Fran?ois: ?La guerre est un sacril¨¨ge, cessons de l'alimenter?
Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican
Dans l¡¯introduction de ce livre rassemblant les interventions du Souverain Pontife sur la guerre et la paix, François évoque les nombreuses guerres qui ravagent le monde, preuves d¡¯une «troisième guerre mondiale (¡) par morceaux». «Ce sont les si nombreuses guerres oubliées, qui de temps à autre réapparaissent devant nos yeux non-attentifs», souligne le Saint-Père.
«La guerre est un monstre»
Ces guerres nous paraissent «lointaines», d¡¯un point de vue européen, mais ce n¡¯est plus le cas avec la guerre entre l¡¯Ukraine et la Russie. «L¡¯Ukraine a été agressée et envahie», écrit le Saint-Père, qui pleure les nombreuses victimes civiles innocentes que le conflit provoque.
«Face aux images poignantes que nous voyons chaque jour, face aux cris des enfants et des femmes, nous ne pouvons qu¡¯hurler: "Arrêtez-vous!". La guerre n'est pas la solution, la guerre est une folie, la guerre est un monstre, la guerre est un cancer qui se nourrit de lui-même, engloutissant tout ! En outre, la guerre est un sacrilège, qui porte atteinte à ce qu'il y a de plus précieux sur notre terre, la vie humaine, l'innocence des petits, la beauté de la création», s¡¯indigne le Successeur de Pierre dans cette introduction.
Freiner les dépenses en armement
Puis, sous la plume de François, apparait un hommage à ses prédécesseurs¡ Saint Jean XXIII, saint Paul VI et saint Jean-Paul II, qui ont chacun, en leur temps, fermement dénoncé la guerre. «Ce dont nous sommes témoins est une nouvelle barbarie et nous avons malheureusement la mémoire courte», regrette le Pape argentin. Celui-ci condamne les dépenses astronomiques faites en matière d¡¯armement par de nombreux pays, et leur hausse au cours de la pandémie de coronavirus.
«Si nous avions de la mémoire, nous saurions que la guerre, avant d'atteindre la ligne de front, doit être arrêtée dans le c?ur. La haine, avant qu'il ne soit trop tard, doit être éradiquée des c?urs. Et pour cela, nous avons besoin de dialogue, de négociation, d'écoute, d'habileté et de créativité diplomatiques, de politiques clairvoyantes capables de construire un nouveau système de coexistence qui ne soit plus fondé sur les armes, sur le pouvoir des armes, sur la dissuasion», peut-on lire.
Des raisons d¡¯espérer
Comme à Hiroshima en novembre 2019, le Souverain Pontife reaffirme également que «l'utilisation de l'énergie atomique à des fins de guerre est immorale, tout comme la possession d'armes atomiques est immorale». «Qui aurait pu imaginer que, moins de trois ans plus tard, le spectre d'une guerre nucléaire planerait sur l'Europe ? Ainsi, étape par étape, nous nous dirigeons vers la catastrophe. Petit à petit, le monde risque de devenir le théâtre d'une troisième guerre mondiale unique», prévient le Pape. Mais cela n¡¯est pas «inéluctable», insiste-t-il : bien qu'il soit difficile d¡¯espérer face aux images provenant d¡¯Ukraine, «il y a des signes d¡¯espérance», écrit François.
«Il y a des millions de personnes qui n'aspirent pas à la guerre, qui ne la justifient pas, mais qui demandent la paix. Il y a des millions de jeunes qui nous demandent de faire tout ce qui est possible et impossible pour arrêter la guerre, pour arrêter les guerres. C'est en pensant d'abord à eux tous, aux jeunes et aux enfants, que nous devons répéter ensemble : plus jamais la guerre», explique François, appelant à construire un monde «plus pacifique parce que plus juste».
Un fonds pour le développement
Le Saint-Père demande enfin d¡¯être plus attentif au visage de l¡¯autre, citant le vénérable Don Tonino Bello, évêque italien de Molfetta-Ruvo-Giovinazzo-Terlizzi, selon lequel les conflits et toutes les guerres «trouvent leur racine dans l'effacement des visages». «Lorsque nous gardons l'autre personne, son visage ainsi que sa douleur, devant nos yeux, alors nous ne sommes pas autorisés à marquer sa dignité par la violence», ajoute le Saint-Père.
L¡¯évêque de Rome conclut cette préface en renouvelant sa proposition ¨C déjà émise dans ¨C d¡¯un fonds mondial «destiné à éliminer définitivement la faim et à promouvoir le développement des pays les plus pauvres», et constitué à partir de l¡¯argent «dépensé en armes et autres dépenses militaires». Une idée à concrétiser «parce que les guerres doivent être arrêtées et elles ne s'arrêteront que si nous arrêtons de les "nourrir"», estime-t-il.
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