Le cur¨¦ de Gaza t¨¦moigne du lent retour ¨¤ la vie pour les Palestiniens
Benedetta Capelli - Cité du Vatican
Revoir la mer après plus d'un an, faire du vélo, chercher dans les restes de sa maison quelque chose qui soit une ancre vers le passé, qui n'efface pas ce qui s'est passé avant: une photo, un objet qui donne de l'espoir pour demain et de la force pour reconstruire l'avenir. Telles sont les images que le père Gabriel Romanelli, curé de l'église de la Sainte-Famille à Gaza, a racontées aux médias du Vatican, joints quelques heures après le début du cessez-le-feu.
Peut-on commencer à pousser un soupir de soulagement à Gaza?
Oui, sans aucun doute, même si à l¡¯heure prévue initialement pour le début du cessez-le-feu il y avait encore des tirs et des bombardements. Il y a eu en effet un retard dans la publication des noms des otages, mais maintenant c¡¯est la trêve. Il y a vraiment de l'espoir, les gens commencent à penser, à vivre. Il y a plusieurs déplacés ici qui veulent aller vers leur maison ou vers l'endroit où se trouvait leur maison, mais jusqu'à présent ce n'est pas permis parce que c'est une zone militaire et parce que l'armée va se retirer petit à petit. Les autorités israéliennes ont expliqué qu'il n'était toujours pas possible de s'approcher de la mer pour pêcher ou nager, mais beaucoup voulaient nager malgré le froid. Certes, il y a du soulagement, les gens commencent à réfléchir à la manière de reconstruire leurs maisons, de reprendre leur vie, mais l'incertitude demeure.
Une aide humanitaire importante arrivera bientôt, car les besoins sont énormes.
Toutes les structures de Gaza sont détruites, très peu d'entre elles sont encore debout, c'est pourquoi l'aide humanitaire est nécessaire, absolument nécessaire. Les gens attendent déjà de voir comment ils peuvent reconstruire leurs maisons, mais cela n'est pas inclus dans la première phase de l'accord de cessez-le-feu. Cependant, il y aura 600 camions au lieu des 400 d'avant la guerre. Pendant la guerre, il y avait des jours où rien n'arrivait, donc 600 est un bon chiffre, pas assez bien sûr, mais espérons que la volonté de ceux qui ont accepté la trêve et l'aide internationale se concrétiseront pour sauver cette population de 2,3 millions de personnes.
Père Gabriel, parlez-nous de la proximité du Pape François. Ce samedi soir, il y a eu l'appel téléphonique habituel que le Pape fait chaque fois pour montrer sa proximité, mais cette fois-ci, il s'agissait d'un appel téléphonique spécial.
Ce fut vraiment beau hier. Le Pape appelle religieusement à 20 heures ici, soit 19 heures à Rome, donc hier soir (samedi 18 janvier) il a appelé. Il y avait un grand nombre de déplacés, certains d'entre eux sont malades, ils sont prostrés, il y avait de jeunes enfants qui dormaient déjà parce qu'il est tôt dans la nuit et comme nous avons très peu de lumière, nous l'utilisons, par exemple, pour faire fonctionner Internet. Il y eut une surprise: un grand nombre de déplacés est venu là pour lui dire merci, merci pour être toujours avec nous. Ils ont écrit une grande banderole avec ces mots, ils l¡¯ont chanté au Pape François, ils ont prononcé cette phrase en espagnol, en arabe, en anglais, en italien, et lui, il a répondu que c¡¯était beau de les voir là et qu¡¯il était content de voir que la paix arrivait à Gaza. Cette phrase a touché tout le monde car nous savons que la trêve, le cessez-le-feu n¡¯est pas synonyme de paix, mais, comme le dit le Pape François, la paix arrive, c¡¯est un pas vers la fin de cette guerre et le début d¡¯une nouvelle étape dans la vie de la Bande. Depuis le début de la guerre, il a appelé tous les jours pour prier, pour donner sa bénédiction, pour se préoccuper de chacune des personnes de Gaza et il est devenu, comme l¡¯a dit le patriarche de Jérusalem, un membre de notre communauté, un paroissien.
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui et quels sont vos souhaits pour l'avenir?
En fait, nous sommes très fatigués parce que nous n'oublions pas que la guerre est terrible partout, que cette guerre a été terrible et que lorsque l'on se détend, la fatigue s'installe. En général, il y a un climat de sérénité, de paix, mais il faut penser au jour le jour, il y aura tant à faire et l'Église sera toujours aux côtés des gens qui sont dans le besoin spirituellement, moralement et matériellement. Nous remercions le Seigneur pour la générosité de tant de personnes. L'Église ici à Gaza, a pu aider 10 000 familles le mois dernier, environ 60 000 personnes, en donnant des légumes et des fruits. Nous attendons depuis 3-4 jours une aide supplémentaire, envoyée par le Patriarcat latin, par les Chevaliers de Malte, et qui est arrêtée au point de passage.
Nous continuerons à apporter notre aide. Nous avons rouvert l'école il y a quelques mois, nous avons sauvé la dernière année académique 2023-24 et nous avons commencé l'année 2024-25, mais nous ne pouvons pas recevoir d'élèves de l'extérieur, c'est seulement pour les filles, les enfants et les enfants déplacés, mais nous espérons rouvrir, reconstruire. Il y a plusieurs structures de l'Église qui ont aussi été bombardées, détruites, mais le Seigneur nous aidera et à côté de Lui il y a beaucoup d'hommes de bonne volonté qui sont partout et veulent aussi aider à construire la paix ici à Gaza et dans l'ensemble de la Terre Sainte!
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