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Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Trouver le juste équilibre entre transmission d’un héritage et perspectives nouvelles: tel est le défi que doit relever l’Institut Pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, a fait comprendre ce lundi 24 octobre le Pape François à ses membres reçus en salle Clémentine.

Les motivations du Pape François

Créé en 1981 par le Souverain pontife polonais, ce collège romain transmet principalement aux étudiants les enseignements de saint Jean-Paul II en matière de «théologie du corps».

Toutefois en septembre 2017, le Pape François avait entamé une réforme de ses statuts, approuvée début juillet 2019, remaniant la structure et les enseignements de l’Institut.

«Je voulais "investir" dans cet héritage laissé par saint Jean-Paul II (…). J'ai voulu lui donner une nouvelle vigueur et un développement plus large, afin de répondre aux défis qui se présentent au début du troisième millénaire», a expliqué François ce lundi. «Cette évolution souhaitée - garantie par la qualité académique dans les disciplines théologiques et dans les sciences humaines et sociales - me semble particulièrement importante, car elle intègre les compétences nécessaires pour discerner les valeurs relationnelles propres à la constellation familiale», a-t-il poursuivi.

Le Saint-Père a souligné que la théologie devait «élaborer une vision chrétienne de la parentalité, de la filialité, de la fraternité - et donc pas seulement du lien conjugal -, qui corresponde à l'expérience familiale, dans l'horizon de toute la communauté humaine», incluant la «culture des grands-parents», et tienne compte des «transformations qui marquent la conscience actuelle du rapport entre homme et femme, entre amour et génération, entre famille et communauté».

Éviter de devenir une «pièce de musée»

Le Pape a encouragé les membres de l’Institut présidé depuis septembre 2021 par Mgr Philippe Bordeyne à «poursuivre avec cohérence et créativité le projet magistériel qui inspire son héritage et son actualisation». Et de mettre en garde: «ce serait une grave erreur de lire son lien renouvelé avec le Magistère vivant en termes d'opposition à la mission reçue avec son institution originale. En réalité, la graine pousse et génère des fleurs et des fruits», sinon la semence reste «une pièce de musée, mais ne grandit pas». «Servir l'Église dans le sillage du ministère de Pierre» est le don que l’Institut «reçoit et, en même temps, transmet».

François a ensuite reconnu que les liens familiaux sont en ce moment soumis à des «turbulences sans précédent». Mais «en période de vulnérabilité et de contrainte, la ténacité, la résistance et la coopération des liens familiaux sont précieuses», et l’Église doit l’annoncer.

«La famille reste une "grammaire anthropologique" irremplaçable des affections humaines fondamentales, a relevé le Souverain pontife. La force de tous les liens de solidarité et d'amour apprend ses secrets là, dans la famille. Lorsque cette grammaire est négligée ou perturbée, c'est tout l'ordre des relations humaines et sociales qui en subit les blessures».

Halte aux idéologies

L’Église – mais aussi l’État, a continué le Pape – ont donc la «responsabilité» «d'être à l'écoute des familles, (…) pour un monde plus humain, c'est-à-dire plus solidaire et fraternel».

Improvisant son discours, le Saint-Père a ensuite demandé de ne pas «emprisonner» la famille, mais au contraire de «la laisser se développer comme elle le doit». «Méfiez-vous des idéologies qui s'immiscent pour expliquer la famille d'un point de vue idéologique, a-t-il prévenu. La famille n'est pas une idéologie, c'est une réalité. Et une famille grandit avec la vitalité de la réalité. Mais lorsque des idéologies viennent expliquer ou vernir la famille, tout est détruit. Il y a une famille qui a cette grâce de l'homme et de la femme qui s'aiment et créent, et pour comprendre la famille il faut toujours aller au concret, pas aux idéologies. Les idéologies ruinent, les idéologies se mêlent de faire un chemin de destruction. Méfiez-vous des idéologies !», a martelé le Pape.

Redécouvrir «l’aventure familiale»

Inutile pour autant d’«attendre que la famille soit parfaite (…) Le mariage et la famille (…) auront toujours des imperfections jusqu'à ce que nous soyons au Ciel.» Il s’agit de «remettre au Seigneur notre propre imperfection» dont Lui seul peut tirer une «bénédiction».  

Le Pape a enfin assuré que dans ce monde «fissuré, beaucoup de choses dépendent de la joie renouvelée de l'aventure familiale inspirée par Dieu», qui s’est Lui-même incarné au sein d’une famille humaine.

«Que le Seigneur accompagne la passion de votre foi et la rigueur de votre intelligence, dans la formidable tâche de soutenir, de soigner, d'encourager - oui, même de réjouir - cette bénédiction ‘créaturelle’ et ecclésiale qu'est la famille», a conclu l’évêque de Rome.  

À la fin de cette audience, le président Emmanuel Macron, également présent au Vatican pour rencontrer le Pape François, a rencontré quelques membres de l'Institut. 

Depuis 2016, le grand-chancelier de l’Institut Pontifical théologique Jean-Paul II est Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie.