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Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

En cette fin du mois de juin, la Commission pontificale pour l’Amérique latine (CAL) a réuni tous ses membres pour l’Assemblée plénière annuelle. Ils ont été reçus ce jeudi matin 25 juin par le Pape François au Vatican. S’interrogeant sur le rôle de la Commission et des liens avec les autres organismes d’Église en Amérique latine, le Pape a estimé que ces questions s’élargissent à toute la vie de l’Église et «font partie de la réforme synodale que l'Église tout entière doit embrasser afin de laisser transparaître davantage et mieux le vrai visage de Jésus-Christ».

Le «profond renouvellement» que le Pape appelle de ses v?ux trouve sa source dans le Concile Vatican II. Le Pape qui l’a initié, saint Jean XXIII parlait d’un «aggiornamento» («une mise à jour») quand celui qui l’a clos, saint Paul VI, évoquait un «renouveau florissant de l’Église». Toujours sur la nécessité de réforme, François a cité son prédécesseur, le Pape Benoit XVI, qui souhaitait une réforme afin de parvenir à une communauté dans laquelle le Divin peut opérer, «une communauté dans laquelle un 'je' n'est plus contre un autre 'je'».

Faire de la CAL une "diaconie"

Créé en 1958 par Pie XII, organisée par saint Jean-Paul II en 1988, la CAL a connu une ultime réforme en 2022, lorsque le Pape François a publié la constitution Praedicate evangelium. Commission au sein du dicastère pour les Évêques, son objectif était, comme la Saint-Père l’a expliqué, «de faire de la CAL une "diaconie" qui permette à l'Église en Amérique latine de faire l'expérience de l'attention pastorale et de l'affection du Successeur de Pierre».

Toutefois, la CAL ne se réduit pas à une réforme de la Curie, et doit, selon le Pape, «être un sujet actif qui promeut la transformation nécessaire dont nous avons tous besoin, c'est-à-dire à aider avec discrétion, prudence et efficacité à faire en sorte que nous vivions la synodalité - la dimension dynamique de la communion pour marcher ensemble en Amérique latine».

Le Pape François lors de l'audience ce jeudi 27 juin.

Inspirer et non remplacer

Dans son discours, celui qui fut archevêque de Buenos Aires, capitale argentine, insiste sur les mots de «discrétion, prudence et efficacité», car la CAL ne doit pas remplacer les organismes d’Église déjà présents mais les encourager et promouvoir auprès d’eux «un style synodal de pensée, d’écoute et d'action».

En effet, la CAL travaille notamment avec le Conseil épiscopal d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM), la Confédération des religieux d'Amérique latine et des Caraïbes (CLAR), ou encore la Conférence ecclésiale d'Amazonie (CEAMA).

L’exemple de saint Juan Diego

Le Successeur de Pierre a ensuite donné le modèle de saint Juan Diego pour inspirer la synodalité. Cet indien mexicain modeste et simple, à qui apparait la Vierge Marie, trouve la force dans son amour pour la Vierge, «d'aller chercher l'évêque et de l'aider à lui parler charitablement et clairement de ce que la Dame du Ciel lui demande». L’évêque demande un signe, que le jeune mexicain trouvera sur une colline.

Une icône de la Vierge de Guadalupe

La synodalité pour engendrer la fraternité

Pour le Pape, l’histoire de saint Juan Diego constitue «le début d'un processus de réconciliation fraternelle entre des peuples ennemis», entre les peuples autochtones et les peuples colonisateurs. François y voit même la preuve que la synodalité au sein de l’Église a des conséquences en dehors de l’Église : «la synodalité ad intra porte des fruits de fraternité ad extra». Une démarche que le Pape encourage la CAL à faire sienne.

Enfin, en conclusion, le Saint-Père a rappelé que dans la bulle d’indiction du Jubilé, Spes non confundit, il a souligné le «message révolutionnaire d’espérance» de Marie à saint Juan Diego. «Un message semblable est imprimé dans le c?ur de tant de sanctuaires mariaux dans le monde, destinations de nombreux pèlerins, qui confient leurs soucis, leurs peines et leurs attentes à la Mère de Dieu» a-t-il fait remarquer.