?N'ayez pas peur, c'est l'?uvre de l'Esprit Saint?
Pope
Le Pape François a également accordé une interview cette semaine à un autre média argentin, Perfil, qui a interrogé le Saint-Père sur la métaphysique, l'Église, la théologie, les Jésuites, le communisme, le péronisme, l'identité, l'économie, la pandémie, la géopolitique, les migrants, le Brésil, les églises évangéliques, l'Argentine, les mouvements sociaux, les prêtres du tiers-monde, les Mères de la Plaza de Mayo, la dictature, ou encore les peuples indigènes et le retour dans son pays.
Interrogé par le journaliste Jorge Fontevechhia sur la finitude et la mort, le Pape confie qu'il se résout à «penser à cela, avec beaucoup de paix. Cela aide aussi à ne pas penser à l'infini, parce qu'il y a des gens qui pensent qu'ils ont acheté le passé, le présent et le futur jusqu'en 2050. Et non, c'est une tentation de savoir que demain je dois quitter ceci et aller ailleurs, c'est la loi de la vie. Mais il faut s'en souvenir et c'est une bonne chose».
En plus d'aborder diverses questions relatives à l'Église, notamment les différences, les difficultés, les dénonciations, le voyage synodal, le Vatican et les tentations, le Pape déclare que «le travail du Pape avec l'Église et d'un évêque avec le diocèse est d'harmoniser. Ce mot est clé, car lorsque nous parlons de l'Esprit Saint, nous devons terminer par ce mot. Un exemple clair, le matin de la Pentecôte, il y a un grand brouhaha, et qui fait ce brouhaha? L'Esprit Saint. L'Esprit Saint est donc celui qui provoque les différences dans l'Église et qui les harmonise ensuite».
Sur diverses questions théologiques et disciplinaires dans l'Église, telles que le traitement des divorcés remariés et le mariage homosexuel, il réitère que «tous sont enfants de Dieu et que chacun cherche Dieu et le trouve, de la manière dont il le peut. Dieu n'éloigne que les orgueilleux, les autres pécheurs sont tous dans le droit chemin». En ce qui concerne le célibat, le pape déclare: «je ne suis pas encore prêt à le revoir, mais il est évident qu'il s'agit d'une question de discipline, qui n'a rien à voir avec le dogme: aujourd'hui, c'est le cas et demain, ce ne sera peut-être plus le cas».
Pourquoi vous identifiez-vous à François d'Assise? lui demande Fontevechhia; le Saint-Père répond que «c'est une chose spontanée. Voir ce garçon de bonne famille qui, à l'âge de 20 ans, laisse tout derrière lui, se déshabille même devant son père, et commence une vie d'une créativité impressionnante. La vie de Francisco, c'est la vie d'un révolutionnaire, qui a le courage de renverser complètement la vapeur, d'un inconscient qui va voir le calife ou le sultan en sachant qu'ils vont lui couper la tête. C'est l'inconscience de l'homme amoureux de Jésus. Admirable, mais pas tout à fait imitable. Ce sont ces saints qui, pour tracer la voie, vont au-delà, et il faut ensuite les ramener un peu plus ici, dans la vie ordinaire», souligne t-il.
Se souvenant du jour de son élection, il y a dix ans, on lui a demandé: «Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là, lorsqu'on vous a annoncé que vous étiez le pape?» «On se défend en ne voulant pas ressentir. Lorsqu'à l'avant-dernière congrégation générale du conclave, la première de l'après-midi, il était presque clair que cela allait mal se terminer (sic), le cardinal Hummes est venu derrière moi et m'a dit: "n'aies pas peur, c'est l'?uvre de l¡¯Esprit Saint". Un type formidable, le cardinal Hummes. Et quand j'ai été élu, j'avais deux tiers, et les votes ont suivi, Hummes s'est approché de moi et m'a dit: "n'oublie pas les pauvres". Et c'est de là qu'est venu le nom de François. Hummes m'a accompagné avec ces deux gestes», déclare le Pape.
Au cours de l'entretien, les questions économiques ont également été abordées, le Pape répondant sur le sujet et la vision sociale de l'Église, indiquant qu'«aujourd'hui, les choses sont allées au-delà, et on peut très bien dialoguer avec l'économie et parvenir à des étapes de compréhension ou à des formules qui vont bien. En revanche, il n'est pas possible d'avoir un bon dialogue avec la finance. La finance est gazeuse, l'économie est concrète».
Au sujet de l'immigration, le Pape insiste sur le fait qu' «aujourd'hui, malheureusement, il y a des pays exploiteurs et des pays exploités, qu'on le veuille ou non. Et malheureusement il n'y a pas de sans-frontiérisme, il y a un sans-frontiérisme formel, mais pas un sans-frontiérisme réel, parce qu'à l'intérieur de l'Europe il y a aussi des différences qui sont des frontières. Je l'imagine non pas comme une uniformité, ou une question d'image, mais comme la richesse de chaque pays, de chaque peuple, de chaque continent qui échange».
Interrogé à propos des prêtres, de leur mission pastorale et de l'appel permanent du Pape à être des «bergers à l'odeur de brebis», le journaliste lui a demandé: «peut-on être un berger à l'odeur de brebis ici au Vatican?» «Oui, bien sûr», répond le Souverain pontife, en rappelant l'exemple du cardinal Casaroli qui, à l'époque de Jean XXIII, en plus de son travail fructueux de haut diplomate, visitait le dimanche une prison pour mineurs: «c'est la grande politique ecclésiale qui consiste à regarder vers l'avenir avec un c?ur proche de tous».
À la fin de l'entretien, François envoie un message à ses compatriotes argentins: «je veux remercier mon peuple parce que j'ai été éduqué par le peuple argentin. Je suis argentin, éduqué par le peuple argentin, avec sa richesse et ses contradictions, j'ai tout hérité, fils d'immigrés, mais argentin dans l'âme».
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