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Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican (mis à jour à 15h15 le 02.01.2023)

Il est à peine dix heures du matin, et sur la Place Saint-Pierre, on se presse déjà. La file, dense, serpente sur toute l’esplanade, sous un ciel gris et dans un air soudain plus hivernal. Il y a les touristes, qui ont passé le réveillon à Rome, et les pèlerins, venus pour Benoît XVI. Parmi eux, Adeline, de la République Démocratique du Congo. Elle est venu «pleurer le Pape» et saluer celui qu’elle n’a jamais pu croiser de son vivant, mais qui l’a marquée par son envergure spirituelle.

Cette foule disparate s’écoule calmement vers la basilique pétrinienne. Beaucoup de religieuses et de prêtres ont bien sûr fait le déplacement, comme l’abbé Franks. Venu du diocèse de Montréal, au Canada, il fait part de sa reconnaissance envers le Pape émérite allemand, qui lui a enseigné à témoigner de sa foi avec «joie» et «sincérité».

Benoît XVI, c’est aussi le Pape qui a accompagné toute une génération de jeunes catholiques. Ceux des JMJ de Cologne, Sydney ou Madrid… ou un peu plus jeunes, comme Anne, 26 ans, de Paris, qui n’oubliera jamais une audience vécue avec Benoît XVI lorsqu’elle était enfant.

Prières sous la coupole

Après le temps des souvenirs, place au recueillement. Les fidèles pénètrent dans la basilique Saint-Pierre par la porte centrale, puis avancent jusqu’à l’autel principal, dit «de la confession». La dépouille de Benoît XVI, revêtu d’une mitre et d’une chasuble rouge, repose sur un catafalque. Deux gardes suisses l’entourent, tenant fermement leur hallebarde. On passe rapidement, en se signant ou en jetant un dernier regard vers le Pape Ratzinger. Postés contre les barrières en bois, les gardiens prient les pèlerins de ne pas s’arrêter. Entre 30 et 35 000 personnes sont attendues chaque jour jusqu’à jeudi, mais à 14h00 ce lundi, 40 000 fidèles sont déjà venus, selon les chiffres de la Gendarmerie vaticane; dans la matinée, le président de la République italienne Sergio Mattarella a fait le déplacement, suivi peu après de la présidente du Conseil, Giorgia Meloni.

Derrière le baldaquin, à l’autel de la Chaire, une messe de requiem est en train d’être célébrée. Loin du brouhaha habituel des visiteurs, l’ambiance est à la prière sous la coupole. Beaucoup de personnes se pressent silencieusement devant les chapelles latérales et devant la crèche, ou restent tournés vers la dépouille, un peu à l’écart… Le Pape défunt vivait retiré depuis dix ans. L’avait-on pour autant oublié? Il semble encore tout proche dans le c?ur de ceux qui le saluent.

Transfert du corps à l’aube

Le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la Basilique Saint-Pierre a présidé ce matin le rite de translation de la dépouille de Benoît XVI, qui s’est déroulé de 7h15 à 7h40. Le corps du Pape émérite a quitté Mater Ecclesiae - le monastère situé dans les jardins du Vatican que Joseph Ratzinger avait choisi comme résidence après avoir renoncé au siège de Pierre en 2013 – pour rejoindre la basilique pétrinienne, en passant par la Porte de la prière. Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoît XVI, les religieuses Memores Domini qui l’ont assisté au fil des ans, ainsi qu’un petit groupe de proches l’ont accompagné en procession.

Hier, dimanche 1er janvier, la dépouille du Souverain pontife défunt a reposé dans la chapelle du monastère. Des cardinaux, des évêques, et de centaines de personnes de la Curie romaine ont pu s’y rendre en privé jusqu’au soir pour se recueillir.

Les obsèques de Benoît XVI seront célébrées Place Saint-Pierre par le Pape François jeudi 5 janvier à 9h30. Entre 50 et 60 000 fidèles sont attendus, selon le préfet de Rome, Bruno Frattasi.

Le Pape Ratzinger sera ensuite enterré dans les grottes du Vatican, dans la tombe où Saint Jean-Paul II était précédemment enterré - jusqu'à sa béatification en 2011 -, a confirmé ce 2 janvier Matteo Bruni, directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège.