Le Pape aux juifs de Slovaquie: Dieu b¨¦nit les fr¨¨res qui s'aiment et se respectent
Cyprien Viet - Cité du Vatican
Le Pape François a d¡¯emblée exprimé son profond respect pour la mémoire blessée de la communauté juive. «Je suis ici en pèlerin pour toucher ce lieu et en être touché», en rappelant qu¡¯autrefois s¡¯élevaient une cathédrale et une synagogue sur cette place, signe de «la cohabitation pacifique des deux communautés, symbole rare et d¡¯une grande portée évocatrice, signe merveilleux d¡¯unité au nom du Dieu de nos pères (¡). Je ressens ici moi aussi le besoin d¡¯¡°enlever mes sandales¡±, parce que je me trouve dans un lieu béni par la fraternité des hommes au nom du Très-Haut.»
«Par la suite, cependant, le nom de Dieu a été déshonoré: dans la folie de la haine, durant la seconde guerre mondiale, plus de cent mille juifs slovaques ont été tués. Et puis, lorsqu¡¯on a voulu effacer les traces de la communauté, la synagogue a été détruite.» Le Pape a exprimé sa honte pour la persécution nazie, qui fut exercée à l¡¯époque par un État slovaque théoriquement indépendant mais lié à l¡¯Allemagne, et dirigé par un ecclésiastique, Josef Tiso.
Instrumentaliser Dieu est le pire des blasphèmes
Le Pape a dénoncé ce régime national-catholique en des termes très clairs. «Il est écrit: "Tu n¡¯invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 7). Le nom divin, c¡¯est-à-dire sa réalité personnelle, est prononcé en vain lorsqu¡¯on viole la dignité unique et irremplaçable de l¡¯homme, parce que le pire blasphème que l¡¯on puisse lui faire est de l¡¯utiliser pour ses intérêts, au lieu de respecter et d¡¯aimer les autres. Ici, devant l¡¯histoire du peuple juif, marquée par cet affront tragique et indescriptible, nous avons honte de l¡¯admettre: combien de fois le nom ineffable du Très-Haut a été utilisé pour commettre des actes indicibles d¡¯inhumanité! Combien d¡¯oppresseurs n¡¯ont-ils pas déclaré: ¡°Dieu est avec nous¡±; mais c¡¯était eux qui n¡¯étaient pas avec Dieu», a-t-il martelé.
L¡¯évêque de Rome s¡¯est adressé aux juifs en ces termes: «Votre histoire est notre histoire, vos souffrances sont nos souffrances, a-t-il martelé. La mémoire ne peut et ne doit pas céder la place à l¡¯oubli, parce qu¡¯il ne pourra pas y avoir une aube de fraternité durable sans que l¡¯on ait d¡¯abord partagé et dissipé les obscurités de la nuit. La question du prophète résonne aussi pour nous: «Veilleur, où en est la nuit?» (Is 21, 11). Voici venu pour nous le temps où on ne peut plus obscurcir l¡¯image de Dieu qui resplendit dans l¡¯homme. Aidons-nous en cela. Car, aujourd¡¯hui encore, les vaines et fausses idoles, qui déshonorent le nom du Très-Haut, ne manquent pas. Ce sont celles du pouvoir et de l¡¯argent qui prévalent sur la dignité de l¡¯homme, de l¡¯indifférence qui détourne le regard, des manipulations qui instrumentalisent la religion en en faisant une question de suprématie ou en la réduisant à l¡¯insignifiance. Ce sont encore l¡¯oubli du passé, l¡¯ignorance qui justifie tout, la colère et la haine», s¡¯est insurgé le Pape.
Une ferme condamnation de l¡¯antisémitisme
François a donc invité juifs et catholiques à s¡¯unir «dans la condamnation de toute violence, de toute forme d¡¯antisémitisme, et dans notre engagement pour que l¡¯image de Dieu, dans chaque créature humaine, ne soit pas profanée.» Il a invité à «poursuivre, dans la vérité et avec sincérité, le parcours fraternel de purification de la mémoire pour guérir les blessures passées, et dans le souvenir du bien reçu et offert. Selon le Talmud, qui détruit un seul homme détruit le monde entier, et qui sauve un seul homme sauve le monde entier. Chacun compte, et ce que vous faites par votre précieux partage compte beaucoup. Je vous remercie pour les portes que vous avez ouvertes de part et d¡¯autre.»
«La bénédiction du Très-Haut se déverse sur nous lorsqu¡¯il voit une famille de frères qui se respectent, s¡¯aiment et collaborent. Que le Tout-Puissant vous bénisse, afin qu¡¯au milieu de nombreuses discordes qui polluent notre monde vous puissiez toujours être, ensemble, des témoins de paix. Shalom!», a conclu le Pape François.
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