Fran?ois, l'art n'est pas un ?luxe? mais une ?n¨¦cessit¨¦?
Françoise Niamien - Cité du Vatican
La messe du Jubilé des artistes a été présidée par le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture et l'éducation, en l¡¯absence du Pape François admis depuis vendredi 14 février à la polyclinique Gemelli de Rome pour poursuivre en milieu hospitalier le traitement de la bronchite dont il souffre depuis plusieurs jours.
Le cardinal Mendonça a lu l¡¯homélie rédigée par le Saint-Père dans laquelle il a commenté l¡¯extrait de l¡¯Évangile sur les Béatitudes (Lc 6, 17.20-26). Pour le Pape, les paroles du Christ qui exhortent «les pauvres à être heureux , car le Royaume des cieux est à eux, et ceux qui pleurent, car ils riront», renversent la logique du monde et invitent à regarder la réalité avec des yeux nouveaux, «avec le regard de Dieu, qui voit au-delà des apparences et reconnaît la beauté, même dans la fragilité et la souffrance».
Toutefois, observe le Souverain pontife, ces Béatitudes contiennent des paroles dures et des avertissements: «Quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez! » (Lc 6,24-25). De ce fait, le Pape souligne que le contraste entre «heureux vous» et «quel malheur pour vous», nous rappelle l'importance du discernement dans lequel placer notre sécurité.
«Être des témoins de la vision révolutionnaire des Béatitudes»
Pour l¡¯évêque de Rome, les artistes et hommes de culture sont «des gardiens des Béatitudes». Il leur déclare qu¡¯ils sont appelés à être «les témoins de la vision révolutionnaire des Béatitudes», car leur mission «n'est pas seulement de créer de la beauté, mais de révéler la vérité, la bonté et la beauté enfouies dans les plis de l'histoire, de donner une voix aux sans-voix, de transformer la douleur en espérance».
«L'artiste est celui ou celle qui a la tâche d'aider l'humanité à ne pas perdre sa direction, à ne pas perdre l'horizon de l'espérance», insiste le Saint-Père précisant qu¡¯il ne s¡¯agit pas d¡¯une espérance facile, superficielle, désincarnée. «La véritable espérance est étroitement liée au drame de l¡¯existence humaine. Elle n¡¯est pas un refuge confortable, mais un feu qui brûle et illumine, comme la Parole de Dieu», souligne-t-il.
François affirme voir également en eux «les gardiens de la beauté qui savent se pencher sur les blessures du monde, qui savent écouter le cri des pauvres, des souffrants, des blessés, des emprisonnés, des persécutés, des réfugiés». Alors que le monde vit une époque où de nouveaux murs se dressent, où les différences deviennent un prétexte pour la division au lieu d'être une occasion d'enrichissement mutuel, le Pape François exhorte les hommes et femmes de culture «à construire des ponts, à créer des espaces de rencontre et de dialogue, à éclairer les esprits et à réchauffer les c?urs».
«L'art n'est pas un luxe»
Aux nombreux artistes venus à Rome pour le jubilé, le Saint-Père observe que «l'art n'est pas un luxe», mais «une nécessité de l'esprit»; «il n¡¯est pas une fuite», mais «une responsabilité, un appel à l'action, avertissement, un cri». «Le monde a besoin d'artistes prophétiques, d'intellectuels courageux, de créateurs de culture» estime François, exhortant les artistes à «ne jamais cesser de chercher, de questionner, de risquer» parce que «le vrai art n¡¯est jamais confortable, il offre la paix de l¡¯inquiétude. Et rappelez-vous: l¡¯espérance n¡¯est pas une illusion; la beauté n¡¯est pas une utopie; votre don n¡¯est pas un hasard, c¡¯est une vocation. Répondez avec générosité, avec passion, avec amour».
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