Fran?ois et des responsables religieux lancent un appel en vue de la COP26
Marine Henriot ¨C Cité du Vatican
Le Grand-Imam Ahmed el-Tayeb, de l¡¯université d¡¯Al-Azhar, sa sainteté Bartholomée Ier, Patriarche de Constantinople, le rabbin Noam Marans ou encore l¡¯archevêque de Canterbury, Justin Welby¡. Une vingtaine de responsables religieux de monde entier se sont réunis au Vatican, en ce jour de la fête de saint François d'Assise, pour marteler un message en vue de la COP26 : il faut préserver la maison commune.
Lors de leur entrée dans la salle des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, les 22 responsables religieux présents ont signé un appel qui sera remis aux participants de la COP26, sous les yeux du président de conférence qui s¡¯ouvre le 31 octobre, le parlementaire britannique Alok Sharma et de Luigi di Maio, ministre italien des Affaires étrangères. Le Royaume-Uni et l¡¯Italie organisent conjointement cette COP26.
Les dirigeants rappelés à leurs engagements
Dans cet appel, les leaders religieux et la communauté scientifique notent que le changement climatique est «une grave menace». Ils plaident «pour une action climatique commune mais différenciée à tous les niveaux», et rappellent au 195 pays ayant signé l¡¯accord de Paris lors de la COP21 en 2015 leur engagement : «Tous les gouvernements doivent adopter une trajectoire permettant de limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Nous demandons aux nations qui ont la plus grande responsabilité et la capacité actuelle de fournir un soutien financier substantiel aux pays vulnérables.» Les pays les plus riches doivent aider ceux qui le sont moins, peut-on lire dans cet appel, et «les droits des peuples autochtones et des communautés locales doivent faire l'objet d'une attention particulière.»
Enfin, responsables religieux et communauté scientifique invitent à privilégier l¡¯éducation écologique intégrale, à souligner l¡¯importance de la réduction des émissions de carbone et encourager les modes de vie durables, tout en changeant «le récit du développement».
Contrairement au programme prévu, le Saint-Père n¡¯a pas prononcé son discours. Il s¡¯est assuré que tous les participants l¡¯avaient en main et a préféré donner à ses hôtes plus de temps de parole.
Dans ce discours distribué, François a articulé sa réflexion autour de trois concepts : «le regard de l¡¯interdépendance et du partage, le moteur de l¡¯amour et la vocation au respect.» Tout est lié et le monde est interconnecté, a écrit François, reprenant Laudato Si¡¯:«aucune créature ne se suffit à elle-même ; chacune n'existe que dans la dépendance des autres, pour se compléter mutuellement, au service l¡¯une de l¡¯autre.»
Connexion et interdépendance
«On ne peut plus agir seul, l¡¯implication de chacun est fondamentale pour le soin des autres et de l¡¯environnement, un engagement qui conduit à un changement de cap si urgent, et qui doit aussi être nourri par sa propre foi et sa propre spiritualité.», peut-on également lire dans le discours du Saint-Père, qui précise que cette rencontre du lundi 4 octobre «ne fait que renforcer la conscience que nous sommes membres d'une même famille humaine : nous avons chacun notre foi et notre tradition spirituelle, mais il n'y a pas de frontières ni de barrières culturelles, politiques ou sociales qui nous autorisent à nous isoler.»
François développe ensuite son deuxième point : le moteur de l¡¯amour. L¡¯engagement envers la protection de la maison commune doit être guidé par l¡¯amour, précise François. «L¡¯amour est le reflet d'une vie spirituelle vécue intensément. Un amour qui s'étend à tous, au-delà des frontières culturelles, politiques et sociales ; un amour qui intègre, aussi et surtout les derniers, qui sont souvent ceux qui nous apprennent à dépasser les barrières de l'égoïsme et à briser les murs du moi.»
Respect mutuel entre foi et science
Enfin le soin de la création est une vocation au respect, peut-on lire dans le message du Souverain pontife. Il rappelle le principe du «respect mutuel entre la foi et la science, pour « entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité », un respect qui est vécu «de manière empathique et active».
Ainsi, conclut le Saint-Père, la COP26 à Glasgow est appelée «de toute urgence à offrir des réponses efficaces à la crise écologique sans précédent et à la crise des valeurs dans lesquelles nous vivons, et à offrir ainsi une espérance concrète aux générations futures».
Les 22 responsables religieux ont ensuite pris la parole tour à tour, pour présenter leur vision de la défense de l¡¯environnement et appeler leurs fidèles et l¡¯humanité toute entière à préserver la création. «Si une société pense pouvoir se sauver seule, elle n¡¯y parviendra pas», a notamment déclaré le docteur Rajwant Singh, fondateur et président d¡¯EcoSikh, une organisation sikhe militant pour la défense de l¡¯environnement. Se sont également exprimé au pupitre, le président de l¡¯Académie pontificale des Sciences, le professeur Joachim von Braun, et le président de l¡¯académie pontificale pour les Sciences Sociales, le professeur Stefano Zamagini, au nom de la communauté scientifique. Les personnalités physiquement absentes se sont exprimées en vidéo.
Un olivier, arrosé de terre par tous les participants, sera symboliquement planté dans les jardins du Vatican.
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