Le Pape rappelle que la migration doit ¨ºtre un choix libre, et non forc¨¦
Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican
Publié jeudi 11 mai par la Salle de presse du Saint-Siège, cinq mois avant le déroulé de cette journée célébrée par l'Église universelle depuis 1914, le message du Pape François s¡¯articule autour de la liberté «qui devrait toujours caractériser le choix de quitter sa propre terre».
À l¡¯écoute des Églises particulières, le Saint-Père dit avoir constaté que la garantie de cette liberté est une préoccupation pastorale largement répandue et partagée. Prenant l¡¯exemple de la fuite de la Sainte Famille en Égypte, qui n'a pas été le résultat d'un choix libre, «tout comme de nombreuses migrations qui ont marqué l'histoire du peuple d'Israël», migrer dans de nombreux cas aujourd¡¯hui ne l¡¯est pas non plus. Des conflits, catastrophes naturelles ou l'impossibilité de mener une vie digne et prospère dans son pays d'origine contraignent des millions de personnes à partir.
«Sauvegarder le droit de ne pas émigrer»
Un principe de liberté déjà énoncé en 2003 par Jean-Paul II, a rappelé François: «Construire les conditions concrètes de la paix, en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, signifie s'engager sérieusement à sauvegarder avant tout le droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire de vivre en paix et dans la dignité dans sa propre patrie» (Message pour la 90e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, n.3).
Les persécutions, les guerres, les phénomènes climatiques et la misère sont parmi les causes les plus visibles des migrations forcées contemporaines, a souligné le Pape, exhortant à «l¡¯engagement commun de tous, chacun selon ses responsabilités», pour éliminer ces causes et mettre fin aux migrations forcées. Que faire, mais aussi que cesser de faire, précise le Pape.
«Nous devons nous efforcer de mettre fin à la course aux armements, au colonialisme économique, au pillage des ressources des autres, à la dévastation de notre maison commune.»
Pour faire de la migration un choix réellement libre, «nous devons nous efforcer d'assurer à chacun une part équitable du bien commun, le respect des droits fondamentaux et l'accès à un développement humain intégral, personnellement et en tant que famille», a-t-il ajouté.
Responsabilité du pays d'origine et de ceux qui les asservissent
Le Pape note là qu¡¯il est clair que «la tâche principale incombe aux pays d'origine et à leurs dirigeants», appelés à exercer «une bonne politique, transparente, honnête, prévoyante et au service de tous, en particulier des plus vulnérables». Nuançant toutefois, «ils doivent être mis en mesure de le faire, sans être privés de leurs ressources naturelles et humaines et sans ingérence extérieure visant à favoriser les intérêts de quelques-uns».
Enfin, quand les circonstances permettent de choisir d'émigrer ou de rester, il faut encore veiller à ce que «ce choix soit éclairé et réfléchi», relève-t-il, pour éviter que «tant d'hommes, de femmes et d'enfants ne soient victimes d'illusions hasardeuses ou de trafiquants sans scrupules».
Codifier le droit à ne pas émigrer
À l'approche du Jubilé de 2025, le Pape a estimé bon de rappeler les actes de justice collective, l¡¯effort conjoint de chaque pays pour garantir à chacun le droit de ne pas émigrer, «c'est-à-dire la possibilité de vivre en paix et dans la dignité sur sa propre terre».
Un droit encore non codifié, mais qui revêt selon lui une importance fondamentale, et dont la garantie doit être comprise comme «une coresponsabilité de tous les États à l'égard d'un bien commun». «Tant que ce droit ne sera pas garanti - et le chemin est encore long - beaucoup devront encore partir à la recherche d'une vie meilleure», a souligné François, évoquant dans un second temps le respect pour la dignité de chaque migrant, à l¡¯appui de Matthieu, 25: «Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, j¡¯étais nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir».
Reconnaître le Christ dans le migrant
Ces paroles exhortent à reconnaître dans le migrant «non seulement un frère ou une s?ur dans le besoin», mais aussi le Christ lui-même qui frappe à notre porte, a relevé le Saint-Père, exhortant de ce fait à «accompagner et à gérer les flux de la meilleure façon possible», en construisant «des ponts et non des murs, en élargissant les canaux pour une migration sûre et régulière».
«Le chemin synodal que nous avons entrepris en tant qu'Église nous conduit à voir dans les personnes les plus vulnérables -et parmi elles de nombreux migrants et réfugiés- des compagnons de voyage particuliers, à aimer et à soigner comme des frères et des s?urs. Ce n'est qu'en marchant ensemble que nous pourrons aller loin et atteindre le but commun de notre voyage», a conclu François, joignant une prière à ce message.
«Dieu, Père tout-puissant donne-nous la grâce de nous engager avec ardeur en faveur de la justice, de la solidarité et de la paix, afin que soient assurée à tous tes enfants la liberté de choisir d'émigrer ou de rester. Donne-nous le courage de dénoncer toutes les horreurs de notre monde, de lutter contre toutes les injustices qui défigure la beauté de tes créatures et l'harmonie de notre maison commune. Soutiens-nous avec la force de ton Esprit, pour que nous puissions manifester ta tendresse à chaque migrant que tu places sur notre route et répandre dans les c?urs et dans tous les milieux la culture de la rencontre et de la protection.»
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