Le Pape d¨¦nonce le viol comme arme de guerre
Antonella Palermo - Cité du Vatican
Dans deux tweets diffusés lundi 19 juin, par le compte @Pontifex en neuf langues, François a appelé à rejeter non seulement la guerre, mais aussi les abus sexuels qui l'accompagnent souvent. La violence sexuelle utilisée comme arme de guerre est malheureusement une réalité très répandue. «Nous devons dénoncer ce crime honteux et ne jamais nous lasser de dire non à la guerre, non à la violence» a-t-il fait savoir.
Le Saint-Père reste préoccupé par la situation des «survivants des violences sexuelles dans les conflits, de chaque enfant et adulte blessé», auxquels Dieu manifeste sa compassion et répète les paroles du prophète Isaïe: «Vous êtes précieux à mes yeux, car vous êtes dignes d'estime et je vous aime.» Alors que «les violents vous traitent comme des objets, le Seigneur voit votre dignité».
Un phénomène croissant et négligé
Si l'on pense au génocide du Rwanda, entre 250 000 et 500 000 femmes ont été violées. En ce qui concerne le conflit en cours en République démocratique du Congo, pour la seule année 2021, l'ONU a rapporté 4 600 cas de violation des droits des femmes. Il y a trois mois à peine, grâce à l'ambassade britannique près le Saint-Siège, et à l'Union mondiale des organisations féminines catholiques, une conférence internationale a été organisée pour sensibiliser sur ce phénomène croissant et souvent négligé, celui de la violence à l'encontre des femmes, mais aussi des enfants, dans les conflits.
Des témoignages glaçants y ont rendu compte d'une exploitation qui inflige traumatismes sur traumatismes, considérant des corps déjà vulnérables comme des territoires à contrôler et à diviser sans ménagement et sans respect de la dignité. Sans les efforts des organisations missionnaires, religieuses et humanitaires, les personnes ainsi abusées n'auraient pas de voix pour raconter leurs blessures.
ONU: «nous redoublerons d'efforts, trop d'impunité»
Dans son message, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, est quant à lui, revenu sur les «rapports horribles provenant du monde entier», signe d'un «crime méprisable qui persiste malgré les engagements internationaux visant à l'éradiquer». Il a déploré que «trop souvent, la stigmatisation jette les survivants dans la honte tandis que les auteurs restent impunis». Antonio Guteress s'engage à redoubler d'efforts pour prévenir les atrocités et poursuivre les responsables. «Cela signifie qu'il faut écouter les survivants, amener les gouvernements à inclure le droit humanitaire international dans les lois, les réglementations et la formation militaire nationales». Et cela signifie qu'il faut «poursuivre les auteurs de ces crimes afin qu'ils répondent de leurs actes devant la justice». À la lumière du thème auquel la journée est consacrée, il a ajouté que l'accès à la technologie peut alerter les gens sur le danger, les aider à se rendre dans des lieux de refuge pour obtenir de l'aide, et permettre de documenter et de vérifier les abus. Ce qui constitue un premier pas vers l'obligation de rendre des comptes. Cependant, il peut aussi perpétuer la violence, nuire aux survivants et attiser la haine. «Nous devons veiller à ce que la technologie soutienne nos efforts de prévention et d'élimination de ces crimes, notamment en améliorant l'accès aux actions commises en ligne et en les poursuivant en justice», a-t-il conclu, évoquant la nécessité de «transformer la rhétorique en réponse».
Le viol est une forme de torture et de discrimination
Ces dernières années, le droit international relatif aux droits de l'Homme a reconnu le droit à l'indemnisation des victimes. Le comité contre la torture qui veille au respect de la Convention des Nations unies contre la torture, affirme que le viol constitue une forme de torture et, dans le contexte particulier de la guerre, une discrimination fondée sur le sexe, car les femmes sont intentionnellement identifiées comme victimes dans le but précis de les humilier et de réduire leur sphère d'autodétermination, y compris sur le plan politique. En fait - cela est également mentionné sur le site web de l'université Bocconi de Milan - la prise de conscience de certains tribunaux nationaux de l'existence d'une dimension de genre dans les épisodes de violence qui caractérisent les conflits armés est encore modeste. Le risque est de considérer le viol comme un effet marginal et inévitable des hostilités et non comme la manifestation d'une intention discriminatoire et oppressive à l'égard des femmes.
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