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Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican

Si l’on veut reconstruire sur des terres dévastées par des épisodes sismiques, il est nécessaire de se concentrer sur la durabilité, la nature et le changement climatique, afin que même «quelque chose de nouveau puisse naître des décombres». François s'est adressé aux représentants des populations du centre de l'Italie touchées par les tremblements de terre qui ont semé «mort et destruction» entre le 24 août 2016 et janvier 2017.

«L'expérience d'un tremblement de terre est une expérience dévastatrice, tant physiquement que moralement, parce qu'elle fait s'effondrer en très peu de temps ce pour quoi on a travaillé pendant des générations, et qu'elle nous fait nous sentir fragiles et impuissants», a affirmé le Souverain pontife, conscient de l’expérience douloureuse de chacun de ses interlocuteurs.

Des pas en avant dans la reconstruction

Ce vendredi, le Pape a renouvelé sa proximité aux proches des victimes, tout en reconnaissant le mérite des populations d'avoir accompli «des pas significatifs dans la reconstruction», démontrant que «l'esprit de collaboration peut surmonter les obstacles et les incertitudes». Les personnes présentes ont su rebondir, notamment grâce au programme de revitalisation économique et sociale des régions de l'Italie centrale touchées par les tremblements de terre de 2009 et 2016, NextAppennino, «financé par le Fonds complémentaire pour les zones sismiques du PNRR (plan national de reprise et de relance), avec une dotation totale de 1,780 milliard d'euros, dont 700, pour la plupart, à la disposition des entreprises pour soutenir leurs investissements dans la zone», lit-on sur le site de présentation du programme d’aide.

Ce programme visant à la reprise socio-économique du centre de l’Italie s’appuie sur trois axes très importants: la durabilité, la nature et le changement climatique.

L'importance de la durabilité

Dans son adresse aux populations italiennes meurtries, François souligne que l'adoption de «critères appropriés de durabilité» est un «acte important de justice et de charité» qui répond aux besoins sans mettre en danger ceux qui vivent aujourd'hui et ceux qui viendront dans le futur.

«Il est réconfortant de voir comment vous avez été capables de fixer la reconstruction sur l'élimination des déchets, sur la valorisation et la distribution équitable des ressources, sur la protection des plus fragiles et sur l'élimination des barrières architecturales», s’est-il réjoui.

Le drame du dépeuplement

Les «besoins de la croissance économique et du développement technique» de la zone doivent être intégrés, poursuit-il, «à ceux d'une bonne qualité de vie, personnelle et communautaire». La personne doit être replacée au centre de la ville, prévient le Pape, toujours dans un souci de légalité et de sécurité

Pour l'évêque de Rome, la voie à suivre est toujours la personne humaine. «C'est la voie qui peut également contribuer à résoudre les crises de dépopulation et de déclin démographique, en offrant la possibilité de vivre dans des environnements riches de tout ce que les pères ont laissé derrière eux, améliorés et enrichis par une gestion sage de la communauté», affirme-t-il, soucieux de l’absence d’enfants en Italie où la moyenne d’âge est, dit-il, de 46 ans. Un problème grave. Il déplore la «culture vétérinaire» avec des familles qui préfèrent avoir des chiens ou des chats plutôt que des enfants. «Est-ce cela l'héritage (qu’on veut laisser) ?»

Et le Pape d’insister sur l’attention à porter au contrôle de la légalité des contrats et des procédures, ainsi qu'à la sécurité au travail. «C'est la clé», juge-t-il.

Respecter l'?uvre de Dieu et l'environnement

Les régions touchées par le tremblement de terre, avec le charme de leurs paysages et de leurs anciens villages, sont, poursuit le Pape, «un modèle d'harmonie entre l'?uvre de Dieu et l'?uvre de l'homme». Il encourage à mener une reconstruction respectueuse de l'?uvre de Dieu et de l'environnement, qui ne défigure pas «le paysage par des constructions trop envahissantes et inesthétiques», qui ne pollue pas l'environnement et qui n'altère pas «les habitats d'autres espèces animales et végétales», en tenant toujours compte des défis que pose aujourd'hui le changement climatique.

François les encourage dans leur intention de faire de la reconstruction «une opportunité» pour «rattraper les erreurs du passé» et mettre en place des plans de croissance pour l'avenir d'une manière différente. «Je crois que c'est une urgence pour toute l'Italie. Parallèlement à l'engagement en faveur de la natalité, celui en faveur de la sécurité hydrogéologique est une nécessité vitale, rendue encore plus nécessaire par l'accélération du changement climatique. Ces deux fronts sont tournés vers l'avenir, essentiels pour aujourd'hui et pour demain».

Atténuer l'impact du changement climatique

Face à la prise de conscience que l'impact du changement climatique «portera de plus en plus atteinte à la vie» des individus et des familles, il est donc nécessaire de prendre, d'une part, «les mesures nécessaires pour stopper la dérive actuelle» et, d'autre part, «de prévoir les moyens d'y faire face, tant au niveau mondial que local». Cela implique par exemple, poursuit François, de veiller davantage à nettoyer les forêts et les lits des rivières et des ruisseaux, mais aussi de réduire et décourager la surexploitation des terres, d’introduire de nouveaux types de cultures et d'espèces d'élevage dans l'agriculture, en investissant de manière appropriée pour les années à venir. «Là aussi, il s'agit d'un regard ouvert, attentif aux autres et à ceux qui viendront après nous ; nous ne devons pas nous laisser décourager par les critiques ou les mécontentements», insiste-t-il.

Le chemin de la reconstruction post-sismique est long et n'est pas facile, conclut François, qui exprime sa proximité avec ceux qui ont perdu des membres de leur famille et des moyens de subsistance, et les félicite pour le bon esprit avec lequel ils abordent la reconstruction, avec un esprit déterminé et des idées claires.