dicastère, poussé par le Saint-Père, a pu développer de nombreux outils pastoraux pour aider les diocèses et les conférences épiscopales à traduire l'exhortation en action et en créativité pastorale. En vue également de la Rencontre mondiale, qui aura lieu dans six mois, cette Lettre du Pape aux couples mariés est un texte très important du magistère sur la famille, que les paroisses et les diocèses pourront utiliser pour préparer les familles à la Rencontre, pour réfléchir avec elles sur ce qu'est la famille et comment aujourd'hui, au milieu de tant de difficultés, comme le disait saint Jean-Paul II, elle peut devenir elle-même ! J'invite vraiment les communautés et les paroisses à le lire et à le méditer chez elles, en le suggérant et en le distribuant aux couples mariés du monde entier.
Selon vous, quels ont été les plus beaux fruits de cette année ?
Sans aucun doute, en général, je dirais qu'il y a beaucoup d'initiatives que le monde fait connaître à notre dicastère, et toutes celles qui ne nous parviennent pas, puisque le Pape nous a donné cette impulsion. Tant de paroisses, de diocèses, de conférences épiscopales, et même d'écoles et d'universités nous écrivent pour nous dire ce qu'ils font en réponse à l'appel du Saint-Père : accompagner les familles, les couples mariés, les situations les plus fragiles, les nouvelles unions, dans lesquelles les personnes cherchent le Seigneur. Un processus de créativité pastorale a été mis en marche, qui conduit également à une plus grande communion, dans de nombreux contextes, entre les pasteurs et les familles, afin d'apprendre à s'écouter mutuellement, et de valoriser le rôle des familles et des couples mariés dans l'Église. Ce n'est pas facile, mais partout on voit l'envie de réussir, d'essayer de comprendre comment marcher ensemble et aussi d'accompagner les situations les plus difficiles, celles qui étaient auparavant un peu laissées de côté. Les familles sont véritablement un atout pour l'Église, mais dans de nombreux contextes, nous devons encore comprendre comment mettre cette déclaration en pratique.
L'année consacrée à la famille se terminera en juin prochain, lorsque la rencontre mondiale des familles qui sera célébrée à Rome, et dimanche le Pape a invité tout le monde à bien la préparer pour bien la vivre. Comment les préparatifs de cet événement, et la rencontre elle-même, s'entrecroisent-ils avec le chemin synodal ouvert par François dans l'Église ?
Amoris Laetitia, le fil rouge qui nous conduit à la rencontre mondiale, nous demande de discerner le style et la manière de réaliser notre service pastoral, que le Saint Père nous invite maintenant à encadrer dans ce parcours synodal de l'Église par la communion, la participation et la mission de toutes les composantes du Peuple de Dieu, y compris les familles. Les pasteurs et les familles ensemble, sous la direction de l'Esprit. Mais comment le faire ? Il serait intéressant, par exemple, en ce temps de parcours synodal et en même temps de préparation de la Rencontre mondiale, d'essayer de combiner le processus de discernement ecclésial en partant également de la relation Église-famille, en nous posant des questions un peu différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. Par exemple, comment la famille peut-elle aider l'Église à être plus synodale ? Que peut apprendre l'Église de la manière "familiale" de discerner, d'écouter et d'accueillir ? Que peut apprendre l'Église de la façon dont les parents, les enfants, les frères et s?urs essaient de s'aimer les uns les autres avec leurs fragilités, leurs vulnérabilités, leurs conflits et leurs différents points de vue ? Ces questions et d'autres pourraient ouvrir une nouvelle façon de penser la pastorale, un style différent, une communion plus concrète entre les familles et l'Église. Non seulement cela, mais ils initieraient un nouveau processus de discernement qui, au-delà de la conclusion de l'Année de la famille avec la Rencontre mondiale, pourrait se poursuivre au moins jusqu'au Synode, continuant à stimuler la pastorale familiale dans le monde entier.
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