Le Pape Fran?ois s¡¯inqui¨¨te de la situation en ?thiopie
Un communiqué de la Salle de Presse du Saint-Siège publié ce vendredi 27 novembre en fin de journée fait savoir que le Saint-Père suit les nouvelles en provenance d'Éthiopie, où un affrontement militaire se déroule depuis quelques semaines, affectant la région du Tigré et ses environs. La violence a fait des centaines de morts parmi les civils et des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons au Soudan.
Lors de l'Angélus du 8 novembre dernier, le Pape François, se référant au conflit en cours en Éthiopie, avait déclaré: «Alors que j'exhorte à rejeter la tentation du conflit armé, j'invite tout le monde à la prière et au respect fraternel, au dialogue et à la résolution pacifique des désaccords».
Les affrontements, qui s'intensifient de jour en jour, provoquent déjà une grave situation humanitaire. Le Saint-Père, en appelant à la prière pour ce pays, demande aux parties au conflit de mettre fin à la violence, de sauvegarder la vie, en particulier celle des civils, et de rétablir la paix pour la population, indique encore le communiqué.
Un contexte de guerre qui brise un élan réformiste
Cet appel s¡¯inscrit donc dans le contexte de la guerre en cours dans l¡¯État du Tigré, au nord de l¡¯Éthiopie, près de la frontière avec l¡¯Érythrée voisine. Les informations circulent difficilement, mais il semble que le gouvernement central ait lancé jeudi une offensive majeure contre cette région dissidente.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, qui bénéficiait jusqu'à présent d¡¯une image internationale favorable grâce à l¡¯accord de paix signé avec l¡¯Érythrée qui lui avait valu d¡¯être lauréat du prix Nobel de la Paix en 2019, a ordonné jeudi à l'armée de lancer la dernière phase de l'opération militaire déclenchée le 4 novembre contre le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région et dont les dirigeants sont retranchés à Mekele, une ville de 500 000 habitants désormais encerclée par les forces fédérales. Dans ce contexte, plus de 40.000 Éthiopiens se sont réfugiés au Soudan voisin pour fuir le conflit.
Fer de lance de la lutte armée contre le régime militaro-marxiste du Derg, renversé en 1991, le TPLF a ensuite contrôlé l'appareil politique et sécuritaire de l'Éthiopie durant presque 30 ans. Progressivement écarté du pouvoir à Addis Abeba par Abiy Ahmed à partir du moment où celui-ci est devenu Premier ministre en 2018, le parti continue de dominer son fief du Tigré.
Les tensions entre Abiy Ahmed et le TPLF n'ont cessé de croître, culminant en septembre avec l'organisation au Tigré d'un scrutin régional qualifié «d'illégitime» par Addis Abeba, puis avec l'attaque début novembre, selon le gouvernement, de deux bases de l'armée fédérale par les forces du TPLF, ce que dément ce dernier. De son côté, le TPLF, qui compte dans ses rangs de nombreux vétérans de la guerre de 1998-2000 entre l¡¯Éthiopie et l¡¯Érythrée, accuse l¡¯actuel gouvernement éthiopien d¡¯avoir construit une alliance contre-nature avec le régime érythréen afin de prendre le Tigré en étau.
Une tentative de médiation de l¡¯Union africaine
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a rencontré, vendredi à Addis Abeba, les envoyés spéciaux chargés par l'Union Africaine (UA) d'une médiation dans ce conflit. La délégation est formée de l'ancien président du Mozambique Joaquim Chissano, de l'ancienne présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf (elle aussi récipiendaire du prix Nobel de la Paix, comme Abiy Ahmed) et de l'ancien président sud-africain Kgalema Motlanthe, arrivés mercredi dans la capitale éthiopienne.
Le gouvernement éthiopien s'est engagé à les rencontrer «par respect» mais avait par avance décliné cette offre de médiation, comme toutes les précédentes.
(Avec agences)
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