Le Pape rend hommage au peuple gitan d¡¯Espagne, arriv¨¦ il y a 6 si¨¨cles
Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican
Témoignant de son affection chaleureuse au peuple itinérant à l¡¯occasion d¡¯une année jubilaire anniversaire, qui commémore les 600 ans de son arrivée en Espagne, le Pape de 88 ans a encouragé une communauté composée encore aujourd'hui de près de 750 000 personnes dans le pays. Une histoire six fois séculaire marquée par «l'incompréhension, le rejet et la marginalisation», mais toujours «dans la proximité de Dieu», a reconnu François.
Dieu, nomade avec le peuple gitan
«Dieu est en pèlerinage dans l'histoire avec l'humanité et il est devenu nomade avec le peuple gitan. L'Enfant Emmanuel -comme vous appelez Dieu avec nous- est également né à Bethléem sous le signe de la persécution et de l'itinérance», a-t-il poursuivi, saluant les efforts récents déployés par le peuple gitan, l'Église et la société espagnole afin d¡¯atteindre une inclusion respectueuse de l¡¯identité. Les problèmes sociaux demeurent, notamment en raison, selon le Pape, de préjugés persistants et de situations douloureuses, liés à l¡¯emploi, à la scolarisation ou à la discrimination des femmes au sein des familles comme de la société. Selon l¡¯ONU, un gitan sur deux vit en effet sous le seuil de pauvreté en Espagne.
Prendre soin des pastorales dédiées
Une vulnérabilité à laquelle le Siège apostolique est attentif. «Vous êtes au c?ur de l'Église», lançait le Pape Paul VI à Pomezia, près de Rome, en 1965, devant plus de 3 000 gitans venus de toute l¡¯Europe. Pour la première fois, un Souverain pontife se rendait parmi eux et pour la première fois le peuple vagabond se rendait en pèlerinage dans la Ville éternelle. «Un message inoubliable» selon l¡¯évêque de Rome, mentionnant aujourd¡¯hui le rôle de nombreux fidèles gitans engagés dans le développement intégral de leur peuple et dans une véritable pastorale des Tsiganes, comme il en existe dans d¡¯autres pays européens à l¡¯instar de la Hongrie.
Des valeurs inestimables et prophétiques
François les a ensuite encouragés «à marcher ensemble» dans le sillage du récent synode, au cours duquel l¡¯Église universelle a redécouvert l¡¯importance de cet élan. «Marchons ensemble, car dans l'Église, la force de l'Évangile purifiera et renforcera vos valeurs et votre culture», les a exhortés le Pape soucieux des périphéries, énumérant les mérites du peuple gitan: l'estime pour les personnes âgées et le sens de la famille; l'attention à la Création; une condition de pèlerins vers la patrie du ciel, symbolisée par la roue du char sur laquelle voyageaient leurs ancêtres; la capacité à conserver la joie et à faire la fête même lorsque des nuages orageux se profilent à l'horizon; le sens du travail -si souvent mal compris- comme un moyen de vivre et non pas tant d'accumuler. Selon François, ces valeurs les identifient en tant que peuple, «non seulement évangélique, mais aussi prophétique et contre-culturel à l'heure actuelle».
Sur ces éloges, le Pape a conclu son message et invoqué les bienheureux Emilia Fernández Rodríguez, première gitane martyre reconnue comme telle en 2017, et Zéphyrin Giménez Malla (1861-1936), laïc franciscain ayant défendu un prêtre maltraité pendant la guerre civile espagnole. Un acte de courage qui lui a coûté la vie et a fait de lui le premier gitan béatifié, en 1997. «Sans en avoir la prétention, ils ont été et continuent d'être des maîtres de foi et de vie pour les gitans et les tziganes, comme tant d'humbles qui ouvrent avec confiance leur petitesse à la grandeur de Dieu.»
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