L'administration du patrimoine du Si¨¨ge Apostolique
Alessandro De Carolis - Cité du Vatican
Un travail sous le signe de la transparence maximale. C'est ce qui caractérise, en particulier ces dernières années, depuis la réforme initiée par le Pape François, le travail quotidien de l'organisme qui gère le patrimoine du Saint-Siège. L¡¯APSA suit cette orientation lors de la publication de ses états financiers en juillet dernier, relatifs à 2020, qui ont enregistré un résultat d'exploitation de 21,99 millions, soit une baisse de 51,2 millions d'euros par rapport à 2019, chiffres sur lesquels les conséquences de la pandémie de Covid ont pesé. Pour le président de l'APSA, Mgr Nunzio Galantino, tout vise l'objectif d'une «administration fiable et crédible» menée, selon les souhaits du Pape, avec «un style exemplaire et en accord avec la mission de l'Église».
Dans le sillage de ce qui a été amorcé par Benoît XVI, le Pape François s'est engagé depuis 2014 sur la voie de la rationalisation et de la transparence dans la gestion de l'économie et des finances du Vatican, au point de redessiner le rôle de l'APSA avec le du 4 juillet 2016. Quels ont été les critères, les motivations et les conséquences pratiques de ce processus?
La centralisation de la gestion économique souhaitée par le Pape n'est que la partie finale d'un processus beaucoup plus large et important initié, comme vous l'avez rappelé, par le Pape Benoît XVI. Il s'agit d'un processus de rationalisation visant à la transparence et au contrôle de tout ce qui concerne la gestion et l'administration des ressources du Saint-Siège. Sans qu'il y ait de secteurs exemptés de contrôle. Avec tout le respect dû aux personnes et aux institutions, je pense que se soumettre à des procédures claires et accepter le contrôle est la moindre des choses pour avoir une administration fiable et crédible. Partout. Même au Vatican.
Bien sûr, cela implique un changement de mentalité, vers lequel nous tendons avec le leadership du Pape François. Il est toujours difficile d'opérer un changement rapide et consensuel, dans n'importe quel secteur et dans n'importe quelle structure. Il semble que ce qui est fait, grâce aux procédures mises en place, va dans le bon sens. Je fais référence à la publication du "Code des marchés publics", accompagné du Motu Proprio définissant des comportements et des choix concrets; à la création de la "Commission des affaires confidentielles"; aux procédures pour les actes administratifs extraordinaires; à la centralisation des investissements et la définition de procédures claires permettant la traçabilité, la transparence et les contrôles. La route est longue mais, avec l'aide du Seigneur et pour le bien de l'Église, nous pensons pouvoir y arriver.
Le dernier acte de ce processus, dans l'ordre chronologique, a été le Motu proprio de décembre dernier sur certaines compétences en matière économique et financière, par lequel le Pape a confié à l'APSA la gestion des placements financiers et des biens immobiliers appartenant à la Secrétairerie d'État. Quelles étaient la signification et les implications pratiques de cette décision?
L'APSA, en vertu du Motu proprio de décembre 2020, assume, à la place du Secrétariat d'État, l'administration et la gestion des ressources dont disposait auparavant le Secrétariat d'État. En ce qui concerne les changements intervenus, je dois dire que l'engagement exigé de moi, du Secrétaire du Dicastère et de tout le personnel s¡¯est certainement renforcé. Nous devons tous veiller à une gestion transparente, compétente et fructueuse, tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
Le Pape continue à demander à l'APSA et à tous les organismes du Vatican impliqués dans le secteur administratif un style exemplaire en accord avec la mission de l'Église. Il le demande notamment parce que l'annonce et l'évangélisation passent aussi par la crédibilité et la réputation de ceux qui sont appelés à annoncer et à témoigner de l'Évangile. Une Église peu crédible a du mal à faire accepter la Parole de Dieu. Et puis, étant insérée dans un contexte social, l'Église est tenue d'observer toutes les lois qui régissent la vie sociale et économique.
Ce passage a également concerné le Denier de Saint Pierre, sur la gestion duquel ont parfois été émis des doutes et des remarques qui ont désorienté les fidèles eux-mêmes, appelés à participer avec leurs dons à la mission de l'Église et du Pape. Pouvons-nous préciser le but et la destination de ces offrandes?
Le Denier de Saint-Pierre est une contribution qui provient des églises locales pour soutenir la mission du Saint-Père et ses ?uvres de charité. L'exercice par le Pape de son ministère dans l'Église et dans le monde nécessite des structures qui doivent être entretenues et des personnes qui sont rémunérées pour le travail professionnel qu'elles accomplissent. Avec tous les droits prévus à cet effet. L'Église soutient les activités liées à sa mission par des dons et les revenus de son patrimoine.
Les coûts que le Saint-Siège supporte sont ceux de la charité matérielle et ceux de l'évangélisation, ceux du paiement des salaires de ses travailleurs et ceux de la charité spirituelle, intellectuelle et sociale. C'est à cela que servent les dicastères: garantir la communion de l'Église dans le monde, la communication du Magistère, l'exercice de la justice et la mise en ?uvre des ?uvres de charité.
Le Denier de Saint-Pierre est l'un des revenus qui contribuent à soutenir le double profil (apostolique et caritatif) du ministère que le Pape exerce à travers les structures de la Curie romaine. Les dépenses liées à leur fonctionnement - y compris les salaires des quelque 5 000 employés du Vatican - sont soutenues par les offrandes, les dons et les revenus du patrimoine du Saint-Siège, qui ne peut s'appuyer sur un système d'imposition interne.
L'administration du patrimoine immobilier du Saint-Siège est également la cible de fréquentes controverses, qui portent notamment sur la taille réelle de ce patrimoine, les implications fiscales qui en découlent et les critères justifiant les investissements dans ce secteur. Pouvez-vous nous aider à clarifier cette question également?
Le patrimoine immobilier géré par l'APSA en Italie s'élève à environ 1,5 million de mètres carrés, répartis comme suit : 14% (surface) sur le marché libre, 8% à des loyers subventionnés (pour les salariés, les retraités et autres formes d'assistance), et les 78% restants à des fins institutionnelles ou, en tout cas, attribués en prêt gratuit à des fins telles que les écoles, les universités, les couvents, les séminaires....
Le parc immobilier (surface) en Italie est principalement résidentiel (27%), de gestion-commercial-production (17%), périmétrique (11%) et la partie restante (45%) est divisée en usages divers (écoles, bibliothèques, musées, hôpitaux, garages, locaux annexes).
Les principaux objectifs de ces années ont été et continueront à être d'améliorer le service et la performance du patrimoine immobilier et de faciliter le contrôle et la transparence des activités réalisées. Une partie des revenus locatifs est réinvestie dans l'entretien et l'adaptation des bâtiments. Le reste est utilisé pour contribuer aux dépenses du Saint-Siège et donc à la mission du Pape.
Vous avez affirmé à plusieurs reprises que la mentalité du Saint-Siège n'est pas celle d'une entreprise orientée vers le profit, mais plutôt celle d'un "bon père" qui administre soigneusement les ressources au profit de toute la famille. En cette période de grave crise économique, est-il possible d'équilibrer les budgets sans pénaliser les personnes et les activités qui servent la mission du Pape et de l'Église?
Bien sûr, le budget du Saint-Siège ne peut être comparé à celui d'une entreprise. Il s'agit en fait d'un "bilan de mission". Chaque dicastère et chaque organisme rend un service. Et chaque service a des coûts et pas nécessairement des revenus. Il y a eu des années où les dépenses ont été inférieures aux recettes. Cela a conduit à la création d'un fonds de réserve, géré jusqu'à présent par le Secrétariat d'État. La possibilité de mettre des sommes en réserve n'existait pas ces dernières années.
D'un point de vue économique, l'exercice 2020 a été caractérisé par les conséquences économiques dévastatrices de la pandémie Covid-19, qui ont eu un impact négatif sur les résultats d'exploitation des différents domaines d'activité de l'APSA.
La préoccupation de l'APSA a été de comprendre et de gérer les effets résultant de ce phénomène, qui tombent, et tomberont, directement ou indirectement sur le Saint-Siège. Nos efforts ont été dirigés vers le maintien de la continuité dans le fonctionnement non seulement de l'APSA mais aussi de toute la Curie.
Pour ce faire, de nombreuses tables rondes et réunions entre Supérieurs et techniciens ont été mises en place et sont opérationnelles depuis un certain temps, afin de mettre en place des mesures, des procédures et des solutions qui doivent être fonctionnelles pour garantir la stabilité dans un contexte qui présente malheureusement de fortes caractéristiques d'instabilité.
Dans les conditions socio-économiques modifiées et grâce à la sensibilité accrue de l'Église aux thèmes de la gestion et de l'administration des biens qui lui sont confiés, l'APSA a été appelée à faire sa part, en redéfinissant ses objectifs et, dans certains secteurs, en repensant les modalités d'intervention.
En d'autres termes, l'APSA a été appelée à se transformer progressivement d'une structure qui offre principalement des services à la demande en une réalité proactive, également dans la manière dont elle administre les biens meubles et immeubles du Saint-Siège.
Il y a quelques semaines, le Pape François vous a confié la tâche de présider la Fondation pour la santé catholique, nouvellement créée en tant qu'«organe instrumental» de l'APSA lié au Saint-Siège. Quelles seront les priorités et les lignes d'action pour soutenir et relancer la mission des structures sanitaires de l'Église?
Les priorités seront les mêmes que celles indiquées par le Pape lui-même dans le chirographe avec lequel la Fondation a été créée: être un point de référence et de soutien pour les structures sanitaires catholiques. Surtout pour celles qui connaissent des difficultés particulières, afin que, dans la fidélité au charisme des fondateurs, elles puissent continuer à rester dans le réseau des structures similaires et assurer un service inspiré de la Doctrine sociale de l'Église. Il s'agit très souvent de structures de santé aux normes professionnelles et scientifiques élevées. Nous voulons tout faire pour que chacun puisse continuer à bénéficier du service que ces structures ont rendu de manière louable et efficace au fil du temps.
Comment votre activité est-elle organisée et comment votre personnel est-il réparti? Quels sont ses coûts et quels objectifs de mission guident les choix économiques du dicastère?
L'APSA est organisée par Bureaux et Services, répartis en trois grands secteurs d'activité :
Direction : 4 personnes
Secteur immobilier : 26
-Bureau de gestion des revenus : 9
-Bureau de gestion technique : 13
-Service historique et anagraphique : 4
Secteur mobilier : 11
-Bureau d'analyse et de négociation des titres : 4
-Bureau de gestion des investissements : 4
-Bureau de recouvrement et de paiement : 3
Autres activités : 54
-Bureau de contrôle de gestion : 2
-Bureau des achats : 7
-Bureau de la comptabilité : 12
-Bureau juridique : 4
-Bureau des archives/Protocole : 5
-Équipe auxiliaire : 17
-Peregrinatio Ad Petri Sedem : 7
Autres chiffres non liés aux domaines ci-dessus : 8
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