Le Vatican exhorte ¨¤ promouvoir la dignit¨¦ des travailleurs de la mer
Isabella Piro - Cité du Vatican
La marée créée par les violations des droits de l'homme en mer est bien réelle; une marée contre laquelle nous devons «ramer ensemble», car ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de l'endiguer: tel a été le c?ur du discours de Mgr Chica Arellano, qui a conclu la conférence internationale promue par Stella Maris au dicastère pour le Service du Développement humain intégral, à la FAO et à la Mission permanente d'observation du Saint-Siège auprès de la FAO, du FIDA et du PAM, lundi 22 novembre. La réunion s'est tenue virtuellement, à l'occasion de la Journée mondiale de la pêche, célébrée le 21 novembre.
Selon Mgr Chica Arellano, l'appel à la communauté internationale «à ne pas fermer les yeux sur les espoirs, les défis et les difficultés», y compris ceux «ardus et compliqués» qui concernent «le secteur de la pêche», résonne fortement, car ce qui est en jeu est «la sécurité, le travail digne et le bien-être» de ceux qui y consacrent leur vie.
Mettre fin à la pêche illégale
L'exhortation du Saint-Siège à «lutter contre la violation des droits de l'homme des pêcheurs et la traite des êtres humains», ainsi qu'à «prévenir la propagation de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée», était donc sincère, compte tenu également de la perspective des objectifs de développement durable des Nations unies.
Heureusement, souligne Mgr Chica Arellano, des progrès ont été réalisés et l'on constate une réduction de la pollution marine, une plus grande promotion de l'économie circulaire, la réutilisation des équipements en plastique et la décarbonisation des flottes, grâce à la transition énergétique. Tout cela dans le but de protéger la biodiversité, d'accroître la durabilité à long terme des ressources marines et d'améliorer les conditions de vie des équipages.
Les conséquences dramatiques de la pandémie
Mais cela ne suffit pas, avertit l'observateur permanent: ce n'est qu'en suivant le critère de «la protection de la dignité humaine, fondement et objectif des droits fondamentaux» qu'il sera possible de relever les défis de ceux qui «consacrent leur vie à la mer», défis qui se sont, entre autres, «sérieusement aggravés depuis le début de la pandémie» de Covid-19. Le représentant du Vatican rappelle les «bateaux de pêche bloqués dans les ports», les «chaînes d'approvisionnement entières perturbées», la réduction du commerce et de la demande de consommation de poisson en 2020 «pour la première fois depuis plusieurs années». Tout cela alors qu'il y a «un paradoxe», ajoute-t-il: d'une part, il y a une augmentation de la législation et de l'attention des médias sur les conditions de vie des pêcheurs, mais d'autre part, les cas de violations des droits de l'homme des marins ne diminuent pas du tout.
Non à la logique du profit économique à tout prix
Alors, que faut-il faire? Mgr Chica Arellano est clair: il faut renoncer à «la logique de la cupidité et à la recherche compulsive et sans scrupules du profit économique», car ce «dynamisme néfaste» conduit à défendre ses propres intérêts sans se soucier «du bien commun, de la justice et de la légalité». Malheureusement, les exemples négatifs ne manquent pas: les marins subissent des réductions de salaire, des contrats de pacotille, des heures supplémentaires non rémunérées, comme s'ils étaient des «accessoires inutiles jetés par-dessus bord sans aucun égard». Exploités et désorganisés, sans institutions syndicales pour les protéger, leurs droits essentiels sont violés. Face à tout cela, répète l'observateur permanent, «la communauté internationale ne peut pas rester sans rien faire»: il faut «des stratégies, des propositions et des mesures efficaces» pour «endiguer une fois pour toutes la vague de violations des droits de l'homme dans cette zone», ce qui implique de faciliter les programmes de formation continue, de transférer les connaissances professionnelles et scientifiques pour un contrôle plus précis du territoire, mais surtout de «combattre et poursuivre toutes les formes d'illégalité».
L'engagement précieux des aumôniers et des bénévoles catholiques
Le représentant du Vatican a également fait appel aux ONG: à elles, qui «jouent un rôle clé» dans l'identification des victimes de l'exploitation dans le monde de la pêche, Mgr Chica Arellano a rappelé l'importance de recueillir «des témoignages, même ceux d'une cruauté sans précédent», sur les outrages subis par les pêcheurs. La pensée du diplomate va également au «précieux et quotidien engagement des aumôniers» et aux «louables services des bénévoles des organisations catholiques» face à «la misère, les pleurs ou les difficultés» de ceux qui subissent des affronts dans le secteur de la pêche.
Mettre la personne au centre et étendre la légalité
L'observateur permanent s'adresse ensuite aux «institutions, aux gouvernements et aux personnes de bonne volonté», leur demandant «d'élever une seule voix» afin que les responsables du secteur et de l'industrie de la pêche «placent toujours les personnes et leur dignité au centre, contrairement aux dynamiques qui tendent à tout uniformiser et à faire passer l'argent avant tout». La logique sauvage du profit conduit au déclin de «la solidarité et du respect de la personne humaine». La collaboration, le dialogue constant et le renforcement de la solidarité sont, en pratique, les outils suggérés par Mgr Chica Arellano à la communauté internationale pour «diffuser la légalité, le soin des océans et la recherche de solutions bénéfiques et innovantes pour une transition vers un avenir plus durable» dans le secteur de la pêche.
L'appel du Pape
Le Pape François s'est également attardé sur les conditions difficiles des travailleurs de la mer lors de l'Angélus du dimanche 21 novembre, qui coïncidait avec la Journée mondiale de la pêche. «Je salue tous les pêcheurs et je prie pour ceux qui vivent dans des conditions difficiles ou parfois, malheureusement, de travail forcé», a-t-il déclaré.
«J'encourage les aumôniers et les bénévoles de Stella Maris à poursuivre leur service pastoral auprès de ces personnes et de leurs familles».
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